Expédition polaire et management : les leçons d'Amundsen

Expédition polaire et management : les leçons d'Amundsen

La Maison du Management nous a proposé une conférence originale, animée par Benjamin Sylvand, qui explore quelques clés du management à travers le prisme inhabituel d’une expédition polaire. Ou comment tirer de précieux enseignements pour le management d’une équipe de l’expédition du Norvégien Roald Amundsen, le premier à atteindre le Pôle Sud le 14 décembre 1911.

Ce que l’on sait moins en effet, c’est qu’Amundsen n’était pas seul en lice sur ce projet en cette fin d’année 1911. En même temps que lui, l’Anglais Scott avait le même objectif : être le premier homme à planter le drapeau de son pays à l’emplacement du pôle géographique.

Or les deux hommes ont fait des choix radicalement différents :

-       Amundsen a constitué une équipe réduite de 9 hommes, chacun allant au bout de l’expédition, quand Scott a engagé 65 hommes, dont seulement 4 étaient destinés à aller jusqu’au pôle, les autres devant attendre dans des camps de base intermédiaires.

-       Amundsen a privilégié une logique de « clan », soudé et homogène, sur un mode « tous pour un, un pour tous ». L’organisation de Scott était beaucoup plus hiérarchisée et militaire.

-       Chez Amundsen, chacun avait son rôle (un seul médecin, un seul cuisinier…), indispensable à la réussite du groupe, incitant chacun à prendre soin des autres. Dans l’équipe Scott, les rôles étaient moins bien définis, se chevauchant parfois et générant des jalousies.

-       Amundsen était le premier à montrer l’exemple, à s’investir y compris dans les tâches plus ingrates. L’organisation de Scott prévoyait clairement des dirigeants et des exécutants.

-       Amundsen a su créer des rituels collectifs pour entretenir des liens entre ses hommes et générer des aspérités dans un environnement où les repères s’effacent (jour/nuit, distances …). Il célébrait soigneusement les anniversaires pour rompre la monotonie, avait emmené des jeux pour chasser l’ennui, avait prévu un cigare à fumer le 24 décembre… Chez Scott au contraire, l’attente et la routine ont fragilisé le collectif.

-       Scott avait fait développer des équipements spéciaux pour son expédition (vêtements, matériel…), s’appuyant sur les technologies les plus innovantes de son époque, quand Amundsen au contraire a privilégié la tradition : des fourrures, des chaussures, des skis qui équipaient les peuples habitués au froid polaire. Moins seyants mais bien mieux adaptés !

-       Dans le même registre, Amundsen n’a embarqué que 4 traîneaux mais 116 chiens pour les tirer, que l’équipage a mangés au fur et à mesure de l’expédition (double usage !). Scott avait 45 traîneaux, 3 traîneaux automobiles qui sont rapidement tombés en panne, 19 poneys Shetland certes habitués au froid écossais mais pas au froid polaire et seulement 34 chiens. Ses hommes ont perdu beaucoup d’énergie à tirer ou pousser eux-mêmes les traîneaux…

-       L’objectif affiché n’était clairement pas le même : pour Scott il s’agissait d’atteindre le pôle les premiers, ce qui n’était guère motivant pour la grande majorité de l’équipe censée s’arrêter dans les camps de base intermédiaires. Pour les 9 de l’équipe Amundsen, l’objectif était ainsi énoncé : revenir en Norvège après avoir planté notre drapeau au Pôle. Plus engageant pour chacun et permettant de motiver l’équipe jusqu’au bout.


De cette confrontation remportée par Amundsen, nous pouvons tirer quelques enseignements, non exhaustifs, pour le management d’une équipe projet :

-       Exprimer clairement et régulièrement l’objectif commun partagé

-       Le décomposer en « petits pas » intermédiaires

-       Veiller à la complémentarité de l’équipe, les compétences de chacun mais aussi leur capacité à les mettre en œuvre dans le contexte donné

-       Valoriser l’apport de chacun au projet collectif

-       Bien choisir son matériel, éprouvé dans les conditions du projet (sinon : « test & learn »)

-       L’exemplarité du chef n’est pas une option

-       Instaurer le respect mutuel et des règles et rituels de vie partagés

-       Célébrer les victoires, même modestes, pour entretenir dynamique et optimisme

-       Ne jamais abandonner : il y a toujours un autre mouvement possible.

 

Il nous reste juste à enfiler moufles et doudoune…

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