Finance, écologie, démocratie


Comment la finance privée peut- elle contribuer à la transition écologique ? Elle devra aussi contribuer au respect de la démocratie par l’écologie

Mercredi 3 juin 2020 10h – 11h 30 Réunion virtuelle par Teams

Le sujet est large et assez technique, mais je souhaite que des questions soient posées au fil de l’eau, en cours de présentation, et non pas seulement en fin d’exposé.

Comment allons- nous procéder ?

 

Dans la durée prévue pour notre séance, j’ai choisi de présenter :

-  les actions proécologiques actuelles de la finance privée,

- et surtout de dessiner une prospective performative, qui n’engage que moi.

Cet exposé sera enrichi en filigrane systématiquement au fil de l’eau avec des considérations relatives à la démocratie, destinées à éclairer les enjeux et les implications proprement éthiques et politiques, et donc démocratiques en un mot, qui sont mobilisés par les actions proécologiques de la finance, présentes et à venir. 

Tout d’abord, je décrirai brièvement les mécanismes actuels de la finance privée, afin de préparer l’exposé de ses actions proécologiques que je développerai plus longuement ensuite.

Une discussion quant à ce qu’est /ce que devrait être une transition écologique ne pourra pas être évitée à ce stade. Nous convierons brièvement Bruno Latour, Dominique Bourg et mes propres réflexions pour éclairer notre cheminement.

Les actions proécologiques de la finance privée pourront alors être repérées et évaluées.

C’est là le vrai sujet, et il est, encore aujourd’hui, plus prospectif que rétrospectif, parce que la transition écologique n’en est qu’à ses balbutiements, de sorte que les aggiornamienti des entreprises et des financiers sont encore dans leur enfance.

En complément de cette description des actions proécologiques actuelles et à venir de la finance privée, et en guise de description de ses limites et de ses frontières,  je traiterai largement des interactions de la finance privée :

- d’une part avec le régulateur ( constitué par la législation financière de droit dur, les autorités de marché ainsi que les incitations plus douces du droit souple émanant de la société civile)  et j’y consacrerai quelques lignes spécifiques,

- et aussi de ses articulations avec les entreprises, qui sont les véritables exécuteurs des décisions et des choix de la finance privée, et ce point sera assez indissociable de la description financière.

En effet, la démocratie, et son absence éventuelle, se matérialisent concrètement dans ces interactions, d’une part entre les financiers et les entrepreneurs, et leur régulateur (le législateur et ses délégataires) et d’autre part dans leurs interactions entre elles.

La théorie étant que la démocratie fournit le cadre dans lequel les professionnels de tous poils exercent leur libre arbitre respectueux des lois et des bonnes moeurs.

Parlons de la transition écologique

La transition écologique est un moment intermédiaire de notre civilisation, qui nous dirige vers une cible, qui est à ce jour assez imprécise dans nos conceptions, dans nos esprits, ainsi que le pointe fortement Bruno Latour en ce moment même (mai 2020)

Cette absence de description précise de la cible de la transition écologique, oblige à improviser en permanence et à tâtonner (« essais et erreurs »)

C’est exactement l’état actuel de la manière débutante et balbutiante par laquelle la finance privée contribue en ce moment à la transition écologique.

Pour commencer, examinons ce qu’est la finance privée.

La finance privée regroupe des personnes physiques et des personnes morales non étatiques, qui sont en possession d’actifs financiers, et des professionnels qui sont gestionnaires de ces mêmes actifs financiers. A noter que même les acteurs étatiques se comportent comme les acteurs privés, de sorte que parler de finance privée n’est pas pertinent pour notre sujet qui est centré sur l’influence des possesseurs de capitaux sur le cours des évènements.

Les actifs financiers sont des actions (argent donné aux entreprises en échange des actions qui sont des titres de propriété des entreprises)  des obligations (prêts que les entreprises et les Etats sont obligées de rembourser) et des titres de propriété de biens immeubles (terres agricoles, forêts et immeubles de toutes tailles et toutes natures : habitation, bureaux, commerce, usines…)

Les propriétaires des actifs financiers (« asset owners ») sont :

- Les épargnants primaires, c’est-à-dire les épargnants individuels et les trésoriers d’entreprise, qui doivent conserver et faire fructifier leurs excédents de trésorerie, …

