Etats-Unis 0 / Chine 1
La Chine est sur le point de remporter la première manche de la guerre commerciale qui l’oppose aux Etats-Unis. Les dernières statistiques sont effectivement choquantes pour l’exécutif US puisque le déficit commercial avec la Chine est à son plus haut niveau historique. Ces chiffres – qui dévoilent un excédent chinois de plus de 37 milliards de dollars sur le seul mois de septembre, soit une hausse de 4.3% par rapport au mois dernier – sont le meilleur signe de l’auto-goal américain, autrement dit de cette guerre qui se retourne désormais contre ses initiateurs. N’est-il pas cocasse que cette logorrhée verbale Trumpienne semble aboutir à des conséquences diamétralement inverses, à savoir en une intensification des exportations chinoises vers les USA, tandis que les importations chinoises - de soja par exemple - en provenance des Etats-Unis se sont littéralement effondrées ?
Cette confrontation déclenchée en début d’année par le tweet simpliste du Président américain - «Les guerres commerciales sont faciles à gagner» (Trade wars are easy to win) – démontre donc que la réalité est souvent fort éloignée des élucubrations théoriques qui avaient persuadé l’équipe Trump que ce conflit permettrait aux entreprises américaines de produire plus nationalement, autorisant ainsi une réduction du déficit commercial US. Le renchérissement des importations américaines en provenance de Chine n’a donc pas découragé les consommateurs américains puisque leur déficit sur les 9 premiers mois de cette année vis-à-vis de la Chine se creuse de 306 milliards de dollars par rapport à 277 milliards sur les 9 premiers mois de 2017 ! L’excellente forme de l’économie américaine y est certainement pour beaucoup car – après tout – la meilleure manière de réduire un déficit commercial est encore de provoquer une récession… Par ailleurs, la logique macroéconomique exigerait de ne pas faire de fixation sur un excédent (ou sur un déficit) bilatéral dans un monde globalisé et dans un contexte multilatéral.
Toujours est-il que la raison principale – selon mon analyse – de cette victoire chinoise annoncée, au moins dans ce premier round de cette guerre commerciale, se situe au niveau même de la gouvernance des entreprises et de la politique économique de chacun de ces deux pays. Trump ne peut en effet dissuader Home Depot ou Walmart (par exemple) d’importer chinois, tandis que les entreprises chinoises sont contraintes de se prescrire au directives de Pékin ! Les importations américaines en provenance de Chine sont donc appelées à se maintenir – voire à s’accélérer du fait de la croissance US – alors que la politique du gouvernement chinois et ses mesures de rétorsion en réaction à l’augmentation des droits de douane américains s’appliquent immédiatement et systématiquement à l’ensemble de ses intervenants. Autrement dit, les entreprises chinoises se tournent vers des partenaires étrangers de substitution quand leurs consœurs américaines maintiennent le statut quo.
N’en déplaise donc à Donald Trump, il est quasiment impossible de prévoir les conséquences des guerres commerciales qui ne sont «faciles à gagner» que sur papier.
Managing Partner/Producer at Masterpeace Films / PaulRuffman.com
6 ansTotally stupid.
Private Equity & Advisory Services
6 ansWhy even post something like this? There is so much wrong with the world and its garbage like this that wastes people's time.
Senior Consultant & Advisor Investment & Markets
6 ansLa première manche est en effet pour le moment chinoise. Cependant il me semble qu'il est un peu tôt pour donner l'issue définitive de cette guerre commerciale. Trump a déjà souvent déjoué les pronostics et il est vraisemblable qu'il a en tête une stratégie à plusieurs options avec la Chine même s'il donne parfois l'apparence (trompeuse) de ne pas en avoir. La deuxième salve de droits de douane est prévue début janvier prochain. Le prochain G20 fin novembre en Argentine est très attendu de ce point de vue. Trump veut renégocier des avantages acquis par la Chine depuis 30 ans dont certains paraissent aujourd'hui anachroniques ou incompréhensibles.