Fonds de roulement, besoin en fonds de roulement : choix des termes

Fonds de roulement, besoin en fonds de roulement : choix des termes

Après notre étude critique sur le mode de calcul du fonds de roulement et du besoin en fonds de roulement, nous avons jugé nécessaire de la compléter par cette partie qui sera consacrée aux termes utilisés en analyse financière.

Tout le mérite revient à Monsieur Khelifa BELALA (1) qui a su attirer notre attention sur ce sujet par son avis exprimé lors de notre précédente étude.

La publication de ce présent article se veut être un partage avec la communauté des financiers d’une étude qui a été réalisée depuis vingt ans sans avoir l’opportunité de la publier faute d’espaces de publication à l’époque et ayant pour principal thème : Fonds de roulement, besoin en fonds de roulement : choix des termes. Il est proposé selon le plan qui suit nos avis sur les termes utilisés en analyse financière ainsi que nos propositions de nouvelles appellations que nous considérons plus appropriées pour définir les différentes notions d’analyse financière.

  • Fonds de roulement
  • Besoin en fonds de roulement
  • Nouvelle présentation du bilan financier
  • Conclusion
  • Annotations

Fonds de roulement

D’après le dictionnaire de la comptabilité (2), il existe au moins deux conceptions du fonds de roulement :

  • Le fonds de roulement net : représente la partie des capitaux permanents qui n’est pas utilisée pour le financement des actifs immobilisés ;
  • Le fonds de roulement total : ou le fonds de roulement brut représente l’actif circulant.

D’après la première conception, deux critères sont exigés pour qu’un fonds soit considéré comme un fonds de roulement :

  • La disponibilité des fonds : ne servant pas au financement des actifs immobilisés ;
  • La permanence des fonds : existant au sein de l’entreprise au-delà d’une année.

A mon avis, si le critère de disponibilité trouve son argument dans le rôle attribué au fonds de roulement autant qu’un fonds destiné au financement des opérations à court terme – le cycle d’exploitation en premier lieu –, il est tout à fait subjectif d’exiger le critère de permanence qui entraîne l’exclusion des ressources à court terme et ce pour les raisons suivantes :

  • La permanence dont jouissent les fonds permanents n’est pas une spécificité exclusive à ces fonds, car une observation approfondie de certains postes des ressources cycliques telles que les dettes-fournisseurs, nous confirme qu’en terme de valeur globale ces postes jouissent également de cette permanence et ce malgré leur caractère cyclique, puisse que le règlement d’une dette coïncide assez souvent avec une nouvelle dette contractée ce qui permet à ces postes de maintenir un niveau stable de valeur tant que le niveau d’activité ainsi que les modalités de gestion sont maintenus « volume de stocks, délais de règlement…etc. » ;
  • En absence d’un fonds de roulement – fonds de roulement nul ou négatif –, le besoin en fonds de roulement est financé systématiquement par des ressources à court terme en accomplissant le rôle attribué à la partie excédentaire des fonds permanents ;
  • La distinction entre les fonds fixes et le fonds de roulement ne peut être faite que par leurs utilisations « emplois » et non pas par leurs origines « ressources » d’où on ne peut faire une distinction entre la partie restante des fonds permanents après financement des actifs immobilisés et les ressources cycliques car ils accomplissent tous les deux le rôle de fonds de roulement ;
  • Comme le précise si parfaitement le terme anglo-saxon Working Capital, le fonds de roulement est un fonds qui est à la disposition de l’entreprise pour le financement de ses opérations à court terme ; d’où il est tout à fait évident qu’elle ne peut financer ce type d’opérations uniquement avec la partie excédentaire des capitaux permanents mais au contraire cette partie ne représente qu’un fonds subsidiaire des ressources cycliques ;
  • Par opposition à la notion des fonds fixes « actifs immobilisés », le fonds de roulement est caractérisé par sa circulation régulière. Ce critère de circulation s’applique aussi bien aux ressources à court terme qu’à la partie excédentaire des capitaux permanents.

Pour toutes ces raisons évoquées, nous pensons que la deuxième conception est plus logique et appropriée pour définir le fonds de roulement.

Selon cette approche, on peut déterminer trois niveaux ou types de fonds de roulement :

  • Le fonds de roulement total ou global : représente l’ensemble de l’actif circulant ;
  • Le fonds de roulement utilisé : représente seulement une partie de l’actif circulant réellement utilisé par l’entreprise ce qui exclut les disponibilités qui représente un fonds de roulement inutilisé ou un fonds de roulement de réserve ;
  • Le fonds de roulement d’exploitation : représente seulement une partie de l’actif circulant qui est utilisée réellement dans le financement de l’exploitation ce qui exclut les créances hors exploitation. Ces dernières représentent un fonds de roulement hors exploitation.

