Fin du mois ou fin du monde? La transition écologique se fait aussi par le bas.

Fin du mois ou fin du monde? La transition écologique se fait aussi par le bas.

Le mouvement des Gilets Jaunes a été précipité par la volonté du gouvernement d'Emmanuel Macron d'accélérer la transition écologique en augmentant les taxes sur les carburants et de renchérir le diesel.

Les opposants à cette politique y voient le fait d'une classe urbaine aisée qui craint la fin du monde alors qu'une majorité de Français peine à boucler les fins de mois.

Que les mesures concernant les prix des carburants soient la cause du mouvement des Gilets Jaunes ou seulement la goutte qui fait déborder un vase déjà bien rempli, la crise que nous vivons jette de la lumière sur une dimension peu discutée de la transition écologique.

Le recul du gouvernement sur la taxation des carburants ajouté à d'autres reculs, notamment sur le démantèlement de la filière nucléaire ou sur l'usage de pesticides dans l'agriculture, illustre les limites de l'approche par le haut (top-down) de la transition écologique.

Entendons-nous bien. Il ne s'agit nullement ici de nier la nécessité et l'utilité de politiques publiques volontaristes dans ce domaine. Le propos de cet essai est de rappeler que la transition écologique se fait aussi par le bas (bottom-up) sous l'impulsion de millions de citoyens et de milliers d'entrepreneurs qui agissent, aux quatre coins de la planète, pour réduire l'empreinte environnementale d'origine humaine.

Parce que l'action gouvernementale est forcément plus visible, car plus massive, les reculs sont aussi plus spectaculaires: annulation du projet de barrage de Sivens, annulation du projet d'aéroport sur le site de Notre Dame des Landes, annulation de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et, plus récemment, annulation de l'augmentation des taxes sur les carburants.

Ces reculs et la démission fracassante de Nicolas Hulot, figure emblématique de la cause environnementale, peuvent faire penser que la transition écologique est en régression, voire qu'elle est déjà une cause perdue.

L'ambiance morose qui marque les travaux de la COP 24 contribue à ce sentiment. Il est particulièrement ironique d'observer que la conférence qui planche sur la mise en oeuvre de l'accord de Paris se tient dans un pays, la Pologne, dont les dirigeants revendiquent haut et fort le droit de continuer à exploiter le charbon qui génère 83% de la production électrique du pays, faisant de la Pologne le pays le plus pollué de l'Union Européenne.

Pour noircir davantage un tableau déjà bien chargé, il faudrait ajouter la relance des centrales à charbon en Allemagne, les prises de position d'un Donald Trump qui ne croit pas au réchauffement climatique et des niveaux alarmants de pollution, de toutes sortes, en Chine et en Inde.

Force est de constater que les politiques publiques sont soit insuffisantes, soit difficiles à mettre en oeuvre. En conclure que la transition écologique est une mission impossible serait, cependant, aller vite en besogne.

Les gouvernements ont certes un rôle important dans la mise en place de contextes favorables à la transition écologique mais ils ne sont pas seuls à agir et à échouer. La prise de conscience des menaces que l'activité humaine fait peser sur l'environnement est un mouvement irréversible. Partout des citoyens, plus nombreux même s'ils restent minoritaires, adoptent des comportements et des modes de consommation responsables. Partout aussi, des entrepreneurs déploient des modèles économiques innovants dans une variété de secteurs tel que les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, la gestion de l'eau, le traitement des déchets, l'agriculture, la distribution ou la mobilité.

Parce qu'elles sont dispersées, par nature, les initiatives citoyennes et entrepreneuriales n'ont pas la visibilité des politiques publiques, dans le succès comme dans l'échec. Mais elles existent et expriment un mouvement social planétaire. Elles ne produisent pas la forme d'un mouvement insurrectionnel, à l'instar des Gilets Jaunes, mais les révolutions peuvent aussi naître dans un processus lent, cumulatif.

Au moment où la transition écologique par le haut suscite des réactions hostiles, il faut garder la foi dans la capacité des citoyens et des entrepreneurs à produire le changement par petites touches, sans grands discours, sans fracas, dans l'efficacité.

