Et pourquoi ne serait-ce pas possible ?

Et bien non. Cette fois, ce n'est pas en visionnant une vidéo TED en anglais ou bien en lisant le dernier article de Cadres et Dirigeants Magazine que j'ai pris ma dernière leçon de vie. C'est à la Halte-Garderie de mon enfant.

L'innocence a-t-elle  déjà perdue ?

C'est pourtant plein des mauvaises intentions qui font notre quotidien  de manager que j'ai déposé ma progéniture ce matin là : Faire vite, rester concentré pour le meeting de 9h00 et le contenu des premiers mails de la journée... Mais la sagesse m'a ramené fort heureusement à l'essentiel (Mes gros cailloux) et j'ai entrepris de m'arrêter quelques minutes pour discuter avec les enfants.

Deux d'entres-eux, qui jouissent sans doute du statut de "Grands du CM2"  jouent aux voitures de course, les faisant rouler méthodiquement sur un immense tapis vert simulant un réseau routier. Un troisième, visiblement plus jeune, boude dans un coin tenant une belle Ferrari rouge dans une main et un petit personnage féminin dans l'autre.  

Surpris de cette mise au ban, j'interroge avec intérêt : "Pourquoi vous ne jouez pas avec lui, les garçons?".  Les deux bambins jettent un regard en coin sur le 3ème et me font comprendre dans leur langage simple que ce dernier arbore un comportement totalement irrationnel dans la mesure où : "Il souhaite que sa Ferrari parle". Je feins la surprise et l'offense en souriant  "Effectivement une Ferrari qui parle, c'est inacceptable... ". Oui  -Ajoute le second- qui prend évidemment ma réaction au premier degré "Et en plus il veut que la  fille soit amoureuse de la voiture ! "

A cet instant, je ne sais pas si je dois sourire ou m'attrister. Ces deux là, sont-ils  déjà happés par le conformisme des opinions et  l'injonction de rationalité  ? Si à dix ans, les véhicules n'ont pas le droit de parler et les princesses ne peuvent pas s'encanailler d'une Ferrari, que restera-t-il comme pouvoir de rêver à nos entreprises ?

La lueur d'espoir

Je jette un regard inquisiteur autour de moi. Miracle, sur la gauche deux petites filles brunes s'affairent autour d 'une ferme en bois. Dans l'enclos, 2 cochons et une plantureuse vache normande en plastique côtoient un tyrannosaure-rex géant. Cela ne pose aucun problème. D'autant que trois soldats en treillis militaires montent la garde à coté d'un raton laveur Petshop.

A droite, un petit rouquin, l'air malin, a patiemment installé un Playmobil  en casque et armure de chevalier (Disons milieu du 11 ème  siècle) dans un hélicoptère jaune des services de secours. A coté de lui un pingouin en plastique tiré d'un jouet Kinder assure le co-pilotage. Mais oui, tout le monde connaît l'aptitude du pingouin au pilotage d'hélicoptère. Rien d'anormal.

PAUL L. Harris nous l'a pourtant écrit : Laissons nos  enfants rêvez... Mais qui a dit qu'il fallait s'arrêter ensuite !

 Retrouvez le goût de l'impossible

A quel moment de notre existence avons-nous arrêté de rêver et d'imaginer ?

A quel moment, la peur de l'isolement social et le besoin de consensus ont-ils  mis un frein à notre imaginaire et la force de notre créativité ? 

Oui ! L'automobile pourra bientôt communiquer et cela sans même un chauffeur. Elle parlera sans doute au piéton qui traverse devant-elle nous dit le projet Google car. Béni, le jeune ingénieur  créatif et sans complexe qui a eu  le premier l'idée que cela deviendrait possible.  

Quant au T-REX dans votre jardin, certes ce n'est pas pour demain mais  les progrès de la biotechnologie nous rapprochent chaque jour d'une expérience à la "Jurassic Park". 

Dis Papa :  "Si on remplaçait la force des chevaux par une force automotrice à vapeur ?" aurait pu suggérer le petit Joseph Cugnot il y a environ deux cent-cinquante ans avant que son père s'esclaffe de rire et renvoie le futur inventeur de notre automobile dans sa chambre.

L'avion, le cinéma parlant, la voiture en auto-partage.. Les inventions de demain, les modèles managériaux disruptifs naissent, grandissent de ces hommes et de ces femmes qui n'abandonnent rien de leurs rêves et de leurs créativités. Ceux qui tirent leurs forces, leurs volontés et leurs convictions en proportion des "ça n'est pas possible " et des "ça marchera jamais" que notre société fabriquent à la pelle.  

Finalement, j'ai quitté la halte-garderie plein d'enthousiasme. J'ai eu à nouveau envie de me remettre du bon coté du chemin et j'ai rejoint ma voiture en me demandant avec humilité quelle idée incongrue je pourrais bien mettre au service de ma société...

Et puis j'ai changé d'avis. Je me suis dirigé vers le Centre de Téléportation installé à coté de la Poste. Certes, c'est encore un peu cher et on n'est encore un peu nauséeux à la sortie mais cela reste vraiment pratique pour aller rapidement au bureau.

Quoi ? Quelqu'un a dit que ce n'est pas possible ?