Faut-il toujours obéir aux ordres ?

Faut-il toujours obéir aux ordres ?

Pourquoi pouvoir désobéir dans l’entreprise

Avoir la possibilité de déroger à une consigne, c’est fondamental dans le travail d’un ingénieur chez DAES. Cela fait partie d’une posture responsable et cela donne du sens au travail. Responsabiliser nos ingénieurs les fait avancer et contribue à la réussite de nos projets, donc des projets de nos clients. On enclenche ainsi un cercle vertueux dont l’entreprise et ses clients sont les bénéficiaires.

 À l’inverse, un ingénieur qui n’est qu’un exécutant, sans possibilité d’exercer son libre arbitre, travaille d’une toute autre façon. Il n’a comme objectif que de se libérer de sa tâche. Il est alors en décalage avec ce qui devrait être son but premier, à savoir l’aboutissement de son projet. L’expérience nous montre que cela peut mener à de sérieux échecs, parfois même à des catastrophes !

 En tant que directeur associé de DAES, je prône l’assertivité, c’est-à-dire la possibilité pour chacun d’affirmer son point de vue tout en étant respecté :

  • en évaluant les différents aspects d’une situation complexe ;
  • en les hiérarchisant et en sélectionnant les priorités ;
  • en étant en mesure de prendre des décisions.

 Je suis persuadé qu’en reconnaissant la responsabilité des individus, et donc leur légitimité à choisir d’obéir ou de désobéir, l’entreprise et ses clients en retirent des bénéfices, en augmentant :

  • l’intérêt - et donc l’implication - des ingénieurs dans les projets ;
  • leur capacité à identifier les axes d’amélioration et à les implémenter ;
  • la capacité d’innovation, notamment par les échanges qui résultent de ces propositions.

Quelles sont les conditions pour pouvoir « désobéir » ?

Pouvoir désobéir :

  • c’est faire preuve d’autonomie.
  • c’est exercer son libre arbitre.
  • c’est être en mesure de prendre des décisions.

 Il faut pour cela avoir une vue d’ensemble du projet, et non une vision partielle. Le morcellement des projets est à l’opposé de ce que je pense pertinent. Il est essentiel que chaque ingénieur maîtrise tous les tenants et les aboutissants de son projet. En étant pleinement responsable, il peut prendre, si nécessaire, l'initiative de « désobéir », c'est-à-dire de déroger à ce qui était prévu.

Quelle organisation mettre en place pour atteindre cet objectif ?

La responsabilité d’un projet, de A à Z, doit être confiée à une personne, certes, mais non isolée. En impliquant plusieurs personnes, on bénéficie de l’intelligence collective d’une équipe, qui est supérieure à la somme des intelligences individuelles.

Dans nos activités d'ingénierie où l’on travaille par projet, on commence par élaborer un plan d’action, sur la base d’une analyse préalable mettant en œuvre notre expertise. C’est à ce stade que l’on définit les ordres ou les consignes. La légitimité de la personne ou de l’entité qui fixe ces ordres est indispensable, mais la possibilité d’y déroger l’est tout autant.

Dans la phase suivante d’exécution du projet, il faut pouvoir s’adapter à des situations différentes de celles qui étaient attendues. Cela conduit parfois à devoir désobéir aux consignes.

Bien évidemment, plus on a de proximité avec celui ou celle qui a donné les ordres, plus on peut se « risquer » à désobéir. Avec un management bienveillant et des relations fondées sur la confiance, chaque individu peut oser prendre des décisions : il ne perçoit plus un risque, mais une opportunité ! Grâce aux responsabilités et à l’initiative laissées à chacun, j’espère aboutir ainsi à des équipes pleinement autonomes.

Finalement, pouvoir désobéir dans l’entreprise n’est pas synonyme d’anarchie. C’est le résultat d’un mode de management dans lequel la hiérarchie, qui élabore les ordres, est attentive :

  • à laisser à chacun un large champ de responsabilité ;
  • à reconnaître sa légitimité dans l’étendue entière de son projet ;
  • à toujours échanger avec bienveillance.

 Nos ingénieurs pourraient donc recevoir pour consigne : « Je vous ordonne de (penser à) désobéir » !

Un triste exemple…

Je vais profiter de la date d’aujourd’hui, 26 avril, pour évoquer la catastrophe de la centrale de Tchernobyl en 1986. Il y a exactement 36 ans, cet accident nous fournit un exemple parlant d’une « non-désobéissance ».

L’explosion elle-même est liée, entre autres facteurs (défaut de conception intrinsèque du cœur du réacteur, qui « s’est auto-emballé »), à l’obéissance à des ordres inadaptés venus d’une autorité (politique) :

  • de pousser la puissance du réacteur au-delà de sa limite normale ;
  • et pour cela, de déconnecter un dispositif de sécurité ;

 Les responsables locaux auraient dû désobéir mais le contexte managérial (crainte des sanctions, déresponsabilisation des individus) ne leur a pas permis de le faire.

Nantua René

Conseiller spécial ECOMEDIA

2 ans

Intéressant !😊 La différence est subtile entre l’autonomie et la désobéissance, cette dernière ne pouvant se tolérer elle aussi que dans des limites collectivement établies me semble-t-il

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