 - Les épargnants secondaires, ou investisseurs institutionnels, qui mobilisent (de gré ou de force) une partie de l’épargne primaire : les Fonds de Pension et les Caisses de Retraite, les Assureurs vie et les Assureurs de biens, la Caisse des Dépôts, la Banque Pour l’Industrie BPI, la Banque Européenne pour l’Investissement BEI…, les banques d’affaires : Lazard, Rotschild… et les banques universelles : BNP Paribas/Société Générale/Crédit Agricole/LCL Crédit Lyonnais/ Labanquepostale/Natixis…

Les gestionnaires financiers (« asset managers ») sont chargés, par ces divers épargnants « asset owners », de procéder aux choix d’investissements (choisir les « investees ») et de mouvementer les fonds (placements/achats de titres, et retours/sorties désinvestissements/ventes de titres)

Ces gestionnaires sont :

- les sociétés de gestion et les organismes de placement collectif (OPCVM) qui choisissent les cibles d’investissement et qui placent effectivement les fonds,

- les agences de notation financière (Standard and Poors, Bloomberg, Reuters, Fitch Ratings…) qui fournissent des évaluations financières,

- les agences de notation extra financières  (Vigeo Eiris, Truecost, EthiFinance,…) qui fournissent des évaluations extra financières,

- et les fabriquants d’indices (MSCI, et les mêmes agences de notation financière et de notation extrafinancière que précédemment, mais dans un rôle opérationnel et non pas d’évaluation)  

Ces indices sont des collections (ou portefeuilles) d’investees (entreprises à financer) choisies par thèmes ( par exemple, énergies renouvelables, ou services des eaux…) ou selon d’autres classifications techniques propres aux décideurs d’allocation de ressources financières (les « asset managers »)

La finalité de ces indices est de servir de référence pour composer des portefeuilles d’actifs financiers dans le patrimoine des investisseurs.

Par exemple : un asset owner peut donner son feu vert pour que son asset manager se cale sur l’indice mondial Standard & Poors des entreprises responsables (indice World S&P RI Responsible Investing) ou un autre feu vert pour qu’il suive l’indice des entreprises spécialisées dans le recyclage et l’économie circulaire.

Je rappelle que les grandes entreprises du CAC 40 se sont acculturées en vingt ans au développement durable, grâce à la loi NOTRE de 2001 qui les a obligées :

à maîtriser les concepts de l’ESG (Environnement, Social et Gouvernance)

à établir des bilans de leurs émissions de gaz à effet de serre,

à produire des rapports annuels extrafinanciers,

 à identifier les enjeux tangibles et pertinents (« material » en anglais) etc…

A ce jour l’ensemble des entreprises sont donc beaucoup plus compétentes, et de manière assez uniforme et partagée, sur les sujets climat, biodiversité et ressource hydrique, que ne le sont les professionnels de la finance, lesquels commencent tout juste à s’impliquer dans des orientations plus vertes.

C’est pour cette raison que la finance sous-traite la compréhension de ces questions climat/biodiversité/eau à des agences de notation extra financières. Et celles-ci ont tiré parti de leur expertise d’évaluation pour proposer des politiques d’investissement toutes prêtes aux investisseurs, quasiment des sélections de portefeuilles sur étagère.

L’avenir passera forcément par une acculturation massive de tous les financiers, qui ne sauraient durablement déléguer leurs réflexions et leurs choix à quelques agences de notation.

Dans un premier temps, pendant les dix dernières années, les financiers ont donc suivi les conseils des experts (les agences de notation et les fabriquants d’indices) et ont cessé d’investir et même ont désinvesti hors/dans les entreprises les plus déplorables du point de vue environnemental et sociétal : armement, alcool, prostitution, …

Cette réaction de défiance est utile et permet de se séparer de pollueurs climatiques et sociétaux avérés, et donc contribue peut être à diminuer les pollutions correspondantes.

Toutefois, cesser les investissements bruns, ce n’est pas multiplier les investissements verts.

Et précipiter les entreprises dans la faillite détruit leurs emplois.

La limite des politiques de placements financiers dites d’exclusion, c’est qu’elles ne suffisent absolument pas à construire l’économie verte dont nous avons besoin très vite, maintenant que nous avons patiemment patienté pendant cinquante ans (Club de Rome 1968, Rapport Meadows 1971) pour être bien sûrs que la machine est vraiment cassée.

Regardons maintenant ce que la finance a commencé de faire.

Dans un mouvement démocratique de sensibilisation de l’opinion publique, l’ONG Carbon Tracker a pointé et fait reconnaître la nocivité climatique du charbon. Cette action a débouché sur des prescriptions « grand public » de désinvestissement hors de telles entreprises.

