Focus sur Okoo, la nouvelle marque jeunesse de France Télévisions
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Focus sur Okoo, la nouvelle marque jeunesse de France Télévisions

Gratuite et sans publicité, Okoo est la nouvelle offre pour enfants de France Télévisions, accessible sur tous les écrans - télévision connectée, TV, tablette ou encore ordinateur. Sous ce nom sont regroupés les créneaux horaires jeunesse des antennes de France 3, France 4 (jusqu’à sa fermeture) et France 5 ainsi qu’une plateforme numérique lancée le 9 décembre dernier. Décryptage de ce nouveau service dédié aux enfants de 3 à 12 ans avec Tiphaine de Raguenel, directrice des jeunes publics et de l’animation de France Télévisions.

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Tiphaine de Raguenel France Télévisions/DR

Quels étaient les principaux défis à relever lors de la création d’Okoo ?

L’un des principaux était l’obtention des droits des programmes pour cette offre pour laquelle nous voulions sortir d’une logique de replay pur. Il fallait proposer des programmes numériques natifs ainsi que d’autres contenus, mais indépendamment de leur diffusion à l’antenne. Il y avait aussi un défi technologique pour avoir une expérience simplifiée, sécurisée et véritablement dédiée aux enfants, avec des contenus adaptés à leur âge. Les parents devaient également avoir la possibilité de contrôler l’usage qu’en font leurs enfants, d’où la présence d’un minuteur. D’autre part, il y avait un défi de distribution car cette offre devait être présente sur l’ensemble des écrans utilisés par les enfants. Enfin, il fallait articuler cette offre numérique avec l’antenne et créer une marque unique.

Pourquoi avoir choisi une logique de programmation misant sur le numérique avant l’antenne ? Est-ce pour suivre l’exemple de d’autres plateformes, comme celle d’Arte sur laquelle les séries sont visibles avant leur diffusion antenne ?

Suivre le mouvement n’était pas une obligation. Mais à partir du moment où nous sommes dans un contexte de fermeture de France 4, à partir du moment où l’antenne linéaire dédiée aux programmes jeunesse disparaît, nous pensions qu’il fallait inverser la façon dont le numérique était utilisé jusqu’ici, afin de le mettre au centre de l’offre. C’est une manière d’anticiper les usages et de s’adapter aussi à de nouveaux concurrents, comme Netflix ou Disney + qui va arriver, en offrant les mêmes opportunités de consommation.

Comment ont été construites la programmation d’Okoo et sa ligne éditoriale ?

En tenant compte de notre positionnement spécifique de service public et en distinguant notre proposition de celles de nos concurrents, notamment grâce à une forte présence de l’animation française dont nous sommes le premier partenaire. L’animation devait aussi avoir une place importante sur le numérique, d’où nos discussions avec les producteurs français qui ont d’ailleurs très bien compris l’enjeu et nous ont accompagnés. Nous voulions aussi avoir une offre ludoéducative, qui aide les enfants à grandir, à se construire, et qui propose des contenus adaptés aux différents âges. Il y a un foisonnement de programmes sur le numérique, mais il est parfois difficile de savoir si un dessin animé est adapté à un enfant de 4 ou 8 ans, voire à un enfant tout court. Editorialement, nous sentions qu’il fallait explorer des thématiques peu vues chez nos concurrents, comme la poésie, l’apprentissage de la lecture, la science avec C’est (toujours) pas sorcier, la chanson avec Les Comptines d’Okoo, l’art et la culture avec BAAM – De l’art dans les épinards

Le non-linéaire permet-il une plus grande liberté de formats que le petit écran ?

Je n’en suis pas convaincue même si c’est l’image souvent véhiculée par le numérique. Pourtant, nous avons toujours eu une grande liberté éditoriale à l’antenne. Le rôle du service public est de favoriser de nouveaux types de formats et au sein de l’unité jeunes publics et animation, nous avons un responsable de Recherche et développement. Nous nous intéressons par exemple depuis longtemps aux formats hybrides qui mélangent animation et images en live-action. Le numérique permet de s’ouvrir aussi bien à l’animation qu’à d’autres genres plus difficiles à exposer sur les antennes linéaires, comme les programmes de flux. Au lancement de la plateforme, il y avait plus de 100 programmes différents, ce qui représente 3 000 épisodes environ. Nous n’aurons jamais la même richesse à un instant T sur le linéaire où le temps est naturellement limité.