NON, la taxe carburant ne pouvait avoir aucun effet sur la transition écologique au contraire de ce que dit la premiere phrase de l'article: "... la volonté du gouvernement d'Emmanuel Macron d'accélérer la transition écologique en augmentant les taxes sur les carburants et de renchérir le diesel." C'etait juste une taxe comme les indulgences du clergé au moyen age. Se faire pardonner et remplir les caisses. Ni sur la conversion essence pour la toxicité des particules qui est déjà en cours par peur de ne plus pouvoir entrer en ville (le prix a peu d'importance à coté de cela), ni sur la consommation car aucune alternative crédible n'est proposée pour rouler, et même si plus cher les gens rouleront encore surtout quand c'est contraint (et en plus le passage essence fera consommer 15% de plus pour la même distance, l'essence étant moins énergétique que le diesel) 

LE ROY MARIE-ALIX

Planneur stratégique chez TBWA Group mais les pieds sur terre - Auteur du livre Protégeons nos enfants des écrans. Fondatrice du groupe facebook Parents unis contre les smartphones avant 15 ans

6 ans

#CLIMATEJUSTICE

elmer D.

Professionnels Agriculture)

6 ans

Vous dites "Il ne s'agit nullement ici de nier la nécessité et l'utilité de politiques publiques volontaristes dans ce domaine" mais beaucoup de ces mesures sont quasiment inutiles et que poudre aux yeux. Extrait d'une missive de ma part à celui qui se prend pour le roi : "Monsieur le Président, Je me permets de vous écrire pour vous faire part de mon exaspération concernant le harcèlement moral dont les possesseurs de voitures anciennes font l’objet depuis plusieurs années, notamment au travers de la prétendue sur-pollution qu’ils génèreraient, mais aussi par la mise en place de mesures politiques discriminatoires comme l’interdiction de rouler dans Paris ou Grenoble. Le dernier fait en date du 18 septembre 2017, dans un reportage de France3 (journal le 19 – 20) au sujet du retour de la "prime à la casse" pour acheter un véhicule d’occasion récent : le PDG de la société de vente de véhicules d’occasion Aramis-Autos affirmait sans vergogne qu’un diesel de 2012 pollue 200 fois moins qu’un diesel de 2001 ... Il me semble nécessaire de mieux assurer le contrôle de la véracité des informations diffusées sur une chaîne du service public. En effet, donc La pollution c’est la consommation : Dans ce monde, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Anaxagore/Lavoisier). Un litre de carburant qui entre dans le réservoir d’un véhicule de 2012 sera le même que celui entrant dans un véhicule de 2001. La pollution relative générée par les deux véhicules ne pourra être comparée qu’au regard de la quantité de carburant consommée et en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Le carburant entrant dans une voiture va se transformer en énergie (vitesse, chaleur, bruit …) et en résidus polluants (gaz, particules ...). Pour des raisons de simplification, les composantes secondaires chaleur et bruit peuvent être occultées. Ainsi, deux véhicules ayant parcouru 100 km verront leurs performances se départager sur la quantité de carburant nécessaire pour parcourir cette distance. Nous retrouvons ce raisonnement page 7 de l’analyse coût bénéfices des véhicules électriques effectuée par le commissariat général au développement durable (ministère de la transition écologique, juillet 2017 – collection théma). La solution la plus simple et radicale pour faire baisser la pollution générée par l’usage de véhicules à moteur thermique est de faire baisser leur consommation. L’éco conduite permet d’économiser jusqu’à 30 % de carburant. De simples mesures comme l’entretien régulier du véhicule, la pression des pneus, une conduite souple, l’usage modéré de la climatisation ou l’évitement des petits trajets permettent une forte baisse de la consommation et donc une baisse idoine de la pollution générée. J’évoquerai plus loin le poids croissant des véhicules bardés d’électronique embarquée et d’éléments de confort tous plus pondéreux et potentiellement plus consommateurs de carburant. Les artifices électro-mécaniques, une fausse bonne idée : Depuis plus de vingt ans, normes européennes obligent, les constructeurs rivalisent d’ingéniosité pour faire mentir Lavoisier. La