Former les professionnels de l’ASE : l’extension du DPC comme solution
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Former les professionnels de l’ASE : l’extension du DPC comme solution

Former les professionnels de l’ASE : l’extension du DPC comme solution

L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en France continue de souffrir de graves lacunes malgré des moyens financiers considérables alloués à la protection de l’enfance. En 2019, près de 8 milliards d’euros ont été mobilisés, mais les résultats révèlent des dysfonctionnements alarmants. Le constat est sévère : 50 % des enfants placés sont victimes de maltraitance ou d’abus durant leur prise en charge. Ce chiffre, corroboré par les rapports de la Cour des Comptes et de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), souligne une défaillance structurelle préoccupante.

L'ASE échoue à protéger efficacement les enfants vulnérables qui lui sont confiés. Ces défaillances ont des répercussions dramatiques, notamment pour les anciens enfants placés, dont une partie finit en situation de grande précarité. Une étude menée par la Fondation Abbé Pierre montre que 25 % des sans-abri de moins de 30 ans en France sont d’anciens enfants placés. Cela témoigne d’un véritable échec à accompagner ces jeunes vers l’autonomie et l’intégration sociale.


Les failles d’un système sous-performant

Si les professionnels de l’ASE font souvent preuve de dévouement, ils manquent de compétences adaptées pour répondre aux besoins de plus en plus complexes des enfants qu'ils accompagnent. Environ 70 % des enfants placés souffrent de troubles psychologiques graves, mais les intervenants ne sont pas formés pour gérer ces situations de manière efficace. Le manque de formation continue des éducateurs spécialisés, des juges, des assistants familiaux, ou encore des policiers, contribue directement à ces échecs.

Les prises en charge mal ajustées, les décisions judiciaires inadaptées, et les placements toxiques, auraient pu être évités si les professionnels disposaient de formations régulières et à jour. Selon des associations comme Enfance-France et l’UNICEF, le manque d’encadrement et de formation spécialisée pour gérer les traumatismes et abus subis par ces enfants ne fait qu'aggraver leur souffrance.

La maltraitance n’est pas un phénomène isolé, mais une réalité qui touche une grande partie de la population des enfants placés, reflétant une crise plus large de la protection de l'enfance.


Le DPC : un modèle de formation continue adapté

Le Développement Professionnel Continu (DPC), déjà en place pour les professionnels de la santé, est une piste sérieuse à envisager pour résoudre ces problèmes. Le DPC impose à tous les soignants de suivre des formations régulières financées par l’État afin de maintenir leurs compétences à jour.

Pourquoi ne pas étendre ce modèle aux métiers de la protection de l’enfance ?

Les magistrats, gendarmes, policiers, avocats, assistants familiaux et éducateurs spécialisés pourraient bénéficier d’une telle obligation de formation.

Aujourd’hui, ces métiers n’ont pas de dispositif qui garantit que leurs connaissances sont actualisées, en dépit du fait qu’ils travaillent avec des enfants vulnérables, souvent traumatisés. Une formation obligatoire triennale permettrait de mieux adapter leur pratique aux réalités actuelles, en s’appuyant sur les dernières données scientifiques et psychosociales.

L’extension du DPC représenterait un progrès immense pour les enfants, qui bénéficieraient d’une protection plus adéquate, mais aussi pour la société. Former correctement ceux qui encadrent ces jeunes aurait un impact direct sur leur avenir. Si ces professionnels sont mieux préparés, cela réduira le nombre d’échecs dans le parcours des enfants placés et contribuera à la prévention des ruptures familiales, des dérives institutionnelles, et à la réinsertion des jeunes dans la société.


Un impact bénéfique pour les enfants et la société

L'extension du DPC aurait des bénéfices considérables à la fois pour les enfants placés et pour la société dans son ensemble. Mieux formés, les professionnels de l’ASE seraient en mesure d’offrir un accompagnement de qualité, réduisant ainsi les risques de maltraitance et d'abus. De plus, un suivi adapté permettrait d'améliorer les perspectives des jeunes placés à l'âge adulte, diminuant ainsi leur risque de précarité et leur exclusion sociale.

En outre, la formation continue des familles d'accueil, comme recommandé par l'IGAS, renforcerait leur rôle dans l'accompagnement des enfants placés. Ces familles, souvent peu formées, jouent pourtant un rôle crucial dans le développement émotionnel et psychologique des enfants. Une meilleure préparation de leur part pourrait permettre de limiter les ruptures de placement et de favoriser une prise en charge plus stable et sécurisante.


Une Solution mutuellement bénéfique

La proposition d'étendre le Développement Professionnel Continu (DPC) aux métiers de la protection de l'enfance repose sur une approche prospective visant à renforcer les compétences des professionnels dans ce domaine crucial. Inspirée par les succès observés dans d'autres secteurs, notamment celui de la santé, cette initiative vise à introduire des formations régulières et obligatoires pour les éducateurs spécialisés, les juges, les policiers et autres acteurs impliqués. Ces formations, financées par l’État, permettraient de mettre à jour leurs connaissances et pratiques en matière de gestion des traumatismes infantiles, d'application de meilleures pratiques pour les placements familiaux, et d'adaptation aux avancées psychosociales récentes.

