FACE AU BREXIT LES ENTREPRISES BRITANNIQUES VONT-ELLES FILER À L’ANGLAISE ?
Un an et demi après le « oui » en faveur du Brexit, vécu comme un traumatisme, l’heure est venue pour le Royaume-Uni d’accélérer la mise en œuvre de la sortie de l’Union Européenne (UE). La Première ministre Theresa May veut avoir les coudées franches en convoquant des élections législatives anticipées le 8 juin, où sa victoire est attendue. Pour autant, les entreprises britanniques ontelles souffert de cette décision depuis un an ? Force est de constater que l’activité du pays et des entreprises a été globalement épargnée, même si l’investissement a montré des signes de fléchissement. Seul choc notable, celui de la forte dépréciation du taux de change effectif réel de la livre sterling au second semestre 2016, qui a peu favorisé l’activité des entreprises exportatrices mais a pesé sur les coûts à l’importation. Néanmoins, alors que la croissance montre des signes d’affaiblissement, notamment du côté de la consommation privée, cette résistance des entreprises va-t-elle durer ? En termes de visibilité, ces dernières ne sont guère plus avancées aujourd’hui qu’il y a un an. Or le chemin est encore long avant que le Royaume-Uni ne perde sa voix européenne en avril 2019, sous l’hypothèse que les négociations soient bouclées dans le temps imparti… Ce chemin sera semé d’embûches et les entreprises britanniques suivront attentivement l’évolution des négociations car les résultats du bras de fer entre le Royaume-Uni et l’UE changeront en partie leurs règles du jeu. Elles devront ainsi faire face à de nombreux défis. À court terme, la moindre demande domestique ou la hausse des coûts pèseront sur leur activité. À long terme, la faiblesse des investissements déjà perceptible devrait se renforcer avec une moindre attractivité du pays aux yeux des investisseurs étrangers et les politiques commerciales et migratoires devraient s’avérer plus restrictives. Dans quelle mesure ces chocs vont-ils affecter les entreprises britanniques ? Cette étude apporte des pistes de réponse en envisageant différents scénarios et examine en particulier l’impact négatif sur la croissance d’une baisse des flux migratoires avec l’UE qui avoisinerait 0,3 pt en 2019 dans notre scénario central de Brexit « modéré » et 0,6 pt dans le cas d’un scénario extrême. Globalement, des secteurs à l’image de la distribution, de l’agroalimentaire ou de l’automobile seront pénalisés dans les cinq prochaines années. À l’inverse, ceux de l’énergie ou encore de la pharmacie devraient résister davantage. Dans ce contexte incertain et mouvant, les entreprises n’auront pas d’autre choix que d’adapter leurs stratégies. Il ne faut cependant pas oublier que le Royaume-Uni reste une destination attractive et que le Brexit n’est qu’un déterminant parmi d’autres dans la vision de long terme des entreprises. En outre, les politiques publiques pourraient aussi jouer un rôle d’amortisseur. Alors que cet environnement incertain semble devenir une norme, l’agilité reste le mot d’ordre pour les entreprises.