Exit Xavier Dolan, vive l'IA !
Dans mon dernier billet j'évoquais à la fois la schizophrénie numérique et le burnout numérique en parlant de ces influenceur à qui les algorithmes court-circuitaient sans gêne l'espace temps de la réflexion et les maintenaient dans un état de travail forcé à produire toujours un peu plus de leur contenu dans un espoir de viralité dont les clés d'activation restent bien obscures.
Puis il y a eu l'épisode Xavier Dolan. Ce génie créatif - n'ayons pas peur des mots - qui fait la fierté des québécois de partout dans le monde. Artiste accompli. Artiste boulimique de créations. Artiste aimé et respecté. Mais aussi artiste fatigué. Artiste qui veut prendre une pause. Dans un court laps de temps, nous l'avons même cru dépressif. Dans ce même court laps de temps, j'ai adoré la réflexion qu'a fait dans LinkedIn, mon amie Elizabeth Starenkyj, associée principale et co-présidente à la Tête Chercheuse. Avec son autorisation, je reprend ici l'intégralité de son post, qu'elle a publié juste après la sotie du 1er article de La Presse comme quoi "Xavier Dolan (mettait) fin à sa carrière de réalisateur". Voici donc ce qu'elle a écrit :
La lecture de cet article me fait réfléchir. Les artistes ont toujours été le miroir des ressentis profonds, des malaises non avoués, des désespoirs brûlants mais aussi des espoirs qui propulsent par en avant. Alors si ceux-là même qui doivent avoir l'énergie et l'ambition pour inspirer le futur s'avouent épuisés, où allons-nous? L'AI va-t-il remplacer l'humain parce que ce dernier est épuisé?
Il n'en fallait pas plus pour que je me dise "et si effectivement l'IA pouvait servir de béquille à l'humain?". Hmmm. Peut-être même sert-elle déjà de béquille après tout. Quand on voit l'adhésion fulgurante à ChatGPT, on est en droit de se poser la question. Peut-être sommes-nous déjà tous trop fatigués pour avancer au rythme que l'économie numérique nous impose. Et parce qu'elle nous épuise, cette dernière nous offre aussi la solution à notre problème. Pratique. Bien pensé par ces géants du numérique. On créé un phénomène de société, la captologie, on vous épuise psychologiquement avec ça, puis on vous offre le remède par la suite grâce à l'IA pour vous faciliter la vie et vous permettre de libérer du temps que vous pourrez passer encore un peu plus devant vos écrans. Selon Goldman Sachs, avec l'importance de la pénétration de l'IA dans l'économie et le monde du travail, ce serait 450 millions d'emplois aux États-Unis et en Europe qui seraient mis en porte à faux ou tout le moins fragilisés. Pour McKenzie, ce serait 800 millions d'emplois perdus et 900 créés. Pour l'Université d'Oxford ce serait 45% des emplois qui seraient déplacés par l'IA. Le Word Economic Forum est quant à lui beaucoup plus raisonnable avec seulement 85 millions d'emplois affectés et 97 millions créés. Bref, personne ne peut réellement prétendre connaitre les bons chiffres, ce qui est tout à fait normal, mais tout le monde s'entend pour dire que quelque chose va se passer. Dans la série de chiffre que je viens de donner, c'est la notion de "déplacement" de l'emploi que je préfère, qui me semble le plus proche de ce qui pourrait se passer, suivie de celle de création d'emploi. Mais si je reviens à la réflexion de Elizabeth Starenkyj, nous pourrions aussi penser à la notion "d'emploi temporaire" ou "d'emploi à la demande". Il me semble que ce serait un bel équilibre dans la gestion de l'impact de l'IA dans nos jobs. Coup de blues ? L'IA me remplace temporairement. Envie de prendre des vacances ? L'IA me remplace durant cette période-là. Nos messages d'absence courriel pourraient devenir "en cas d'urgence, veuillez contacter mon double numérique à l'adresse DoubleDeMoi@IA.ca". Néanmoins, comme le dirait Gilles Babinet dans son dernier article dans Les Échos,
Recommandé par LinkedIn
La force de l'habitude ralentit considérablement la vitesse de diffusion des nouvelles technologies. Il faut parfois des dizaines d'années pour diffuser de nouveaux usages, même si les gains productifs évidents sont à portée de main.