vanne EGR par exemple, intéressant système mécanique coprophage ayant pour finalité de faire ingérer à l’admission une partie des gaz brûlés issus de l’échappement … Lorsqu’un moteur diesel tourne à bas régime ou au ralenti, une partie des gaz d’échappement n’est pas brûlée. Le moteur rejette alors dans l’atmosphère un excès d’oxyde d’azote et de particules fines, ce qui enfreint les normes antipollution européennes. Bien qu’ingénieux, ce système a le désavantage d’encrasser petit à petit le système d’injection. La vanne EGR elle-même peut finir par être totalement obstruée par la suie. Après seulement quelques mois d’utilisation, les gaz imbrûlés, le turbo encrassé, la perte de puissance, les fumées noires, le véhicule broutant à bas régime et enfin la surconsommation seront les conséquences de ce système sensé diminuer la pollution. Dans un premier temps, la pollution générée est en diminution pour être déportée vers un second temps et une nette augmentation des polluants émis. Peu nombreux sont les possesseurs de véhicules récents qui entretiennent suffisamment cette vanne, le système d’injection ou le turbocompresseur, et dans le meilleur des cas, les résidus terminent leur vie en déchèterie spécialisée. Autre système ingénieux permettant de déporter la pollution : le filtre à particules (fap) … Rien de moins que la prétention de récupérer les particules fines émises par la combustion du diesel ! Peut-on me dire combien pèserait un véhicule après quelques milliers de kilomètres si les résidus récupérés étaient conservés dans ce véhicule ? En effet, le fap fonctionne sur un principe de stockage/déstockage des particules dans le filtre, tout en laissant passer les gaz d’échappement. Il n’élimine pas les particules en continu car il est nécessaire que la température des gaz atteigne les 550 °C , ce qui n’arrive que lors d’un parcours autoroutier. Son principe de fonctionnement consiste à piéger et à stocker les particules constituées de carbone et d’hydrocarbure sur un filtre, puis périodiquement, à les bruler, ce qui en soit génère d’autres pollutions et participe au réchauffement climatique. La combustion naturelle de ces particules s’effectue à environ 550° C alors que la température initiale des gaz est de 150° C . Il faut donc amener ces gaz à température par soit une post-injection en phase de détente qui crée une postcombustion dans le cylindre qui entraîne une hausse de la température des gaz de 200 à 250 ° C (soit 350 à 400° C), soit une post-combustion complémentaire, générée par un catalyseur d’oxydation placé en amont du filtre, qui traite les hydrocarbures imbrûlés issus de la post-injection, soit une additivation du carburant par de l’Eolys, composé à base de cérine qui abaisse la température de combustion des particules à 450 °C. Seul problème, pour que cela fonctionne, il est nécessaire d’adopter un style de conduite particulier. Il faut que le moteur ait roulé au moins 15km (afin d’être chaud), il faut rouler au-dessus de 50 km/h (voire plus, selon les modèles), avoir un régime moteur soutenu et conduire au moins un quart d’heure. Bref, des conditions difficiles à réunir quand on ne se sert de son véhicule que pour des petits trajets urbains, comme pour se rendre au bureau, par exemple. Si le filtre à particules n’a pas l’occasion de se décrasser de lui-même, il finit par se boucher complètement. On est alors obligé d’aller chez le garagiste soit pour le régénérer (200 euros l’opération), soit pour le changer, ce qui coûte entre 700 et 2500 euros selon le modèle. Dans le pire des cas, l’encrassement du filtre peut provoquer une casse moteur. Un système bien complexe qui ne doit pas occulter que la régénération (quel joli mot) du fap renvoie dans la nature de nouveaux composés polluants qui ne sont pas uniquement de l’oxygène ou de l’hydrogène et dont les conséquences sur la santé humaine ne sont jamais mises en avant dans les médias. Et oui, rien ne se perd, tout se transforme … Les récents scandales VW ou Renault sont là pour nous le rappeler. Ainsi, les divers systèmes destinés à tromper l’usager sur la pollution réelle (ou cumulée) de leur véhicule ont un coût de fabrication et d’entretien élevés pour une efficacité qui n’est pas démontrée. Utilité des mesures