Festival NewImages: Critiques des oeuvres VR theater.

Oui, suite au salon Laval Virtual, j'ai tenue à voir toutes ces oeuvres artistiques et documentaires à 360°, alors j'ai fais les 4 séances VR theatre 360 le dimanche 8 avril, au Forum des images. J'ai donc visionné au total 12 oeuvres VR - Pendant 2H au total.

Et voici mes retours:

DANS LA PEAU DE THOMAS PESQUET - PREMIÈRE MONDIALE / WORLD PREMIERE

De Jürgen Hansen & Pierre-Emmanuel Le Goff- La Vingt Cinquième Heure - ProspectTV - DVgroup - France Télévisions

L'entrainement de Thomas Pesquet est impressionnant, et nous accédons à des endroits insolites. Thomas s'adresse parfois à nous (en s'adressant donc à la caméra) et nous guide à travers les divers étapes de son entrainement. Le sujet est brûlant, intéressant, passionnant, tout le monde a envie de vivre une telle aventure au côté de cette idole. Les images qualitatives à 360° renforce l'ampleur de la mission. Le son spatialisé est efficace, il renforce l'immersion et le sentiment de proximité avec Thomas Pesquet. Il y a quelques idées de mises en scènes intéressantes, notamment la chambre d'enfant de l'astronaute. Mais, car malheureusement il réside un mais, j'ai trouvé le montage et les transitions d'images pas assez bien pensées. Alors j'imagine que c'est pas évident à réaliser vu toutes les circonstances et problématiques possibles (timing, lieux accessibles...) mais tout de même, c'est dommage car beaucoup de scènes ont pourtant été bien réfléchies et font grimper l'émotion et le privilège d'être embarqués dans une telle aventure.

THE OTHER DAKAR

De Selly Raby Kane - Electric South - Big World Cinema & Goethe Institut

Un film créatif, complètement folklorique. Nous suivons une petite fille qui croise beaucoup de personnages fantasmagoriques, étranges ou presque monstrueux. Je salue l'originalité de l'oeuvre, par contre je déplore le manque d'histoire. Le film fait apparemment hommages aux mythes sénégalais. Je ne sais pas si le placement fréquent de personnes noires albinos dans des postures et costumes monstrueux sont volontaires, car historiquement sur le continent Africain, l'histoire des noires albinos n'a pas été simple: Souvent sacrifiés et tués parce que différents. Le jeu d'acteur est un peu saccagé et les mouvements sont très théâtraux. Ça rend l'oeuvre assez hybride mais je suis tout de même heureuse de voir un film 360° réalisé et produit en Afrique Subsaharienne qui ne soit pas un documentaire sur la misère. J'espère que ce film ouvrira la brèche de production originales africaines.

THE TRAIN HAMASEN - PREMIÈRE EUROPÉENNE / EUROPEAN PREMIERE

De Kuan-Yuan Lai - Poké Poké Creative & Kaohsiung VR Film Lab

Les 30 premières secondes sont magiques: Nous sommes immergés dans une Taïwan semie réelle, semie fantastique, nous entendons des personnes parler Taïwanais, nous voyons des femmes maquillées comme dans notre imaginaire d'Européen. Très vite, cela devient too much, les effets qui superposent les prises de vues réelles 360° sont trop nombreux. Notamment, il y a eu beaucoup de problèmes de stitchs (lorsqu'une coupure est visible à l'image) du coup ils multiplient les effets pour les cacher. Ca en devient ridicule et énervant. Là aussi, a la façon de Another Dakar il y a un effort créatif certain qui est rafraîchissant, mais cela manque aussi terriblement d'histoire. C'est hyper créatif mais la production a été bâclée, très dommage.

