Expats français, les données clé

Expats français, les données clé

Qui sont les expats français ? Que veulent-ils ? Où vont-ils ? Quels sont les enjeux de l’expatriation pour la France ? 

Qui sont les (nouveaux) expats français et que veulent-ils ?

Selon l’Insee, 80% des Français partis à l’étranger en 2013 avaient entre 18 et 29 ans, soit des jeunes en fin d’études ou en début de carrière. Leur départ pourrait être lié à un phénomène qui marque les plus jeunes depuis plusieurs années : la globalisation des études et du marché du travail. D’après Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’OCDE, « les employeurs donnent la priorité aux candidats maîtrisant les langues étrangères et qui possèdent également une expérience à l’international ». Cette tendance acte « un changement majeur de comportements chez les jeunes générations » qui se traduit par une « nette accélération de leur mobilité ».

Les motivations individuelles à l’expatriation économique sont diverses et cumulatives : meilleures perspectives de salaires ou de conditions de travail, besoin d’enrichir son expérience par un passage à l’étranger, fiscalité attractive, plus grande responsabilité ou valorisation des compétences, environnement favorable à la création d’entreprise…

D’autres facteurs de départ mis en avant par une étude réalisée auprès des expats français par la CCI de Paris en 2014 étaient le chômage et la morosité du marché du travail en France. La structure de l’expatriation française a été durablement modifiée par les effets de la crise économique. Ainsi, cette étude note qu’environ 20% des expats français sont désormais affranchis des contrats d’expatriation et de détachement et leur préfèrent l’entrepreneuriat, contre quelques 10% 10 ans plus tôt.   

Où vont les expats français ?

Le Ministère des Affaires Etrangères, qui prend en compte uniquement les Français enregistrés dans un consulat à l’étranger – soit environ la moitié des expatriés nationaux, estimait que le nombre de Français résidant à l’étranger aurait passé la barre du 1,5 million courant 2011. Fort d’une croissance de 3 à 4% par an depuis les 10 dernières années, leur nombre s’établirait aujourd’hui aux alentours des 2 millions.

Quand bien même ils sont nombreux, les expats français ne vont dans leur majorité pas très loin. La Suisse était encore leur destination de prédilection en 2015 puisqu’elle en accueillait 176 000 – contre 142 000 pour les Etats-Unis, leur seconde destination préférée. Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne et nos voisins helvètes accueillaient ensemble plus de 600 000 Français l’année dernière. En ce qui concerne des destinations comme la Suisse ou la Belgique, celles-ci sont particulièrement prisées par les frontaliers qui constituent le gros de leurs expatriés.

Près de la moitié des expats français résident dans un pays européen, que ce soit pour des raisons de proximité, de langue, de fiscalité ou bien un des effets de cinquante ans de construction européenne. 

Emigration française, vers une fuite des cerveaux ?

On peut essayer de cerner ce phénomène tant décrié en analysant l’émigration des individus hautement qualifiés de plus de 25 ans. Comparativement au Royaume-Uni, à l’Allemagne, aux Pays-Bas, à la Suède et à l’Italie, la France affiche le plus faible taux d’émigration d’adultes hautement qualifiés. On peut donc considérer que le mouvement massif de fuite des talents tel qu’il est perçu en France est finalement bien relatif. Toutefois, l’émigration qualifiée continue à augmenter en France alors qu’elle régresse chez nos voisins depuis les dernières années. La tendance ne nous est plus si favorable.

La France voit partir parmi ses émigrés plus de jeunes en cours ou en fin de formation que ses voisins – probablement attirés par de meilleures perspectives en termes d’accès au marché du travail ou de création d’entreprise. Mais rassurez-vous, on n’en est pas encore au stade de l’hémorragie puisque les jeunes expats français reviennent généralement quand ils ont des enfants à soigner et à scolariser. 

Pour l’instant, on ne dispose que d’estimations quant au nombre exact des expats français. D’ici les élections de l’année prochaine, l’inscription en ligne sur les listes consulaires devraient être possible, ce qui affinera les données. Cité dans Le Figaro, Hervé Heyraud, fondateur du Petit Journal, estime que « connaître les expatriés permettrait de mieux répondre à leurs besoins et maintenir le lien avec eux ». A voir défiler les divers candidats à la présidentielle de 2017 à Londres, où réside une forte communauté d’expats français, on peut effectivement se dire qu’une plus grande connaissance de nos expats est devenue un pré-requis, en économie comme en politique.

 Ophélie Boucaud - Convergence 

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