Toutefois à ce jour, ni la Chine ni l’Inde, qui sont des bâtisseurs compulsifs de centrales énergétiques thermiques au charbon, n’ont altéré leur programme dantesque de constructions (une par semaine !)

Les limites de l’action des ONG tiennent au caractère non démocratique de la Chine, qui pourrait tout à fait choisir d’autres énergies,  et aussi au caractère très nécessiteux de l’Inde, qui est très heureuse de pouvoir exploiter du charbon, ressource peu chère et abondante, importable ou  disponible sur son territoire.

Par ailleurs, la cessation des flux financiers pour financer l’exploitation du charbon ne doit pas conduire à brader les outils de production à des opportunistes, qui rachèteront pour une bouchée de pain et acharnement-thérapeutiqueront les usines mortifères (cas de Krétinski en France)

Bien au contraire, les propriétaires (et leurs financeurs) de telles installations doivent absolument les démanteler pour en empêcher la poursuite de l’utilisation, et les remplacer par des outils de production d’énergie renouvelable.

C’est le cas d’Engie qui reconditionne en Australie un complexe d’extraction/exploitation de charbon, et qui implante une centrale photovoltaîque sur les bâtiments des installations minières et thermiques déconstruites.

Ce précédent en cours de l’abandon du charbon, est suivi en ce moment même par un début de désinvestissement du pétrole et du gaz. Les énergies renouvelables : éolien et solaire, leur deviennent économiquement comparables et peuvent donc les remplacer, sous réserve que les problèmes de maîtrise des réseaux électriques et les problèmes des capacités de stockage puissent être résolus maintenant. Le nucléaire va être maintenu en vie suffisamment longtemps pour nous permettre de limiter le réchauffement climatique à 1.5°C / 2°C

La finance est donc en train de déplacer ses fonds d’un secteur énergétique ancien vers un autre tout neuf. Elle y laisse des plumes parce qu’elle se sépare de ses actifs pétroliers et gaziers dans de très mauvaises conditions financières. Et il est assez inévitable que ce délaissement massif de ces deux secteurs Pétrole et Gaz sera de plus en plus catastrophique financièrement, parce que de moins en moins de repreneurs auront envie, et seront capables, de racheter ces actifs délaissés (« stranded assets »)

Il aurait été plus rentable financièrement que les investisseurs aient fortement incité ces vingt dernières années les entreprises pétrolières et gazières à migrer rapidement vers l’éolien et le photovoltaïque, pour sauvegarder leur outil de travail, maintenir l’emploi de leurs collaborateurs et conserver une valeur boursière conséquente.

Discutons maintenant de ce que devrait être la cible de la transition écologique.

Dominique Bourg propose de rationner les quantités d’objets et de services consommées par chaque citoyen/NE, afin de limiter mécaniquement les atteintes au climat, à la biodiversité et à l’eau douce.

Bruno Latour propose de créer l’autodescription de la cible de la transition écologique, par le questionnement des citoyens, ce qui apportera l’adhésion collective nécessaire à la réussite des projets de transition.

Quant à moi, voici mes réflexions.

Il s’agit de cesser toutes les atteintes au climat, à la biodiversité et à la ressource hydrique d’ici 2050, tout en conservant un niveau élevé d’emploi et de confort matériel.

On s’appuiera donc sur la diminution drastique des consommations de ressources matérielles (minéraux, énergies et eau douce) grâce à la mutualisation des appareils et des objets que l’on fabriquera moins nombreux et beaucoup plus robustes.

On peut évoquer le secteur de la mobilité comme exemple de cette mutualisation : partage des véhicules automobiles électriques ou hydrogènes (comme on partage les métros et les autobus) et généralisation des modèles d’affaires fondés sur l’économie de fonctionnalité (service de mobilité au lieu de possession d’outils de déplacement)

L’innovation organisationnelle pour basculer dans ces nouveaux modèles d’affaires, est tout aussi nécessaire que l’innovation technologique pour cesser les pollutions climatiques, biodiversitaires et hydriques.

Muni de ce cadrage général et lisible, on peut mieux décrypter ce que la finance devrait/devra faire.

