Foot, soccer, passeports et connexions 20 ans après, la boucle est bouclée
Il y a vingt ans exactement, en juillet 1998, je me trouvais en France, au Cap Ferret, entre l’Océan et le bassin d’Arcachon à environ 80 kilomètres de Bordeaux. J’étais à l’époque enceinte de ma deuxième fille et nous étions en famille dans une maison de vacances héritée de mon grand-père où je ne suis pas retournée depuis hélas.
La Coupe du monde de foot était à son comble, puisque la France jouait contre le Brésil pour gagner en fin de compte. Malgré le fait que je sois certainement la personne la moins concernée par le football, ce souvenir demeure puissant. L’ambiance était fébrile et bien que nous ayons été au calme proche de l’océan dans la pinède, le match était suivi en direct avec passion et à plein volume.
Aujourd’hui, ma fille cadette, celle dont j’étais enceinte à cette époque, m’a envoyé quelques photos de la Dune du Pilat où elle fait étape lors de son road trip en France. Il faut préciser, pour ceux qui n’auraient pas eu le bonheur de connaître cette région, que la Dune du Pilat (la plus haute d’Europe semble-t-il) se trouve, à l’autre extrémité du Bassin d’Arcachon, exactement en face du Cap Ferret.
Ainsi, d’une certaine façon, la boucle est bouclée, en 20 ans, d’une Coupe de foot à l’autre, d’une maman française vivant au Québec à sa fille jeune adulte née au Québec parcourant maintenant cette France dont sa famille est originaire...
Nos racines sont multiples et nos références interconnectées. Ce souvenir de coupe de football en 1998 m’est cher parce que je me souviens du plaisir de ces vacances avec ma sœur, ma fille aînée, mon amoureux, enceinte de ce bébé, qui, je ne le savais pas encore, deviendrait une fantastique jeune femme en vacances juste au même endroit 20 ans après. Cette évocation sera à jamais rattachée au foot et ce avec plaisir !
Je ne sais ce qu’est devenue la maison sur l’avenue du Sémaphore mais pour moi, elle est un ancrage plein d’amour. J’y associe mon grand-père parti quand j’étais encore très jeune, les plages presque infinies, je repense aux folles marées, aux volets vermillon de la villa et aux craquements des épines de pin sous nos pas, au parfum enivrant des effluves océanes et des résineux…
Ce qui me reste de cette Coupe de foot, ce sont les liens qui sont si forts entre les êtres, les lieux, les connexions. La mémoire porte en elle tant d’histoires qui se croisent, s’enchevêtrent, de délient, se délitent parfois, se guérissent aussi.
Je suis française et mon histoire part de là. On part tous de quelque part, c’est notre point de départ, après, vient le chemin. Je fais référence à une France terre des Lumières et des droits de l’Homme. Depuis, je suis devenue Canadienne aussi et je vis avec grand bonheur au Québec depuis 22 ans déjà. C’est ici que mon histoire a continué à se tisser, se mêlant à bien d’autres histoires. Et si cette équipe de France est si talentueuse c’est aussi qu’elle est riche d’origines diverses notamment d’Afrique et d’Outre-mer ! Tout comme le Québec, terre d’immigration est fort de sa diversité. Clin d’œil de la vie, cette année, c’est avec des amis béninois d’origine, que j’ai pu suivre le match dans le fin fond de la forêt québécoise.
Ma fille, par ce geste anodin de partager des photos de vacances, m’a permis de souligner, s’il en était encore besoin, nos connexions improbables et si symboliques. Que, lors de son périple estival, elle se retrouve au même endroit sous le soleil exactement, 20 ans jour pour jour, après cette victoire qui avait ravi les foules en délire est une coïncidence pleine d’humour.
Alors que la vue du Cap Ferret n’était pas sciemment à son programme, le jour même de la Coupe de Foot, ma fille boucle la boucle. L’équipe de France, si talentueuse et bigarrée, a encore gagné, le cycle de la vie continue immuable. De la France au Québec, de mes origines à ses choix à elle, de nos racines à nos entraves, de l’importance de s’affranchir pour choisir ce que l’on décide de garder et ce que l’on libère de nos vies. L’immigration c’est aussi cela. Tous les immigrants, les expatriés pourront en témoigner. La rencontre et la diversité font immanquablement partie de l’équation de la vie !
Alors amis fous de foot, moi aussi, à ma manière je vais chérir la coupe… Et la fraternité, si chère aux idéaux de la France, est dans notre connexion à l’autre. Alors, pas besoin d’attendre la liesse d’une prochaine victoire, qui fera immanquablement des perdants, regardons plutôt la vie dans son sens premier, comme un terrain de jeu, en entreprise comme avec tous ceux que nous croisons. L’esprit d’équipe, de respect, de collaboration, la joie de partager et de vivre ensemble quelque chose de plus grand que nous peut se vivre ici et maintenant…
La balle est dans notre camp, à nous de jouer et que la vie gagne !
Cécile Lazartigues-Chartier Consultante en Interculturel
J'ai été émerveillé par ces dunes du pilat, rencontre entre forêt, mer et sable, c'est magnifique
General manager/Gestionnaire WebPresent: Communications & Analytics platforms provider.
6 ansSimplement magnifique.