Everything Everywhere All At Once
Des personnages agités, des images kitsch et foisonnantes... Je craignais un embarquement vers le grand n'importe quoi. On tenterait encore une fois de tromper le public en lui imposant une sorte de divertissement incompréhensible mais visuellement amusant. Rien de tout cela en réalité. Car les auteurs sont des gros malins et des gros bosseurs. Un humour iconoclaste préside à leur écriture, soucieuse d'humanité (Michelle Yeoh formidable dans une composition à multiples facettes), mais aussi de dérision. Le personnage de l'agent des impôts interprété par Jamie Lee Curtis est à la fois « facile » (ou évident) en tant qu'archétype du dégoût qu'inspire une administration froide et hostile, et un catalyseur délirant et extrêmement drôle de l'intrigue. Le choix de l'actrice n'est bien sûr pas indifférent, surtout pour ceux d'entre nous qui l'avons vue dans ses « grands rôles ». EEAAO est un film cinéphile qui rend hommage à la carrière d'acteurs désormais « seniors » mais ô combien adorés par le public. Leur adversaire est évidemment la jeunesse, disruptive, irrespectueuse et cataclysmique. Une scène en particulier m'a provoqué un fou rire irrépressible de plusieurs minutes : je remercie les Daniels pour leur audace et leur fantaisie. Un vrai régal cinématographique à voir en salle.