Elle devra massivement et urgemment, et parfois de concert avec les finances publiques,

d’une part contribuer à supprimer les causes des pollutions qui impactent l’environnement, les atténuer et en réparer les conséquences, « inside-out »,

et d’autre part contribuer à surmonter (adaptation)  les conséquences sur les entreprises des dégradations de leur environnement, qui découlent des bouleversements climatiques/diversitaires/hydriques, « outside-in. »

Il faudra donc, massivement et urgemment :

- financer les innovations organisationnelles et techniques du flux des nouvelles entreprises inaugurant les nouveaux modèles d’affaires,

- financer les changements organisationnels et techniques par les projets de conversion des entreprises existantes (stock) en direction de ces nouveaux modèles d’affaire, 

- financer les innovations technologiques, telles que par exemple aviation et marine marchande motorisées à l’hydrogène d’origine électrolytique éolienne et photovoltaïque,

- financer les actions de suppression des causes des catastrophes climatiques, par exemple avec captage et réutilisation obligatoire climatiquement séquestrante des énormes quantités anthropiques de gaz carbonique, de méthane et d’oxydes d’azote présentes dans l’air et dans l’océan,

- financer la reconstitution de la biodiversité, sur le modèle de la forêt atlantique brésilienne (Salgado)

- financer la renaturation hydrologique de tous les bassins versants.

Eu égard au caractère vital de tous ces projets d’entreprise, qui doivent nous tirer d’affaire collectivement, il faut maintenant s’habituer à ne pas redouter la pénurie de capitaux pour les financer, il faut imaginer que les vannes financières sont grandes ouvertes et que la survie de notre espèce est le principal retour de ces nombreux investissements.

Dès que nous ne serons pas morts de chaud ou de guerre climatique, nous étudierons comment apurer les dettes financières que nous aurons créées.

Les précédents des guerres mondiales montrent que c’est en ponctionnant violemment les grandes fortunes que les états belligérants ont assaini leurs finances publiques (Picketty)

Quelques commentaires éthiques, organisationnels et humanistes concernant ces diverses actions.

L’histoire du bâtiment est très riche d’enseignements. Pendant de nombreuses années les entreprises du secteur se sont concentrées sur les questions de consommation énergétique pendant la vie des bâtiments. De concert avec les chauffagistes et les frigoristes, elles ont fait progresser la technique de construction (RT 2012) et les pratiques énergétiques d’exploitation des bâtiments. A ce jour le résultat probant est que les constructions neuves dépensent moins d’énergie que les anciennes.

- Toutefois l’énergie grise et les pollutions climatiques, biodiversitaires et hydriques des matériaux de construction utilisés, sont toujours autant émises qu’auparavant, et elles comptent pour 40% de l’empreinte écologique d’un bâtiment neuf.

- De plus, à se concentrer sur les constructions neuves qui ne pèsent chaque année que 1% du parc bâti, on n’a toujours pas réhabilité le parc existant, qui émet toujours autant de polluants climatiques, biodiversitaires et hydriques.

Cet exemple est à méditer pour la finance : pour chaque secteur ou filière économique, il faut traiter simultanément le stock et les flux (le parc bâti et les constructions neuves) et il ne faut pas croire qu’ améliorer les aspects énergétiques sera suffisant pour rester à 1.5°C/2°C

Sur ce dernier point, et dans le même esprit, il faut savoir que l’analyse de cycle de vie montre que la  construction d’un SUV de deux tonnes provoque l’émission de 60 tonnes équivalent carbone, soit trois fois les émissions annuelles d’un Français : diminuer les émissions du moteur ne compensera jamais le gaspillage climatique initial.

Une autre remarque importante concerne le désinvestissement hors des entreprises brunes. La comparaison avec le secteur du bâtiment est là aussi très éclairante. La réhabilitation d’un bâtiment est beaucoup moins polluante que la destruction puis la construction d’un autre bâtiment (40 fois moins !)

C’est tout à fait transposable à la question de la destruction créatrice :  il est bien préférable, bien plus efficace et bien plus rapide, que les investisseurs accompagnent fermement les entreprises vers la soutenabilité (« conversion écologique ») en conservant toutes les équipes, qui vont apprendre les nouveaux métiers, plutôt que de désinvestir des entreprise brunes pour les étrangler financièrement et les tuer, et licencier toutes les équipes, pour ensuite financer de nouvelles entreprises vertes et vertueuses et recruter de nouvelles équipes.

Examinons maintenant les pratiques très nouvelles de la finance verte.

La sensibilisation des professionnels de la finance est maintenant suffisante pour qu’ils soient majoritairement décidés à « virer écolo ».

Ils réclament une normalisation des indicateurs et des rapports extrafinanciers, pour être capables de supputer les perspectives d’avenir financier des entreprises candidates « investees »

Cette normalisation est difficile à mettre en oeuvre : comment normaliser des indicateurs qui reflètent des phénomènes totalement nouveaux et non encore avérés (les nouveaux modèles économiques permettant de maintenir le confort et de préserver l’environnement)

Il faut donc rechercher une solution simple pour faciliter des décisions complexes.