700 REQUINS - PREMIÈRE MONDIALE / WORLD PREMIERE

De Manuel Lefèvre & Frédéric Gourdet - Neotopy - Le Cinquième Rêve & ARTE France documentaire

[Annecdote: Le premier métier que j'ai voulue exercer est celui d'océanologue. Et l'un des plus beau jour de mon existence fût lorsque j'ai fais du snorkelling a la barrière de corail, en Australie. Ne pouvant pas faire de plongée car je suis asthmatique. Alors, avoir l'opportunité d'en faire en réalité virtuelle est très important pour moi]

Laurent Ballesta nous emmène au Pacifique le suivre dans une expédition sous-marine des plus rares. Le film commence avec des vues aériennes à couper le souffle. Laurent et sa crew préparent leur expedition en tenue de surfer, au milieu des palmiers. Ils s'adressent souvent à nous (la caméra) en expliquant que nous sommes un nouveau plongeur au sein de l’expédition. Astuce narrative simple mais qui fonctionne bien et revient quelques fois comme une sorte de running gag. L'accent du sud de Laurent, qui est notre guide et notre narrateur, rend notre périple encore plus exotique. Il a une façon d'appuyer sur certains mots digne d'un grand conteur. Puisque je parle de voix, nous avons notamment un sans faute au niveau des musiques choisies et du son. Une fois sous l'eau, les images parlent d'elles mêmes.

Sans doute le meilleur documentaire esthétique 360° que j'ai vue (avec The Real Thing, que je place au même rang) Les réalisateurs ont tout compris au média, a la narration, à l'émotion et l'implication du spectateur.

YOUR SPIRITUAL TEMPLE SUCKS - PREMIÈRE FRANÇAISE / FRENCH PREMIERE

De John Hsu - Serendipity - FilmsFunique VR & Kaohsiung VR Film Lab

Une drôlerie bien réalisée et bien produite en stéréoscopie. Mr Chang, que nous incarnons, fait appel à son gardien dans l'au-delà pour ranger le désordre de sa vie conjugale et financier. Nous sommes dans un tout petit logement bordélique, et derrière nous à travers une fenêtre apparaît le monde réel avec "notre" femme qui "nous" attend chez "nous". La mise en scène est intéressante, entre fenêtre temporelles, éléments de rétro gaming et un maître des lieu bouffonesque - je m'en foutiste (photo ci-dessus), l'aventure de Mr Chang dans son temple spirituel devient vite un fiasco, et "notre" femme ne "nous" attend plus si sagement que ça... L'histoire est bien ficelée, et les 10 minutes au sein de cette aventure passent très vite. J'ai trouvé ça fun, original et bien fait. Les comédies 360° étant rares, en voir une avec une parfaite maîtrise technique, des plans efficaces et beaux et quelques éléments très random qui rendent le film encore plus drôle.

NAIROBI BERRIES - PREMIÈRE FRANÇAISE / FRENCH PREMIERE

De Ng’endo Mukii - Electric South

Deux personnages costumés dansent au milieu d'une forêt. Ils simulent une dispute de couple. Visuellement c'est une catastrophe, les "cuts" entre les images sont violents. Ce qui devait être une oeuvre poétique devient vite un calvaire. La voix off est très ennuyante, utilisant un ton très monotone. Bref, vous l'aurez compris, pas ma trip du tout.

LET THIS BE A WARNING - PREMIÈRE FRANÇAISE / FRENCH PREMIERE

De Jim Chuchu - Electric South & Goethe Institut

Ce film est constitué de deux plans fixes. Nous sommes d'abord menacé par des hôtes qui arrivent de loin dans le désert (trop) lentement. Avec des éléments graphiques montant que nous sommes une sorte de robot, ou équipé d'un système informatique. Puis, dans le second plan nous sommes dans une pièce où nos agresseurs s'adressent à nous. Les erreurs techniquement sont très nombreuses (lumières, stitchs) ce qui est dommage et gâche le jeu de l'actrice qui nous tourne autour. Nous devinons bien le côté moralisateur, bien avant qu'il ne soit dit et écrit "Que feriez vous si vous n'étiez pas le bienvenu dans un monde d'hommes et de femmes noires?". Ça aurait pu être intéressant, mais la mise en oeuvre est trop peu qualitative pour que ça le soit.

