Et si on se décidait enfin à comprendre notre cerveau ?

Marcel Proust a eu cette géniale intuition… près de 100 ans avant que l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf) ne la confirme ! Les faits et les croyances sont effectivement deux mondes distincts au niveau cérébral où ils empruntent des circuits neuronaux différents.

Notre cerveau reconstruit la réalité en permanence, selon toute une foule de processus neurobiologiques complexes. Il s’agit in fine d’une réalité fictionnelle en constante évolution. 

Nos croyances les plus ancrées en nous sont la résultante d’interactions inconscientes complexes entre nos prédispositions génétiques, notre environnement, nos expériences, notre mode de vie, nos circuits cérébraux, notre système hormonal… Elles sont forgées par notre mode mental automatique qui a une énorme qualité et un terrible défaut :

-       Sa qualité est la vitesse, ce qui nous permet d’économiser notre énergie cérébrale consciente qui est limitée par nature. C’est infiniment précieux ! Sans ce mode automatique inconscient, nous serions, selon l’expression du célèbre neurologue JM Charcot, « condamnés au mouvement volontaire à perpétuité » ! Autrement dit un enfer sur terre qui nous laisserait KO dès les premières heures de la journée !

-       Son défaut est son manque de fiabilité. Le mode mental automatique va vite, trop vite souvent, et il est bourré de biais cognitifs, ces modes de pensée inconscients qui s’écartent de la pensée logique et rationnelle.

L’un de ces biais cognitifs est justement le redoutable « effet boomerang » : plus vous allez essayer de convaincre votre interlocuteur de son erreur et de la pertinence de votre point de vue avec des arguments rationnels, et plus vous allez prendrez le risque de renforcer chez lui ses propres croyances limitantes initiales. Non seulement vous ne réglerez rien, mais vous agrandirez au contraire le fossé d’incompréhension entre vous.

On le voit tous les jours en politique, notamment chez les mouvements populistes agitant leur théorie du complot semblant usée jusqu’à la corde mais qui continue contre toute logique apparente à recueillir un certain écho. Et pour cause ! On s'adresse alors aux émotions (négatives) et non à la raison, ce ne sont pas les mêmes circuits cérébraux ! On le voit aussi plus prosaïquement dans nos vies de tous les jours, étant perpétuellement écartelés entre ces deux modes mentaux, notre conscient adaptatif qui va essayer bon gré mal gré de comprendre, et notre inconscient automatique qui va trancher et parer au plus pressé « à l’insu de notre plein gré ».

La seule façon de sortir de cet état de tension intérieure (qui nous pousse trop souvent à reproduire les mêmes erreurs) est d’aller vers la connaissance en apprenant le fonctionnement de notre cerveau. Une démarche ludique et formidablement utile !

Il est essentiel d’apprendre ces notions essentielles du fonctionnement cérébral dès les premières classes à l’école, de sorte qu’elles puissent nous accompagner tout au long de notre vie pour notre plus grand bonheur, tant individuellement que collectivement.

Un projet sociétal enthousiasmant et visionnaire que de mieux connaitre et utiliser son cerveau... et sans nul doute la réponse la plus adaptée à l’arrivée spectaculaire dans nos vies de l’intelligence artificielle et de ce risque de surcharge mentale qui nous guette tous. On commence quand ?             

Amitiés

Erwan