FACE A FACE AVEC LA PRESSE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, SON EXCELLENCE BASSIROU DIOMAYE FAYE : MON ANALYSE

Sur le plan méthodologique, le choix d'une interview avec six journalistes de la presse sénégalaise démontre une volonté d'ouverture et de transparence. Ce format permet un dialogue direct et une diversité de questions, renforçant l'image d'un président accessible et prêt à affronter divers sujets. Le timing stratégique, coïncidant avec les 100 jours symboliques tout en rejetant l'idée d'un "bilan", témoigne d'une compréhension fine des attentes médiatiques et d'une gestion habile du cadre temporel de son action. L'assurance et la sérénité affichées par le Président de la République suggèrent une préparation minutieuse, lui permettant de contrôler le narratif sans paraître sur la défensive.

La rhétorique qu’il a employée est particulièrement remarquable. L'utilisation d'un langage simple et direct renforce la connexion avec un large public, démontrant une volonté de transparence et de proximité. En qualifiant son intervention d'"état des lieux" plutôt que de "bilan", Faye recadre habilement les attentes et se positionne dans une perspective de long terme. Il parvient à équilibrer la critique de l'héritage reçu, notamment les indicateurs économiques au rouge, avec une vision positive des actions entreprises, évitant ainsi de paraître uniquement dans la critique.

Sur le plan politique, la gestion des attentes est particulièrement habile. En soulignant le contexte difficile hérité, il prépare le terrain pour justifier d'éventuelles difficultés tout en valorisant les actions déjà entreprises. L'affirmation de son autorité, à travers la mention de blocage de contrats illégaux et la remise en question de décisions antérieures, démontre une volonté de marquer une rupture avec le passé tout en projetant une image de stabilité nécessaire pour rassurer.

L'aspect sociologique du discours est tout aussi important. L'accent mis sur la réduction du prix des denrées de première nécessité montre une compréhension des préoccupations immédiates de la population. Son style de communication, direct et moderne, résonne particulièrement avec la jeunesse sénégalaise, un facteur clé de son élection. L'insistance sur la transparence et la critique ouverte de pratiques antérieures suggèrent une volonté de transformer la culture politique sénégalaise. Le népotisme, l’immunité et l’impunité seront combattus et anéantis, sous son magistère.

En matière de relations internationales et de diplomatie, le discours de Faye révèle une approche nuancée et mature. Son évocation de la Seconde Guerre mondiale, notamment le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki, pour illustrer comment les États-Unis et le Japon sont parvenus à devenir des partenaires économiques majeurs grâce au dialogue, démontre une vision diplomatique à long terme. Cette référence historique puissante souligne l'importance du dialogue et de la réconciliation, même dans les situations les plus difficiles pour anticiper pour ses futurs efforts de négociation avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

De plus, en précisant sa préférence pour le dialogue préventif plutôt que réactif, le Président Diomaye se positionne comme un leader proactif sur la scène internationale. Il propose une approche, qui privilégie la prévention des conflits plutôt que leur résolution a posteriori, témoigne d'une compréhension sophistiquée des enjeux diplomatiques contemporains. Ce prisme dialectique suggère également une volonté de positionner le Sénégal comme un acteur responsable et médiateur potentiel dans les affaires régionales et internationales.

Avec cette interview, le Préseident Bassirou Diomaye Faye a démontré une bonne maîtrise de la communication politique. Il est parvenu à combiner une approche méthodologique structurée, une rhétorique accessible et percutante, un positionnement politique clair, et une compréhension fine des enjeux sociologiques et diplomatiques du monde contemporain. La positive perception du public témoigne de l'efficacité de cette stratégie de communication, qui réussit à projeter l'image d'un leader à la fois proche du peuple, visionnaire dans ses relations internationales, et capable de gérer les défis complexes du pays et de la région. Cette « performance communicationnelle » peut sembler poser les bases d'une présidence qui se veut à la fois transformatrice sur le plan national et influente sur la scène internationale.

Verdict : Son Excellence a été excellent pour ce premier face à face médiatique.