Filières de recyclage : est-ce que tout tourne rond ?
Parler d’économie circulaire quand on parle d’urgence environnementale : est-ce assez ? La défiance face au recyclage, grandit à la mesure de notre prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Je tiens aujourd’hui à rappeler ce qu’est aujourd’hui l’industrie du recyclage, mise sur pied et développée depuis plus de 30 ans pour valoriser et donner une nouvelle vie aux emballages qui ne peuvent être réduits, supprimés ou réemployés.
Je ne prône pas, même en tant que Directrice services recyclage de Citeo, le recyclage comme unique solution pour nos emballages produits, et consommés. Le recyclage est l’une des solutions, mais est aussi celle la plus développée à ce jour et pouvant s’appuyer sur une chaîne d’acteurs et de compétences qui transforme nos déchets en ressources depuis plus de 30 ans.
Filières de recyclage : déjà has been ?
On ne peut considérer comme déjà dépassée une industrie qui n’est pas encore au bout de son développement. Quand on parle de filière de recyclage pour les emballages et les papiers, on parle d’une chaîne logistique et économique encore jeune, développée avec la Responsabilité Elargie du Producteur en 1992.
Il s’agit de toute une chaîne qui mobilise, à chaque étape, différents acteurs aux compétences précises pour in fine donner une nouvelle vie à un matériau : collecte, tri industriel, revente, recyclage, réintégration de la matière dans une nouveau produit ou emballage ; puis la boucle est bouclée avec sa commercialisation et son tri par le consommateur, la collecte… et ainsi de suite.
Les filières de recyclage sont aujourd’hui des acteurs majeurs de l’économie circulaire.
Elles alimentent l’Industrie en matière de qualité avec un impact limité sur l’environnement : recycler 1 tonne d’aluminium permet d’éviter 95% de la production d’énergie nécessaire à l’aluminium vierge, quand recycler 1 tonne de verre permet d’éviter de prélever plusieurs centaines de kilos de sable et de calcaire.
Avant la création de la REP en France en 1992, les filières matériaux verre, papiers, cartons et métal, existaient déjà et avaient structuré leur outil industriel dans une logique locale, en installant leurs usines proches de lieux de production. C’est particulièrement le cas du verre pour lequel moins de 300 km sépare les 2 types de sites. Le démarrage de la collecte sélective a donné un très fort coup d’accélérateur aux développement industriel de ces filières. Avec l’accompagnement financier et technique de Citeo elles ont fait évoluer leurs moyens de production pour produire plus de matières recyclées et s’engager à les intégrer dans les nouveaux produits fabriqués.
Les filières du plastique n’ont pas atteint leur maturité
En 1992, le choix a été fait de développer le recyclage des emballages en plastique les plus nombreux et faciles à identifier pour le citoyen : ce sont les bouteilles et flacons, qui représentent à eux seuls 40 % du volume d’emballages en plastique mis sur le marché en France chaque année. Leur recyclage est aujourd’hui pérenne et compétitif, avec une forte demande en matière recyclée, par l’industrie des boissons notamment.
Tous les acteurs sont mobilisés pour augmenter les matières plastiques recyclées.
Depuis 2012, Citeo développe le recyclage et les débouchés des autres types d’emballages en plastique, comme les pots, les barquettes et les films. Cela aboutira, nous l’espérons, à pouvoir recycler davantage d’emballages.
Les Français vont pouvoir tous trier TOUS les emballages, y compris en plastique, d’ici 3 ans. L’objectif : récolter davantage de matière triée, qui donneront davantage de matières recyclées à réintégrer dans l’économie circulaire.
Flux de développement, filières : il reste à faire
Une logique « test & learn » pour les plastiques peu ou mal recyclés
Avec la simplification du tri, des emballages en plastique très divers arrivent en centre de tri puis chez les recycleurs. Pour assurer la pérennité des filières de recyclage existantes en garantissant une matière de qualité, un flux spécifique nommé « flux développement » a été mis en place en 2019, permettant de regrouper les emballages en plastique peu et mal recyclés jusqu’à présent : emballages en PS, pots et barquettes PET ou emballages en PET opaque. Ils sont ensuite achetés par des recycleurs qui développent leur recyclage en France grâce à la R&D. Notre objectif est de développer les technologies pour que toutes les catégories d’emballages disposent de débouchés en quantité et en qualité suffisantes pour être réintroduit dans de nouveaux emballages et nouveaux produits.
