Et si la gare était à l’aube d’une révolution ?

Et si la gare était à l’aube d’une révolution ?

Pourquoi écrire un livre sur les gares aujourd’hui ? La raison première est personnelle : après trois années passées au sein de SNCF Gares & Connexions, l’heure m’a semblé au bilan. Lorsque j’ai pris cette Direction, je me suis interrogé avec mon équipe sur ce qu’on pouvait apprendre de l’histoire des gares mais également sur leur devenir potentiel. De fait, très tôt, il nous est apparu que nous ne pouvions plus les considérer comme de simples lieux de transit de voyageurs, comme ce fut le cas depuis plus d’un siècle. Restreindre son usage à de simples espaces commerciaux serait à notre sens également une erreur. Après 3 ans, j’ai acquis l’intime conviction que les gares sont devenus des espaces multi-fonctionnels et centraux pour la ville et pour les territoires pour 3 raisons.

Des gares pour renouveler le planning urbain.

Longtemps, on a conçu la ville en fonction des usages automobiles. Longtemps, on a conçu la gare autour du train. Cela ne vaut plus aujourd’hui : pour en finir avec la congestion et réduire les pollutions, la gare s’impose comme un hub agrégeant tous les types de mobilités : vélos, voitures partagées, transports en communs, …et même trottinettes ! Par extension, les gares, lieux de convergence des flux, ne créent plus de nouvelles villes mais façonnent des quartiers entiers : mêlant autour d’elles habitat, bureaux, services, commerces, lieux de loisirs et de cultures, espaces verts, les gares sont désormais les pivots de nouveaux centres urbains. C’est par exemple le cas dans une ville comme Bordeaux avec Euratlantique ou des quartiers qui sont en train de voir le jour autour d’Austerlitz à Paris, de la gare de Nice ou de Cagnes sur Mer.

Des leviers économiques.

Entre 1990 et 2010, plus de 130 projets de rénovations ou constructions de gares ont été lancés. C’est un fait qu’on ignore souvent et pourtant, il est fondamental : ces investissements induisent des externalités positives. C’est l’effet multiplicateur des gares qui boostent l’activité locale. En effet, chaque euro investi dans une gare induit 4 euros d’externalités positives pour les quartiers environnants. Ce qui se traduit concrètement par une croissance du parc immobilier et commercial, des services publics telles des écoles, et des emplois. Ainsi, le quartier d’Euralille, autour de la gare de Lille Flandres, a vu croître son parc immobilier de 32,5% entre 2005 et 2015. La rénovation de la gare de Besançon-Viotte entre 2013 et 2015 pour un montant de 30 millions d’euros a permis 35 millions d’euros d’investissements dans le quartier environnant. Sans parler de la création d’emplois induite : en 2016, les gares ont généré 39 300 emplois directs ou indirects.

Des lieux de vie.

Les gares remplissent enfin un besoin convivial. Elles deviennent depuis quelques années de véritables lieux de vie – et plus seulement de passage – où chacun peut venir travailler, consommer des biens, services ou loisirs, échanger et se rencontrer. En effet, le hub s’est donné pour mission de répondre aux évolutions de la société : entre autres, la croissance du besoin d’espaces de travail pour des travailleurs de moins en moins attachés à des bureaux fixes, de lieux de consommation ou de points de collecte pour des urbains sur leurs trajets pendulaires. Elle s’est également attachée à devenir un vecteur de diffusion culturelle, en exposant des artistes, en stimulant la création de chacun, avec les pianos en gares, en se proposant comme relais pour des festivals ou des musées. Lieu de vie, de travail ou de culture, elle est en passe de devenir une nouvelle agora.

Pour résumer, la gare de demain deviendra à mon sens un hub urbain radicalement différent de ce qu’il a été par le passé. Je la vois même jouer le rôle de centre urbain à part entière, autour duquel s’organisera la vie des citadins. Son architecture sera de plus en plus ouverte sur son environnement immédiat. Les limites entre la ville et la gare s’effaceront progressivement afin de renouveler le schéma urbain. Comme je l’ai déjà dit, dans un article précédent : la ville a tout à gagner à se construire autour des hubs. C’est un gain en terme de confort, d’écologie, de qualité de vie. La gare peut même devenir un modèle pour l’espace public urbain de demain : une idée nouvelle de la cité qui combine mobilité physique et digitale, efficacité et qualité de vie. C’est du moins ce que j’ai essayé de démontrer dans « Citybooster » ; j’en attends votre retour.

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David FENOUIL

Responsable de projet méthode chez SNCF

7 ans

Tout est dis, si ce n'est que c est aussi un espace intergenerationnel, qui s'inscrit dans la durée, et qui développe les contacts, les partages ...et les émotions.

Frédérique COSMES

✨Conseil de Directions : gagnez en performance au sein de votre organisation✨Coach de Dirigeants : je vous initie à devenir un manager-leader inspirant ✨

7 ans

Bonjour Patrick, Je partage complètement votre point de vue et vous remercie de ce bel article. En effet les gares sont de véritables centres de vie urbains, des lieux de partage où il y a encore beaucoup à inventer, notamment avec la transition numérique qui commence à peine à pointer son nez dans ces espaces à faire vivre et évoluer. Merci et Bravo pour cette évolution.

Nathalie Bardin

Directrice Executive Marketing stratégique, RSE et Innovation, membre du Comité Executif d’ALTAREA chez ALTAREA

7 ans

Très bel article et livre tout à fait intéressant, bravo! Nous qui travaillons aux côtés de Gares & Connexions voyons bien les gares devenir de nouveaux centres urbains, des hubs du quotidien où toutes les mixités se rencontrent.

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