Face à la cyber coercition , la réponse britannique: la National Cyber Force

Marcus est l'un des pionnier de la cyber du GCHQ. Son analyse sur la NCF (National Cyber Force) est très intéressante et instructive. ET nous devrions nous en inspirer.

"pourquoi créer la NCF: Une plus grande efficacité est l'une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni a choisi de faire cela, ayant moins de personnes et moins d'argent à consacrer au cyber que, par exemple, les États-Unis ou la Chine. Il confère au Royaume-Uni une plus grande agilité opérationnelle, lui permettant de modifier et de transporter des capacités à travers les exigences, en concentrant les compétences et les capacités techniques là où elles sont le plus nécessaires, sous l'autorisation politique et juridique appropriée. Si, par exemple, un opérateur militaire possède les meilleures compétences et capacités pour empêcher l'utilisation d'Internet comme plate-forme mondiale d'abus sexuels sur des enfants ou de fraude, c'est ainsi qu'ils peuvent - et devraient - être affectés et autorisés.

Un avantage supplémentaire est que les opérateurs militaires peuvent apprendre à s'entrainer sur de véritables cyber opérations, plutôt que de simplement s'entraîner sur des simulations en attendant de produire un vrai effet militaire cyber lorsque cela est nécessaire. À l'inverse, chaque fois qu'il y a un besoin impérieux d'effet militaire - pour soutenir les forces sur un champ de bataille, par exemple - toutes les capacités pertinentes de la NCF peuvent facilement être mises à profit. Ce point mérite d'être souligné - tout en se concentrant principalement en temps de paix sur la lutte contre des cibles non militaires, le NCF prépare également le Royaume-Uni à l'utilisation des cyber capacités dans les conflits armés."

Si les Britanniques et le GCHQ font cette analyse avec des moyens deux fois supérieurs à la France, qu'elle est la "bonne stratégie"?: celle élaborée en 2008 : la meilleure défense c'est la défense et séparer les équipes ?

La réponse de Marcus est claire : "Une intégration étroite entre la défense et l'attaque restera essentielle"

Nos amis britanniques n'ont aucun à priori et ils sont d'un pragmatisme remarquable. Avec nos capacités techniques étatiques de très haut niveau (ANSSI, DGA, DGSE), et en supprimant nos barrières administratives et les égos des chefs, la France pourrait devenir le leader de l'Europe post Brexit. Nous pourrions alors convaincre nos amis allemands de l'efficacité de cette stratégie et ensuite créer un partenariat très puissant avec nos amis britanniques et allemands et à trois parler d'égal à égal avec les USA.

La menace russe démontrée par SOLARWINDS est redoutable et seule une alliance des trois pays les plus importants du continent européen pourra faire face, tout en limitant fortement la dépendance vis à vis des USA.



Nicolas Chevrier

Manager opérationnel cyber - COMCYBER | M82_project

3 ans

Les Etats Unis sont en train d'opérer un revirement stratégique. Apres le "Defend Forward" et sa déclinaison "Persistent Engagement", la mission "Defend the Nation" s'est douloureusement rappelée à eux depuis #Solarwinds fin 2020. Les métiers et expertises sont très différents, les besoins immenses nécessitent de s'y consacrer à 200%. Ca n'empêche pas d'innover et de rechercher des synergies. C'est assurément nécessaire car "savoir attaquer pour mieux se défendre" reste une phrase peu applicable en réalité. Pourtant, je ne crois que le modèle versatile présenté ici soit la meilleure option, surtout au modèle français qui a bati une defende correcte depuis plusieurs années grâce aux efforts de l'ANSSI.

Les Services britanniques sont impressionnants d'efficacité, et ceci depuis bien des années. Avec un budget considérablement inférieur à celui des américains et des chinois, il est remarquable - mais pas surprenant - qu'ils arrivent en 3e position du classement mondial du Belfer Center, en matière de puissance cyber. Cette nouvelle approche organisationnelle n'est pas surprenante, eu égard à leur capacité d'innovation. La France n'est d'ailleurs pas en reste, apparaissant à une très honorable 6e place au même classement (remarquablement 2e mondiale en Pouvoir Défensif, et 6e en Capacité Offensive). A-t-on la volonté et la capacité de mettre en oeuvre une synergie comparable à celle des britanniques est une bonne question. Est-ce pertinent de le faire, eu égard à nos spécificités différentes de celles des britanniques en matière de défense, c'est une autre question. Peut-être faut-il réfléchir à mettre en action un terreau préalable, qui favoriserait la réussite de cette - potentielle - réorganisation.

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