Okoo marque le retour de C’est pas sorcier, rebaptisé C’est (toujours) pas sorcier. Comment a été conçue cette nouvelle version ?

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Max Bird, Cécile Djunga et Mathieu Duméry, présentateurs de C'est (toujours) pas sorcier Okoo/France Télévisions

Nous avions la volonté de faire un magazine scientifique et assez rapidement, nous avons réalisé que C’est pas sorcier était une référence du genre. Ce magazine a une dimension encyclopédique : chacun peut aller chercher la thématique qui l’intéresse, ce qui se prête assez bien à une diffusion sur le numérique. Nous avons actualisé le propos scientifique pour prendre en compte les nouvelles théories et hypothèses, et nous avons un peu changé la forme. Il y a ainsi trois animateurs (Max Bird, Cécile Djunga et Mathieu Duméry) qui viennent d’univers différents et qui ont chacun un rôle : le scientifique, l’explorateur et le perturbateur, qui est davantage dans l’humour. L’univers est visuellement différent puisque le camion a été remplacé par une cabane. Mais ce qui fait le cœur de la démarche scientifique est toujours là : on retrouve des maquettes, des illustrations et des reportages pour vulgariser.

Pour Okoo, vous êtes-vous inspirés de l’exemple à succès de France tv slash, la plateforme numérique pour les jeunes adultes ?

Nous ne sommes pas partis de Slash, nous avons vraiment pris comme point de départ les sujets qui intéressent les enfants et qu’ils consomment sur les antennes (linéaires ou non). Les comptines, qui fonctionnent bien sur le digital, ont été par exemple travaillées avec un soin très particulier. Nous sommes allés chercher Yvan Cassar, compositeur reconnu, qui a assuré la direction artistique, et des interprètes connus. Nous avons complété l’offre importante en animation avec des sujets qui mobilisent des références aussi adaptées aux enfants. Si l’animation est le genre roi pour le jeune public jusqu’à 9 ans, après cet âge, ils deviennent plus sensibles aux représentations plus réelles du monde. Il était donc important d’avoir des fictions ou des documentaires proposant aussi ces approches-là.

Outre le choix des contenus selon l’âge, quelles sont les fonctionnalités mises en place pour ce jeune public qui, s’il est habitué aux écrans, ne peut pas tout voir et ne doit pas trop voir ?

La home s’adapte en fonction de l’âge : elle est simplifiée pour les enfants de 3 à 6 ans, avec une entrée par programme permettant de visualiser rapidement ses héros préférés et de lancer le visionnage. Pour les plus de 6 ans, la navigation est aussi bien verticale qu’horizontale avec des playlists éditorialisées offrant une profondeur de choix plus importante. Nous avons également beaucoup travaillé sur la marque et sa déclinaison graphique. L’univers est très coloré, le logo qui est présent aussi bien à l’antenne que sur l’application a des déclinaisons selon le contexte, et avec ses yeux qui s’animent, il a un côté très ludique. Notre volonté était de faire une marque globale qui soit la référence des enfants.

Est-ce une manière également de créer un lien avec le téléspectateur de demain ?

Absolument, c’était notre objectif de départ. Il fallait se demander : comment, dans le contexte d’arrêt d’une chaîne qui est puissante aujourd’hui sur les enfants, maintenir un lien fort avec ceux qui seront les téléspectateurs de demain ? Il y avait aussi un enjeu culturel puisque nous voulions valoriser l’animation française dans un paysage audiovisuel où d’autres pays, comme les Etats-Unis et le Japon, sont très présents. Il fallait enfin conserver une approche éducative même si la forme est divertissante. On apprend quelque chose avec l’animation, même si ces contenus ne sont pas présentés comme des séries d’apprentissage. Et les variétés de formes visuelles – la 2D, la 3D, les marionnettes en volume, le stop motion – sont déjà pour nous les prémices d’une éducation à l’image.

Source : CNC


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