Forum OCDE Paris 2020: l'activisme du chef d'entreprise, un nouveau leadership

Forum OCDE Paris 2020: l'activisme du chef d'entreprise, un nouveau leadership

Confronté aux nouveaux défis de son environnement, le chef d’entreprise évolue en permanence. C’est même une de ses principales caractéristiques. Ces évolutions modifient sa manière de concevoir et de mettre en œuvre son leadership. Quelques réflexions à ce sujet, alimentées par un atelier tenu au récent forum annuel de l’OCDE à Paris (20 et 21 mai derniers), ainsi que par des réflexions personnelles.

Le chef d’entreprise a des caractéristiques fortes : il écoute extrêmement bien (les gens qui croient toujours avoir raison n’écoutent personne), il est optimiste (pas question de bien faire le job sans être optimiste, c’est une question de survie personnelle), il prend des sujets et les traite (le fameux « you solve the problem, or you are part of the problem »).

Pas n’importe quel sujet bien sûr. La préférence va aux sujets de long terme, qui engagent l’entreprise pour les prochaines années, et dont dépend souvent sa survie. Avec « short term is boring », nos chefs d’entreprise activistes sont loin de la pression de la publication des résultats trimestriels. Cela implique de savoir se projeter, et décider, dans les incertitudes du futur. Cela ne va pas sans stratégie, un sujet que nous connaissons bien chez Wikane.

Cet état d’esprit vaut pour le chef d’entreprise, mais son secret va consister à diffuser ces qualités à travers toute son entreprise. Il sait dire les choses, même peu rassurantes, tout en conservant la confiance : « certes il y a un risque à aller dans cette direction, mais rester là où nous sommes est encore plus risqué ». Diffuser signifie partager, partager, partager. Avec tous les interlocuteurs de l’entreprise, à tous les niveaux de la chaîne de valeur et de représentativité. Et en quittant son bureau de directeur général. On parle alors de « walking management ». « Les collaborateurs vivent la même chose que le chef d’entreprise, peut-être plus en détail, car ils sont sur le terrain ». Apporter des solutions concrètes à des inquiétudes diffuses mais réelles des collaborateurs, souvent occultés par les dirigeants dans de nombreuses entreprises, permet de dégager une énergie phénoménale. L’ensemble de l’entreprise est mise sous tension positive, un autre terme souvent utilisé par Wikane.

Comment faire passer avec succès les messages ? Petit florilège : ne pas parler la langue de bois ; s’avoir reconnaître (a minima en interne) ses échecs ; parler de faits plutôt que d’émettre des avis ou opinions, toujours contestables ; savoir gérer en harmonie les problématiques de « fin de mois » et de « fin du monde » (le court terme et le long terme) ; ne pas dire des choses que l’on n’est pas certain de tenir réellement (essentiel, surtout pour les jeunes générations); aligner ses finalités personnelles avec sa vision d’entreprise et ses actions (encore un concept Wikane)…

Certes, mais l’écosystème ne réagit pas toujours comme ces dirigeants activistes ? Oui, c’est juste. Ils savent alors transformer ces contraintes extérieures en opportunités : la pression du résultat trimestriel (ou du facteur multiplicateur de valeur de l’investisseur) oblige à être meilleur, plus actif, plus efficace. Pour soi et pour les autres. D’où la notion d’employabilité : faire en sorte non pas de préserver des emplois, notion presque comptable, en tout cas statique, mais de créer les conditions pour que chacun puisse continuer à être actif au sein d’une structure économique, aujourd’hui et demain, dans un environnement parfois significativement changé.

Un résumé dense, mais ô combien rafraîchissant, de ce que nous pouvons chacun être dans nos entreprises. Pour notre plus grand bien, celui de l’ensemble des collaborateurs, et finalement de l’entreprise. A méditer, mais pas trop longtemps !


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