Et si nous apprenions les uns des autres ?

Pratiqué dès le XIXe siècle, l’apprentissage entre pairs mériterait de se refaire une place sur les bancs de l’école et au sein des entreprises.

Que faire pour apprendre aujourd’hui ? Chercher sur Wikipedia, regarder une vidéo postée par un amateur sur Youtube, naviguer sur des forums pour collecter des retours d’expérience, suivre un Mooc (massive open online course), poser une question sur la plateforme de questions-réponses Quora… A tout moment, dès que vous en avez besoin, il est possible d’apprendre de tous et par tous. L’apprentissage est autonome, participatif, instantané, personnalisé.

A l’inverse, dans nos organisations humaines, (grandes) écoles et entreprises, nous sommes confrontés à des manières d’apprendre plus rigides. Pour être reconnu, l’apprentissage doit être délivré par des organismes conventionnés et des individus habilités. Le curriculum (projet, dispositif éducatif d’une école, NDLR) est actualisé, au mieux, une fois tous les deux ans – une période qui laisse le temps à tout un secteur de se transformer. Sans compter qu’il n’est pas adapté aux ambitions personnelles de chacun. Dans certaines grandes entreprises, il faut attendre plus de 18 mois pour obtenir une formation. Dans d’autres, les collaborateurs ne sont pas informés à propos de l’offre de formation, et le format deux jours hors du lieu de travail ne leur convient pas. Enfin, les formations ne réussissent pas toujours à transformer les comportements sur le long terme.

Dans un monde et une société en mutation, les entreprises sont en pleine transformation organisationnelle et managériale. Et si l’apprentissage entre pairs apportait la solution ? Si l’apprentissage entre pairs s’est démocratisé grâce à Internet, il est le fondement de l’enseignement mutuel, pratiqué dans les années 1800. Une pédagogie redoutable d’efficacité.

L’enseignement mutuel : les débuts de la transmission entre pairs

Au XIXe siècle, les méthodes de l’apprentissage mutuel, inspirées des méthodes indiennes, se répandent en Europe parce qu’elles permettent de former en masse. Un seul maître est nécessaire pour faire fonctionner une école jusqu’aux limites de la capacité d’accueil du bâtiment (jusqu’à plus de 300 élèves). La transmission est assurée par des moniteurs, qui sont des élèves ayant déjà intégré les notions. Les groupes se réunissent en cercle, en différentes sections dans un même espace, et apprennent debout et actifs, en mouvement.

Les groupes apprennent à lire et à écrire en deux ans, au lieu des cinq ou six ans requis dans l’enseignement reposant sur la méthode dite simultanée (du maître aux élèves) en usage jusqu’alors. Une nouvelle technique d’enseignement mutuel se déploie en Allemagne dans les années 1980. Cette méthode, développée par le professeur de français Jean-Pol Martin et baptisée Lernen durch Lehren (LdL), consiste à permettre aux étudiants d’apprendre en enseignant. Le chercheur s’appuie sur ses 35 ans de pratique et de théorie des neurosciences : il tente en effet d’appliquer le modèle du cerveau – en particulier le fonctionnement des réseaux de neurones – à la structure du cours (lire aussi la chronique : « Neurocoaching : les secrets du cerveau bientôt au service des entreprises ? »). Depuis, cette méthode se déploie en Allemagne dans toutes les matières et à tous les niveaux d’enseignement, de l’école à l’université en passant par l’entreprise.

Abdallah Jaouadi, PMP

Project Manager at Government of Canada

7 ans

la méthode d'enseignement classique ,dite simultanée dans votre article, fait perdre à la société un temps précieux et des sommes d'argent colossales alors qu'il y a des méthodes plus efficace et moins couteuse comme vous venez de le souligner. Le modèle de socialisation scolaire apparu en Europe au XVIII siècle était une révolution avec l'apparition de l'école, une socialisation basée sur la relation pédagogique entre maître et élève pour la transmission des savoirs mais il est problématique de suivre encore ce modèle de nos jours dans un monde avec des besoins et des attentes radicalement différentes.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Jocelyn Wiotti

Explorer les sujets