prises : La pollution générée par les véhicules anciens ne représente qu’une toute petite partie de la pollution générée par les activités humaines. Par exemple, en ce qui concerne les particules fines, objets de toutes les attaques médiatico-écolo-politiques, vous n’êtes pas sans savoir que les transports ne représentent que 14 % des particules émises inférieures à 10µm (PM10) et 18 % des particules émises inférieures à 2,5µm (PM2,5). Le résidentiel/tertiaire génère quant à lui une part de 31 à 49 %, l’agriculture 12 à 28 % et l’industrie 21 à 26 % (source ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, Data-Lab "Les particules atmosphériques, la connaissance progresse" de février 2017). La part des véhicules "anciens" (plus de 10 ans donc avant 2008) représente 37 % de ces 14 % soit seulement 5,2 % des particules émises PM10 ou 6,7 % PM2,5 . Pour les véhicules de plus de 15 ans soit 16 % du parc, on descend à 2,25 % PM10 ou 2,9 % PM2,5 et pour les youngtimers de plus de 20 ans soit 10 % du parc, on tombe à 1,4 % PM10 et 1,8 % PM2,5. La part des véhicules récents représente presque deux fois plus de particules émises que les véhicules de plus de 10 ans, 4 fois plus que ceux de plus de 15 ans et 6 fois plus que ceux de plus de 20 ans, sans pour autant faire l’objet de mesures d’interdictions ! Ainsi, toutes les mesures discriminatoires d’interdiction de rouler prises par les gouvernements successifs ou par les autorités locales dans les cas de pollution importante de l’air ont des effets négligeables sur la pollution réelle. A contrario, ils ont des effets dévastateurs sur les possesseurs de ces véhicules qui n’ont souvent pas les moyens (de très loin s’en faut) d’acquérir un véhicule récent. Les voitures de collection (plus de 30 ans) quant à elles, ne représentent que 0,15 % des 657 milliards de kilomètres parcourus annuellement par les automobilistes français. Cette modeste proportion ne justifie pas non plus les mesures d'exclusion prévues dans certaines grandes villes, d'autant plus que plus des trois quarts sont équipés de moteurs à essence. Reste à savoir si les édiles connaissent ces chiffres. Pourquoi ne pas laisser "mourir" doucement les véhicules anciens au lieu de s’acharner contre eux ? Le développement durable : Alors que la fabrication de nouveaux véhicules soi-disant plus performants génère une pollution supplémentaire à laquelle s’ajoute le recours à toujours plus de matières premières, l’utilisation de véhicules anciens et leur entretien simple avec des pièces d’occasion est un parfait exemple de durabilité. Pour ma part, je roule depuis 12 ans avec un véhicule du début des années 90, Fiat Croma turbo diesel injection directe dont la consomation réelle toutes routes est inférieure à 5,5 l/100 km pour un poids de 1T2. Elle pollue moins qu’un véhicule Dacia Duster de 2017, du même poids (6l/100 km). Je compte rouler longtemps encore. Je pourrais aussi évoquer les performances de ma Panhard PL17 de 1961 qui pour 1T100, 5cv, 6places assises, qui consomme moins de 6l/100 km … "6 litres ! Les affres du diable en personne mon bon monsieur"... Où serait-elle aujourd’hui, si la prime à la casse avait existé dans les années 70 ? Tout un patrimoine qui serait perdu. En conclusion, un véhicule moins polluant roulant aux énergies fossiles, est un véhicule déjà fabriqué, bien entretenu, qui consomme peu. La pollution n’est pas uniquement générée par les transports routiers. La baisse attendue de la pollution, en stigmatisant les véhicules anciens, n’est pas significative. Je suis très conscient de la raréfaction des ressources en carburant d’origine fossile et de la nécessité de trouver des solutions de substitution très rapidement. Outre l’amélioration de notre indépendance financière à ces énergies, l’abandon du recours à ces modes de déplacement plus polluants entraînera je l’espère une amélioration des conditions climatiques futures. En attendant 2040, je souhaiterais que vous agissiez afin que cesse la diffusion de toutes ces contre-vérités assénées quotidennement par les médias et surtout que vous infléchissiez les décisions politiques extrémistes en matière de pollution, vis à vis du parc de véhicules existant." etc.

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