Etes-vous prêt pour l’économie de la compétence ?
Cet article est le premier d’une série consacrée à ce que j’appelle l’économie de la compétence, soit le pilotage de nos activités et surtout du capital humain par les compétences plutôt que par les métiers. Aujourd’hui, nous allons commencer par un premier diagnostic avant d’ouvrir sur ce que nous promet l’intelligence artificielle. Et oui, rien que ça.
De nouveaux modèles 100% techno-driven
Notre monde a changé. Sous l’impulsion du digital et des nouvelles technologies, de nouveaux modèles sont apparus :
- animés par l’onde de choc des innovations de rupture qui créent, transforment et/ou détruisent marchés et business models (la fameuse ubérisation)
- accélérés par le software qui dope le passage à l’échelle et déporte l’intelligence dans le cloud et les algorithmes (Je suis Logiciel)
- structurés par les plateformes et la data qui suscitent de nouvelles formes de relations, transactions et services (Data Lake City)
- peuplés d’objets, bâtiments, quartiers et villes connectés qui changent notre rapport à l’information et à nos écosystèmes (OK miroir, suis-je le plus beau ?)
Une époque tout aussi fragmentée qu’hyper-connectée
Ces modèles ont forgé un environnement que d’aucuns qualifient de VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity et Ambiguity), acronyme né dans les années 80 mais qui colle plutôt bien aux transformations du moment. Dans le même temps et pour les mêmes raisons, notre époque est en effet devenue :
- hyper-sociale et connectée #MonSelfieSurInsta
- rythmée par l’exigence du temps réel et de l’ubiquité #TrendingTopicSurTwitter
- portée par des organisations ouvertes et liquides #GlocalMarketingGuruDeLinkedIn
- agitée par des modes de fonctionnement mi fragmentés mi intégrés #AdopteUnCoachAgile.com
Le logiciel des entreprises mis à mal
Conséquence ? Le logiciel des entreprises est challengé : gouvernance, organisation du travail, outils (…) sont mis à rude épreuve. Les organisations doivent s’adapter : d’une approche centrée sur les process vers une approche « people first ». Les pratiques managériales sont à réinventer : culture et mindset digital, écosystèmes collaboratifs, intelligence collective, innovation ouverte, agilité à tous les étages… Finalement, c’est toute l’entreprise qui doit se remettre en cause.
Une transformation sans précédent
Sur le plan individuel, la transformation est également sans précédent. Apprentissage, attention, langage, mémoire, prise de décision, raisonnement,… La plupart de nos capacités cognitives sont désormais externalisées dans le cloud, la puissance de calcul, les objets connectés et plus largement dans l’intelligence ambiante. Faute de de distinguer et/ou de s’adapter, les individus sont promis à la même obsolescence programmée que nos appareils électro-ménagers (enfin pas tout à fait, c’est une image).
OK Google, rend moi compétent s’il te plait
D’autant que sous sa forme la plus aboutie, l’intelligence artificielle ne promet plus seulement :
- d’automatiser les tâches à faible valeur ajoutée
- de nous aider à exécuter des actions plus efficacement
- de nous aider à prendre de meilleures décisions.
Non, ce qu’elle nous promet, c’est tout simplement de nous remplacer. Là, vous vous dites « il exagère ». Ce à quoi je réponds : « un peu oui, c’est vrai, mais finalement pas tant que ça ». Et puis surtout, c’est pour la bonne cause.
Prenons l’exemple de l’automobile. Au commencement était la boite automatique, système capable d’automatiser une tâche obligatoire et plutôt pénible. Le fonctionnement est sommaire : j’accélère, le système passe le rapport supérieur. Je ralentis, il passe le rapport inférieur. Puis sont venus les systèmes de conduite assistée, un peu plus sophistiqués, en mesure de nous signaler un franchissement de ligne blanche ou de freiner plus fort en cas d’accident. Sont également arrivés les systèmes capables de nous fournir des informations pour faire de nous de meilleurs conducteurs : circulation alentour, présence d’obstacles sur la route, etc. Notez au passage l’évolution.
L’avènement des organisations apprenantes
Notez surtout la capacité qu’ont désormais certaines voitures à conduire de manière autonome. Soit à manier des connaissances (code de la route, mécanique, etc.) et des compétences (observer l’environnement, freiner au bon moment, etc.), ce qui est peu ou prou le propre de l’homme. Notez enfin qu’une IA développée par une start-up anglaise a appris à conduire en 20 minutes… Bien sûr, tout n’est pas parfait ni sans risque. C’est néanmoins déjà là.
Bref, vous l’avez compris, les évolutions techniques et l’intelligence artificielle en particulier sont en train de nous ringardiser dans ce que nous avons de plus spécifique, à savoir les compétences. Le risque est celui de notre obsolescence. La parade consiste à s’adapter :
- en adoptant dès maintenant une posture et des organisations apprenantes
- en quittant dès à présent le pilotage du capital humain par les métiers pour lui préférer un pilotage 100% compétences
C’est ce que nous verrons dans mon prochain article :)