L’approche dite « impact investing » permet de proposer une méthode de choix des entreprises candidates « investees » qui repose sur un juge de paix évident, intuitif et parlant.

Il s’agit de leur impact environnemental trimensionnel : climat, biodiversité et eau douce.

On devra disposer rapidement d’une approximation normalisée et normative qui concerne la reddition de trois indicateurs, qui synthétisent avec pertinence les impacts « inside-out »

- La valeur monétaire des émissions de gaz à effet de serre, passées, présentes et futures, mesurées en tonnes-équivalent CO2

- La valeur monétaire de l’empreinte écologique passée, présente et future, c’est-à-dire à la fois les superficies physiques occupées par les emprises directes et indirectes des locaux de l’entreprise, et les superficies conventionnelles représentatives des extractions qu’elle consomme.

- Le coût passé, présent et futur du remplacement immédiat, local, intégral et soutenable de la ressource hydrique,  grâce à la maintenance écologique des bassins versants (coût de renouvellement soutenable des services écosystémiques rendus par les ecosystèmes bassins versants)

Une autre tendance très intéressante que l’on observe actuellement, consiste à financer la conversion de tout un secteur économique, par exemple le service des eaux . Cette approche permet aux financiers de se spécialiser dans la prospective d’un seul secteur économique, et de devenir compétents quant aux solutions entrepreneuriales pertinentes, qu’ils vont donc pouvoir financer en connaissance de cause.

Votre serviteur propose une application très ambitieuse de cette démarche par secteur et filière, afin de créer de toutes pièces de nouveaux compartiments de la vie économique.

Par exemple la filière de la marine marchande à l’hydrogène comportera les collecteurs d’énergies éolienne et photovoltaÏque implantés dans le domaine maritime, les installations pour convertir l’électricité en hydrogène (électrolyse de l’eau de mer) les convertisseurs du gaz hydrogène peu dense et très explosif en acide formique dense et transportable sous forme liquide aux conditions normales de température et de pression, les moteurs électriques animés par les piles à combustibles alimentées en acide formique…

Il faudra donc constituer des pools de financeurs (task forces de financeurs) pour accompagner des pools d’entreprises (task forces d’entreprises) qui s’impliquent dans ce projet macroéconomique.

On peut regarder le précédent de l’« Europe des batteries » qui répond exactement et précisément à ce schéma, avec en plus une forte participation des Etats et de l’Europe.

Le grand précurseur de la création ex nihilo de secteurs économiques entiers et totalement nouveaux, c’est Tesla qui a inauguré une révolution technologique et écologique de ce type, dans la filière de l’automobile. Son financement a été et est toujours le fait des grandes fortunes US, notamment de la Silicon Valley, qu’il a su faire rêver.

Les interactions de la finance avec les Etats, les organismes de tutelle et les régulateurs du marché financier

La finance interagit au quotidien avec les entreprises, qu’elle soumet à ses humeurs et à ses diktats (court termisme, maximisation des gains financiers, externalisation comptable des sujets gênants…)

Elle est symétriquement (en théorie…) soumise aux humeurs et aux diktats des Etats.

En pratique toutefois, ce sont des financiers « verts » qui sont montés au créneau pour inciter/forcer les Etats à légiférer en faveur du remplacement des finances brune et grise par la finance verte.

La suppression des subventions aux énergies fossiles est un chantier financier ouvert et qui va sans doute aboutir prochainement .

Un pricing des pollutions climatiques/biodiversitaires/hydriques est à l’ordre du jour, notamment aux frontières de l’Europe, et une récompense financière significative pour la production d’impacts positifs dans ces trois domaines est également en cours.

Enfin, un effort important a été mené par l’Europe pour normaliser la définition de ce que sont les entreprises vertes (« taxonomie ») afin d’aider les financiers à s’y retrouver dans ces sujets de transition écologique.







Conclusion

 

Toutes les professions doivent « virer leur cuti » le plus vite possible.

La finance, parce qu’elle surplombe la totalité de l’activité économique, a besoin de parcourir un chemin conceptuel beaucoup plus considérable que les autres professions.

L’orgueil et la morgue qui caractérisent les financiers, imbus de leur droit de vie ou de mort sur l’économie réelle, est un obstacle très difficile à surmonter, parce que l’apprentissage de nouveaux paradigmes requiert un minimum d’humilité pour accepter le changement.

 

 




 


  

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