Selon le rapport de l'Agence Nationale du DPC (ANDPC) de 2023, le coût des conséquences de la maltraitance infantile peut atteindre jusqu'à 10 milliards d'euros par an en France en frais médicaux, interventions sociales et coûts de justice. De plus, une étude de l'INSEE indique que chaque année, 1,5 million d'enfants sont exposés à des situations de maltraitance, ce qui souligne l'urgence de former adéquatement les professionnels qui les entourent.

L'extension du DPC à ces professions pourrait contribuer à réduire ces coûts tout en améliorant la qualité de vie des enfants placés et en diminuant leur risque de marginalisation à l'âge adulte. Cette réforme nécessiterait une collaboration étroite entre les autorités publiques, les collectivités locales et les organismes de formation pour garantir une mise en œuvre efficace et équitable à travers tout le territoire. L'objectif serait d'améliorer le soutien apporté aux enfants placés et de réduire les coûts sociaux à long terme associés à leur maltraitance et à leur exclusion.


Conclusion : l’urgence d’agir

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 50 % des enfants placés subissent des abus, et 25 % des jeunes sans-abri sont d’anciens enfants placés. Ces données, soutenues par les rapports de la Cour des Comptes, l'IGAS et les associations comme Enfance-France et l’UNICEF, montrent que la crise de l'ASE dépasse les seuls cas individuels et reflète une crise systémique et sociétale. Une réforme profonde est indispensable.

L'extension du DPC à tous les professionnels en lien avec la protection de l'enfance apparaît comme une solution à la fois novatrice et nécessaire pour mettre fin à ces dysfonctionnements. Former régulièrement ceux qui encadrent ces jeunes vulnérables est essentiel pour prévenir les abus, assurer leur protection, et garantir leur inclusion sociale future.

En tant qu'ancienne enfant placée, je crois fermement que cette proposition de réforme est une urgence sociale, non seulement pour sauver les enfants d’aujourd’hui, mais aussi pour protéger les adultes de demain.

Sources :

Viriyana Fernandez

Responsable Trésorerie et Crédit Clients. Fondatrice de ViMaVi Conseils et de PME ASSO. Par ce compte privé, j'aide à dénoncer les placements abusifs d'enfants dont ma fille a failli être victime.

2 mois

Ma sollicitation est l’ouverture d’une cellule d’enquête pour rendre les enfants placés abusivement à leurs familles, cela soulagera l’ASE et les permettra de mieux protéger les vrais enfants en danger et sans soutien. Le dossier demande de placement abusif de ma fille est à Bobigny et ma dénonciation pour Faux en écriture est en instance depuis un an. En 2023, pour soutenir ma fille victime de violence vicariante et d’harcèlement scolaire que le père et l’assistante sociale nient, j’ai dû arrêter de travailler (comme Responsable trésorerie du groupe des Éditions Gallimard) pour me battre seule contre eux tous, et la faire partir en internat privé loin de ceux qui se disent vouloir la protéger en la faisant placer comme si elle n’avait pas de mère, ni de tiers de confiance.

Hélène Romano

Dr en psychopathologie-HDR, Dr en droit privé et sciences criminelles

3 mois

Former les professionnels est en effet indispensable mais si cela reste du registre de l'incantation, il n'y a aucune perspective positive à prévoir. Élargir le DPC n'apportera rien en termes de qualité des formations. C'est un leurre total et une fausse bonne idée si vous portez attention au contexte actuel des formations. Nous constatons sur le terrain au quotidien des structures faisant appels à des formateurs ou à des organismes de formation non pas en raison de leur expertise et de leur expérience sur le sujet, mais de leur tarif. L'uberisation de la santé mentale se traduit aussi par ces formations lowcost où les décideurs prétendent former en quelques heures leurs professionnels en ayant recours à des intervenants qui ne maîtrisent pas le sujet mais qui, multipliant les formations, proposent des tarifs bradés. De nombreux organismes intervenant dans ce cadre, transmettent, comme cela a été dit, une idéologie antivictimaire assumée. Donc NON à l'uberisation des formations en protection de l'enfance. Il est URGENT de revoir les contenus des formations initiales et de proposer des formations continues de qualité avec des intervenants connaissant leur sujet #heleneromano

Jessica STEPHAN

Formatrice/consultante violences conjugales, intra-familiales, sexistes et sexuelles. Experte violences économiques

3 mois

L'idée est excellente, à la condition de contrôler le collège de formateurs/formatrices et de veiller aux contenus diffusés. Trop de formateurs porteurs d'idéologies anti-victimaires sont déjà présents dans les formations, et enseignent des contenus contraires aux valeurs Miprof et Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes.

Fabienne NEDELEC

Psychothérapeute Analyse systémique Hypnose Ericksonienne

3 mois

Totalement d'accord avec vous.

D’accord avec cette extension du DPC. Concernant les magistrats, ils sont soumis à une obligation de formation continue annuelle. L’offre de formation permet aux juge aux affaires familiales et des enfants de disposer de formations adaptées. Après c’est une question d’éthique de suivre ces formations… ou pas. https://www.enm.justice.fr/formations/magistrats#

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