« ON FERA 5 MÉTIERS AU COURS DE SA VIE… »
C’est une phrase qui aurait été prononcée par Boris Cyrulnik, et reprise par notre ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Élisabeth Borne[1].
Que je sache, Boris Cyrulnik a été, toute sa vie, un psychiatre passionné d’éthologie, et je ne crois pas que ses activités d’écrivain, de conférencier, ou autres, n’aient rien à voir avec cette identité professionnelle, colonne vertébrale de son existence.
Corrigeons, il faut certainement comprendre qu’il faudra apprendre 5 manières différentes de faire son métier au cours de sa vie.
Sinon, cela exprime un mépris certain pour le professionnalisme, qui, alors, serait supposé s’acquérir en quelques mois. Cette affirmation va dans le sens de la déqualification. Un jour tourneur, le lendemain commerçant, le troisième formateur, et le quatrième ministre peut-être ? À moins d’inverser ce parcours, et de commencer par être ministre, puis formateur, puis commerçant puis tourneur…
Cela n’est possible que si l’exercice même du métier est simplifié à un minimum vite appris, enfant mutilé et handicapé, pur produit de la division taylorienne. Peut-on apprendre sérieusement un métier, développer une compétence en quelques jours ou quelques mois ? Certes, la procéduralisation de tout peut laisser espérer que l’application de procédures préformées par des « experts » peuvent se substituer à l’expérience et au savoir-faire de celui qui fait.
Il n’y aurait ainsi plus qu’à savoir obéir.
N'est-ce pas d’ailleurs ce que vise officiellement les réformes de la formation, Data Dock, Qualiopi, et les formalités à venir plus rigides encore ? Plus besoin d’avoir de l’expérience, il suffira de se plier aux procédures envahissantes pour supposer que la qualité sera à l’arrivée.
Considérer le monde comme une immense machine, et chacun de nous comme un pur rouage au service de la machine, n’est-ce pas la réalisation du cauchemar d’Orwell , celui de 1984, qui impose l’échange soumission contre protection ?
Mais est-ce un cauchemar si désirable ?
François BALTA
ALTRETTANTO
www.frbalta.fr
[1] Lors de l’émission Questions Politiques, France Inter, dimanche 30 mai 2021
Consultant coach
3 ansProtection contre soumission cela me fait penser au droit féodal !! Retour aux sources ?
Coach - Formateur - Superviseur - Facilitateur = Développeur de talents et d'intelligence coopérative
3 ansMétier : 1) Travail dont on peut tirer des revenus pour gagner sa vie. 2) Savoir-faire professionnel, grande habileté technique conférée par l'expérience. Question de quantité (5?) et de qualité : 1) et 2) me semblent déjà dissociés pour nombre de personnes. C'était déjà un privilège de pouvoir acquérir et jouir de 2) Une autre manière de considérer le futur consiste peut-être à veiller à ce que le plus grand nombre ait le sentiment d'œuvrer (homo faber) plutôt que de travailler (animal laborans) suivant la proposition d'Hannah Arendt ?
Consultant en ingénierie de formation, ingénierie pédagogique et de l'accompagnement
3 ansMerci François pour cette mise au point qui rend du sens au travail.
Professeur agrégée et animatrice de groupes -Intelligence collective - Formation continue
3 ansMerci François BALTA pour ce partage C’est pas optimiste et c’est réaliste J’aime les 5 manières différentes d’exercer 1 métier plutôt que 5 métiers différents Je trouve que cela sonne très juste 😊 Bises Florence
Coach, consultante, superviseure, facilitatrice en intelligence collective, et passionnée d'organisation apprenante pour accompagner la transformation @INSTITUT CONCERTO
3 ansDésirable, un cauchemar? Je vais y réfléchir cette nuit 😉