WHO WE REMAIN - VERSION LONGUE INÉDITE / UNCUT VERSION (PREVIOUSLY UNSEEN)

De Trevor Snapp & Sam Wolson - Nuba Reports, Emblematic Group, ARTE, New York Times & AJ+

Nous voyons le calvaire des soudanais du Sud qui subissent la guerre du pays et la Charia. Nous sommes tantôt dans des trous ou dans des grottes avec beaucoup d'enfants pour éviter les bombardements. Nous suivons notamment le commandant de l'armée populaire de libération du Soudan Nord. Les images sont parfois rustiques, tout comme les conditions de vie des Soudanais de cette zone. C'est un documentaire journalistique et pas esthétique comme 700 requins ou The Real Thing. Le sujet est poignant et seule la 360° permet une immersion comme celle-ci et une adhésion à la cause, car nous sommes réellement en "caméra embarquée" au cœur du sujet. Un documentaire poignant et alarmant.

VAYSHA L’AVEUGLE VR

De Theodore Ushev - Marc Bertrand - Julie Roy & NFB

Le seul film d'animation au sein de cette programmation a une patte graphique très arty. Le film est très innovant dans ce qu'il propose et sa façon d'utiliser la VR. Il n'utilise absolument pas la 360°, car toute l'action de passe dans un écran face à soit. Par contre, il utilise le relief et le fait d'avoir un écran par œil. Nous incarnons dans ce conte Vaysha l'aveugle, elle a un œil gauche qui voit le passé, et un œil droit qui voit le futur. Parfois, nous devons nous même choisir ce que nous voulons voir en fermant un œil (sinon c'est trop désagréable. Parfois, la narratrice nous impose un choix. Ce conte est très bien raconté et illustré et nous permet de vivre un malaise visuel et philosophique inédit.

THE REAL THING - AVANT-PREMIÈRE INTERNATIONALE / INTERNATIONAL PREVIEW

De Benoit Felici & Mathias Chelebourg - Artline - Films, DVgroup, en coproduction avec ARTE France

Ce documentaire nous fait voyager dans 3 villes chinoise qui copie l'architecture de 3 villes européennes: Londres, Paris et Venise. Les prouesses architecturales sont filmées en drone dans chaque ville, mais aussi au sol ou nous suivons les aventure d'une personne par ville: Une restauratrice pour le faux Paris, un antiquaire pour le faux Venise et un photographe pour le faux Londres. L'introduction du film est en images graphiques animées avec une voix off poétique, style retrouvé dans le générique de fin. Tout est très soigné dans ce film ou chaque image, pensée, interview, enchaînement semble très pointilleux et réfléchit. Ce documentaire est extrêmement bien réalisé et met en lumière des lieux et une culture intrigante. La, aucun personnage ne s'adresse a la caméra, mais c'est un partit prit bien choisit pour le sujet: Nous ne sommes que des invités dans une culture visuellement proche de la nôtre, et pourtant si lointaine.

THÉÂTRE D’AUTOMNE - PREMIÈRE FRANÇAISE / FRENCH PREMIERE

De Mathieu Barrette & Myriam Coulombe - LOREL, Théâtre du Bic & Théâtre les gens d’en bas

Outre la stéréoscopie ratée, l'histoire qui semblait être une mise en abîme du rôle de comédien finit en eau de boudin. Le début donne bon espoir, la suite n'est pas à la hauteur de l'annonce. Encore une idée mal mise en oeuvre.

SPIRIT ROBOT - PREMIÈRE FRANÇAISE / FRENCH PREMIERE

De Jonathan Dotse - Nubian VR & Electric South

Découvrir du street art, des musiciens, des peintres et des événements culturels d'Afrique de l'ouest à 360°, c'est plutôt cool. Nous errons entre différents événements artistiques, tantôt intelligemment filmés, tantôt maladroitement mis en scène. Mais pour montrer le bouillonnement culturel du Ghana, les maladresses sont pardonnées. Le son de la voix off s’éteint presque parfois derrière le bruit ambiant. Les moyens ont du être modeste pour le travail sonore, tout comme pour le reste donc ce n'est pas une oeuvre magistrale, mais un petit film culturel pas inintéressant.