Pour en savoir plus sur le recyclage des plastiques :
La collaboration pour innover : l’exemple de la filière métal
Légers et de petite taille les petits emballages en aluminium se consumeraient entièrement s’ils étaient recyclés avec le process traditionnel. La technologie de la pyrolyse permet d’éviter de perdre cette matière qui représente la moitié des volumes d’emballages en aluminium mis chaque année sur marché en France : elle chauffe les petits aluminiums à 500°C dans un environnement pauvre en oxygène, pour produire des fragments d’aluminium nettoyés (vernis, laques et éléments en plastique sont éliminés). Ils réintègrent ensuite le recyclage en fonderie traditionnelle. 3 usines situées en Allemagne et en France se chargent de cette étape intermédiaire, indispensable au recyclage. Plus de 1 000 tonnes ont été recyclées en 2019. Nous étudions l’opportunité économique et environnementale de développer ces capacités de recyclage en France et lançons des travaux de R&D pour envisager un retour dans l’emballage de la matière recyclée.
J’insiste sur le fait qu’il est indispensable de développer ces nouveaux savoir-faire sur le territoire français. C’est une formidable opportunité de contribuer à la compétitivité de la France en matière économique par la création de valeur et d’emplois, et environnementale. Aujourd’hui, 84% des emballages et 61% des papiers sont recyclés sur le territoire français.
Opération modernisation pour les 165 centres de tri Français
Les centres de tri sont des sites industriels qui reçoivent les emballages et papiers triés par les habitants et se chargent de les séparer par matériau pour les préparer au recyclage. Les moderniser consiste à investir pour les équiper de machines capables d’opérer cette séparation de manière fine : c’est indispensable pour traiter la diversité et la complexité des emballages en plastique de formes, de résines, (composition chimique qui leur apporte de nombreuses fonctionnalités) et de couleurs différentes ; ou encore pour capter les petits emballages métalliques, aluminium et acier. Sans ces équipements que sont les tris optiques, les machines à courant de Foucault (champ magnétique pour l’aluminium) ou les overbands (bandes magnétiques pour l’acier), un grand nombre d’emballages ne pourraient pas être recyclés.
Nous avons déjà accompagné techniquement et financièrement à hauteur de 30 millions d’euros la modernisation de 52 centres de tri sur les 196 sites que compte la France. Il est certain que le développement de l’intelligence artificielle, de la reconnaissance visuelle ou des marqueurs digitaux, des tatouages numériques apposé sur l'emballage, invisibles à l'œil nu et qui renferment une fiche technique lue par une caméra, permettront d’améliorer encore la séparation des matériaux et leur qualité en sortie de process.
Filières de recyclages, geste de tri, centres de tri : tous évoluent pour augmenter la valorisation des emballages aujourd’hui consommés. Ce processus mobilise des ressources financières, technologiques et logistiques importantes et qui se déploient sur un temps plus long. Alors non, le recyclage n’est pas une réponse rapide à l’urgence environnementale. Mais son développement a été amorcé il y a déjà 30 ans, et il continuera de pouvoir absorber une partie, grandissante il est certain, des emballages ménagers. Son évolution, aux côtés de nos modes de production et consommation, est l’une des clés de réussite pour ce « Monde d’après », le plus durable possible.
Nous pouvons déjà nous appuyer sur des filières solides qui prennent part à l’économie circulaire. Nous sommes déterminés à renforcer encore leur efficacité et à trouver des solutions à l’ensemble des emballages ménagers.
Vous avez des questions sur les filières de recyclage en France et leur développement ? Des interrogations sur sa contribution à l’économie circulaire ? Parlons-en en direct le 09/11 !
Retraité
4 ansTout à fait d'accord avec cette publication de qualité. En particulier le recyclage plastique dont j'ai chercher en vain une qualité équivalente à ce que mon entreprise importait massivement d'Espagne, pour ne pas dépendre d'un quasi unique fournisseur véritable chimiste, capable d'apporter une qualité régulière de type PP Copo, et pour réduire un peu l'empreinte carbone (transport citerne de Valencia à Dunkerque). Ni en Allemagne, ni en France, ni en Angleterre, ni en Belgique : alors oui, le recyclage des plastiques ne se limite pas au PET ou PVC, il reste beaucoup, beaucoup à faire en Europe, donc en France.
DIRECTOR PETCORE EUROPE & RECYCLING CONSULTANT
4 ansOn ne peut que féliciter Citeo pour son professionnalisme en matière de recyclage et de recherche qui d’une façon ou d’une constituera l’avenir des matériaux d’emballage.
Une difficulté difficile à résoudre est la volatilité des cours des matières premières. Suivant ce cours, la matière recyclée est souvent reprise au prix du plastique PAM ... ce qui n'aide pas le modèle d'affaire du recyclage !
Suis intéressé en mp par "un flux spécifique nommé « flux développement »"