Cette classification du fonds de roulement permet une analyse plus approfondie de la manière d’utilisation des fonds disponibles au sein de l’entreprise par la méthode des ratios.

A mon avis, le terme le plus adéquat, pour définir la partie restante des fonds permanents après financement des actifs immobilisés est la capacité de financement d’exploitation (CFE) car après la financement de ses actifs immobilisés, l’entreprise se retrouve avec un excédent de fonds représentant une capacité de financement qu’elle peut utiliser dans son cycle d’exploitation si les ressources cycliques, destinées initialement pour ce type de financement, sont insuffisantes autrement ces fonds sont utilisés dans le financement des emplois hors exploitation, comme elle peut les garder sous forme de liquidités en trésorerie. Si les fonds permanents ne parviennent plus à financer les actifs immobilisés, cette capacité devient une insuffisance de financement d’immobilisations (IFI).

Besoin en fonds de roulement

Comme on l’avait indiqué au début, ce fut Monsieur BELALA qui a attiré notre attention sur l’utilisation appropriée du terme besoin de financement d’exploitation (BFE) au lieu du besoin en fonds de roulement (BFR) dont nous rejoignons le point de vue pour les raisons suivantes :

  • Le terme besoin de financement d’exploitation (BFE) définit l’objet ou la finalité des fonds exigés, par contre le besoin en fonds de roulement (BFR) définit la nature de ces fonds ; malgré l’idée admise que le fonds de roulement représente le reste des fonds permanents après financement des actifs immobilisés, chose que nous avons remis en cause dans la partie précédente, on ne peut être certain dans tous les cas que le financement de ce besoin soit restreint seulement au montant du fonds de roulement sans avoir recours aux ressources acycliques « hors exploitation » si ce fonds demeure insuffisant. Donc ce recours ne se limite pas uniquement à la valeur du fonds de roulement mais peut être satisfait par toute autre ressource de financement disponible quelque soit son origine ;
  • L’existence d’un besoin au niveau de l’exploitation est générée par l’insuffisance des ressources cycliques par rapport aux emplois cycliques, il est tout à fait évident que ce besoin ainsi que les emplois cycliques sont tous les deux financés par le fonds de roulement quelque soit son origine. Donc en réalité, il n’existe pas un besoin en fonds de roulement (BFR) mais plutôt un manque de financement d’exploitation par les ressources cycliques que nous préférons appeler besoin de financement d’exploitation (BFE). Ce besoin est financé systématiquement par la partie restante des fonds permanents après financement des actifs immobilisés que nous avons proposé d’appeler capacité de financement d’exploitation (CFE) ;
  • L’apparition de la notion de besoin en fonds de roulement (BFR) est due essentiellement à celle de fonds de roulement (FR) autant que partie restante des fonds permanents après financement des actifs immobilisés que nous avons remis en cause, d’où il est compatible d’utiliser avec notre nouvelle proposition d’appellation capacité de financement d’exploitation (CFE) le terme besoin de financement d’exploitation (BFE).

Si les ressources cycliques parviennent à financer la totalité des emplois cycliques, le besoin de financement d’exploitation (BFE) devient un excédent de financement d’exploitation (EFE).

En plus du besoin de financement d’exploitation (BFE), on peut aussi déterminer au sein de l’entreprise deux autres sortes de besoins, un besoin de financement hors exploitation (BFHE) ainsi qu’un besoin de financement de trésorerie (BFT) dont le fait de détenir des fonds en trésorerie sous forme de liquidité équivaut à un emploi et chaque emploi est un besoin qui nécessite un financement.

Nouvelle présentation du bilan financier

Selon les points traités dans cette étude, le bilan financier se présente ainsi :

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Conclusion

Le choix des termes revêt une importance capitale dans toute discipline car chaque terme choisi véhicule un sens qui doit correspondre parfaitement à l’objet ou le concept sujet de dénomination. D’ailleurs, c’est pour cette importance qu’il existe une discipline consacrée à l'étude scientifique des notions et des termes en usage dans les langues de spécialité en l’occurrence la terminologie.

Annotations

(1)   Dans les années 2000, directeur du centre d’enseignement et recherche en management général à l’ISGP–Alger 

(2)   Le dictionnaire de la comptabilité, Les publications fiduciaires 2ème édition 1984 page 424

(3)  Marge sur coût de revient = Prix de Vente (HT) – Coût de Revient

(4) Le coût de revient représente toutes les charges d’exploitation supportées par l’entreprise, les dotations aux amortissements et aux provisions sont exclues

(5)  La vente engendre un décaissement ou un endettement d’un montant de TVA

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