Alors pas trop de panique à avoir, on aura le temps de gérer. Mais sachez que les gains de productivité grâce à l'IA sont tout de même estimés à 35% d'ici à 2035...
Le point d'Élizabeth Starenkyj est plausible. Remplacer par l'IA l'humain lorsqu'il est fatigué. Après tout, les IA que nous avons actuellement sont des IA étroites. Elles savent faire une chose. Piloter une voiture. Jouer au jeu de Go. Elles ont un focus sur des tâches spécifiques. Mais gare aux IA générales, celles qui auront conscience d'elle-même. Comme le dirait Asma Mahla pour le média Brut, Asma Mahla étant une autre personne qui me passionne lorsqu'elle se prononce sur l'économie numérique,
Il faut que la conversation soit aujourd'hui collective et politique, sur ce que l'on veut faire de ces technologies soit existantes, soit émergentes. Le politique ne peut pas se contenter comme unique réponse de la réglementation ou de la loi. Le sujet est beaucoup plus large, beaucoup plus civilisationnel que simplement dire "on va mettre un règlement"
Et le risque, ma chère Élizabeth, de remplacer temporairement Xavier Dolan par une IA (et oui je sais, ce n'est pas ça que tu as dit, mais je trouvais que ça s'y prêtait bien pour ma conclusion...) c'est qu'un jour celle-ci sera une IA générale. Et en ayant donc conscience d'elle-même, elle finira en grosse fatigue elle aussi. Mais alors, qui remplacera l'IA qui aura remplacé Xavier Dolan ? Ah mais oui, bien sûr : ce sera Xavier Dolan lui-même, car il aura eu le temps de se reposer. Donc finalement, l'être humain aura toujours le dessus sur tout le reste, sauf Dame nature. Hmmm. Peut-être devrions-nous donc être un peu moins à l'écoute de nous-même et un peu plus à l'écoute de la planète qui nous accueille depuis si longtemps...
Représentant en solution technologique chez Rézau
1 ansBonne chance pour vous faire payer à la place de l'IA ... La Chine vole la propriété intellectuel de multiple entreprise ! Des plans de recherche et développement de l'avenir technologique des pme. Les artistes sont mieux d'apprendre a géré leur énergie et leur santé et pas vendre leur âme au Diable ! Ce qui est certain c'es une évolution et soit on s'adapte soi on disparait.
Socio-explorateur adepte de décélération, du répit et de la nature. NUMANA ~ Macroaccélérateur écosystèmes tech pure et modèles émergents - Focus: les enjeux de santé territoriale et populationnelle
1 ansJorge Camarotti
Solving Real Business Problems with Data Science - Model Governance, Model Validation & Model Risk Specialist
1 ansSi l'IA prend le relais de l'humain lorsque celui-ci est épuisé, qui recevra la rémunération associée au travail fourni? Le créateur de l'IA ou l'humain?
Gestionnaire de projets principale multimodale soutenus par l’IA générative - Gestion du changement incluant refonte des processus et politiques corporatives centrés sur l’HUMAIN - Fluently bilingual
1 ansL'IA pour réénergiser l'humain épuisé? Pour le bienfait de nos futures générations... Car je ne crois pas que l'IA sera en mesure de bien saisir les nuances contextuelles, si importantes dans notre quotidien maintenant et pour l'avenir selon moi. Ces facteurs extrinsèques dans un monde VICA étant cruciaux dans nos réflexions et décisions tant mondaines qu'importantes.
Entrepreneure en innovation sociale et environnementale | Experte en mutualisation, circularité et économie collaborative | Acteur de Changement chez Masse Critique
1 ansAngle intéressant, merci du partage