Et si c’était le moment de réinventer le triathlon ?

Après 32 ans passés dans ce milieu, je n’avais jamais vécu une saison blanche. Une saison sans courses ou presque et qui met en quelques mois tout un sport en péril.

Le triathlon a connu de nombreuses évolutions. Les distances, les formats de courses, les règles, beaucoup de choses ont évolué depuis son évènement olympique il y a 20 ans à Sydney. Les instances ont su développer ce sport, notamment en France avec une fédération qui revendique aujourd’hui, plus de 110 000 pratiquants, 58000 licenciés, 934 clubs ou encore 3200 épreuves.

En parallèle, Ironman a connu une croissance inédite dans un sport de masse et est devenue ces dernières années la machine que l’on connaît tous. Wanda, plombée par les dettes qui souhaitaient vendre la marque 1 milliard de dollars pour finalement la céder en mars à 730 millions de dollars. Au vu de la situation actuelle la société chinoise s’en tire finalement par chance ou opportunisme à bon compte….

Le succès du développement de ce sport mais également la force de ce label, mondialement connu, draine derrière lui une véritable économie dans laquelle de nombreuses sociétés comme la mienne, ont créé un marché directement tributaire de l’existence des épreuves Ironman.  Marques de matériels spécifiques, coaching, voyagistes, organisateurs de stages, services annexes ect …. Enfin, l’impact économique sur une région accueillant un triathlon d’envergure international est également fort. Une étude récente a estimé les retombées économique du 70.3 Ironman de Nice à 22,5 millions d’euros (25 millions USD) pour la ville et la région hôte.

La pandémie a mis un coup d’arrêt au développement de nombreuses sociétés et épreuves dans le monde du triathlon. Les grosses organisations ont perdu leurs capacités à s’adapter rapidement et les courses véritables moteurs du développement de notre sport ont été en très large majorité annulées ou le seront. Je me souviens d’une discussion intéressante avec le Président de la Fédération Française de Triathlon toujours en place, Monsieur Lescure en 2008 à Belfort. Ce dernier estimait, que le développement de notre sport passe par une croissance du nombre des clubs, pour ma part je l’avais sensibilisé sur l’importance d’avoir de grandes épreuves, véritables vitrines pour séduire de nouveaux pratiquants. Nous avions tous les deux raisons. Aujourd’hui, les épreuves sont en stand-by et les clubs cherchent à maintenir comme ils le peuvent une certaine motivation auprès de leurs licenciés.

Finalement, n’est-il pas temps de se réinventer ? Personne ne sait aujourd’hui combien de temps la situation actuelle perdurera. Une chose est sure, elle fait des dégâts et en fera encore. Plusieurs pistes s’offrent à nous et peut être que cette période va ouvrir d’autres perspectives. Super League Triathlon (SLT) a bousculé depuis deux ans le monde si normalisé de notre sport en proposant des formats inédits, des courses inversées ou composées de plusieurs séries d’enchainements courts très télévisuels. La semaine dernière SLT a mis sur pied le 1er triathlon indoor avec une natation en piscine, un parcours vélo sur home trainer connecté et pour finir une partie course à pied sur tapis connecté, mélangeant réel et virtuel à la perfection et proposant un spectacle inédit. SLT a su réagir rapidement et cela doit tous nous inspirer. Le triathlon comme nous le connaissions jusque-là va peut-être disparaître. Des solutions existent, un triathlon, même distance Ironman en contre la montre, une épreuve sur deux jours, une course en autonomie ou/et plus ‘’vertes’’ qui s’adapte à l’environnement ou encore la mise sur pied d’une épreuve grâce aux technologies existantes sur une période plus ou moins longue (Strava par exemple) …. Un défi intéressant et motivant qui peut permettre au triathlon de toujours rester l’un des sports phares dans le domaine de l’innovation.

Guy Hemmerlin Endurance Training Concept

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