Et si notre capacité d'émerveillement sauvait le monde ?

C'est la rentrée. Les vacances sont finies, les valises sont rangées et les passeports sommeillent désormais au fond d'un tiroir. Pour autant, faut-il attendre le prochain départ pour stimuler notre capacité d'émerveillement ? Et si notre capacité à nous émerveiller de ce qui nous entoure au quotidien, et non plus seulement de ce qui nous est lointain, sauvait le monde ? Je m'explique.

Lorsqu'on voyage, et qui plus est à l'autre bout du monde, notre capacité d'émerveillement est au maximum. C'est bien connu, l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Et quand bien même elle serait aussi verte, notre état d'esprit, lui, est d'humeur à se laisser surprendre. C’est beaucoup moins vrai lorsqu’il se laisse rattraper par la routine. Pourtant, c’est bien là que se cache un gisement inépuisable de nouveautés.

Alors que le sujet des impacts du tourisme sur l'environnement porte le plus souvent sur les limitations qu'il faudrait que nous nous imposions, il est rarement question d'ouvrir de nouveaux horizons, et encore moins quand ces horizons se trouvent au bout de la rue ou au bout de la ligne de RER. Et pourtant ! Si nous apprenions à nous évader plus souvent sans nécessairement partir loin, alors peut-être que notre pratique du tourisme s'en trouverait modifiée (et que ce faisant, nous diminuerions son impact sans avoir l'impression de n'avoir à consentir que des sacrifices). 

Microaventures, microfugues...

Depuis 10 ans maintenant, c'est l'histoire dans laquelle nous avons souhaité nous engager avec Enlarge your Paris, média indépendant qui a fait du tourisme de proximité sa manière d'aborder la construction du Grand Paris.

Une démarche qui rejoint les "microaventures" chères à l'aventurier anglais Alastair Humphreys ou bien les "microfugues" du sociologue Remy Oudghiri qu'il décrit dans son livre "L'Echappée belle, l'art de s'évader un peu chaque jour".

Un livre dans lequel il cite ce conseil de l'écrivain Franz Hessel qui raconte dans ses "Flâneries parisiennes" qu'il s'arrête toujours quelques stations de métro avant sa destination pour marcher et découvrir des choses nouvelles. Pour Rémy Oudghiri, s'arrêter plus tôt que prévu constitue "une façon simple mais efficace de recréer de l'imprévu dans nos vies".

Un pas de côté pour rompre avec l'habitude

Le philosophe Charles Pépin, dans son livre "La rencontre, une philosophie", nous invite quant à lui à “rompre avec les habitudes qui nous engourdissent”, car "répéter quotidiennement les mêmes sorties, aux mêmes heures, sans être présent à soi ni au monde ne nous met pas dans la même disposition qu’une expédition nouvelle, l’esprit en alerte". "Provoquer la chance commence parfois par un pas de côté, une dérogation même minime à l’habitude", nous suggère-t-il.  

Alors, notre capacité d'émerveillement sauvera-t-elle le monde en donnant du crédit à ce qui est proche et plus seulement à ce qui nous est lointain ? Le collectif Itinéraire Bis , lancé au printemps dernier pour renouveler l'imaginaire des voyages, y croit, et c'est pourquoi Enlarge your Paris a choisi d'en faire partie. A suivre de près...