Freiner le temps ou rouler à 140 km/h ?

Freiner le temps ou rouler à 140 km/h ?

« Dépêche-toi, tu vas être en retard  ! »

« Vite, on doit partir dans 15 minutes ! »

« Oh non, je vais encore être en retard ! »

Lundi au petit matin. Course contre-la-montre. Combat acharné. L’indomptable décompte. Notre horloge biologique aurait bien pris une heure dans les bras de Morphée. Et Morphée aurait bien pris une pause dans sa matrice.  Le temps social a pris le dessus. C’est le moment des obligations et des responsabilités… ou pour ralentir et s’ancrer. Retrouver son propre mouvement. Faire de son lundi un nouveau commencement.

Une denrée rare

Nous avons accès à l’eau potable, à des épiceries qui regorgent d’aliments, à un toit qui nous protège des intempéries et à de l’or sous nos pieds. Ok, je vous l’accorde. Il y a aussi l’inflation. Des redevances monétaires qui ne se concrétisent pas. Une augmentation du taux d’itinérance et du prix des loyers.

Et si on partait à la recherche du temps ? Comme une sorte de ruée vers l’or, mais vers cette denrée de plus en plus rare, périssable et si précieuse ? On s’est battu pour des terres, de l’argent et notre patrie. Pourquoi ne pas tenter d’aller à contre-courant et de ralentir ? Je vous entends déjà dire que c’est peine perdue, que vous avez déjà essayé, et que le rythme effréné de notre culture ne nous donne pas le choix. En ce qui me concerne, il y a toujours une option. Même le choix de ne pas faire de choix.

Par les temps qui courent

Au début du 20ᵉ siècle, les enfants devaient travailler dans les usines pour subvenir aux besoins de leur famille. L’adolescence n’existait pas. Ce concept est en fait une création sociale. Tôt dans la vie, on se mariait et on avait des enfants.  Nos ancêtres n’avaient pas accès à l’électricité ni aux électroménagers. Les écrans étaient absents de notre quotidien. Les gens mettaient leur tête sur l’oreiller en même temps que le soleil, ou presque. Et c’est la lumière de l’aube qui les réveillaient. Notre chronobiologie était davantage respectée.

Maintenant, certains adolescents et adultes dorment avec leur cellulaire. Nous dormons moins pour ne rien manquer ou être plus productifs. On part une brassée de lavage et notre lave-vaisselle. On nous dit que les technologies nous feront « gagner du temps ».

Pouvez-vous m’expliquer alors pourquoi plusieurs parents désespèrent de leur charge mentale en cette ère numérique  ? Pourquoi les gens partent en « burnout », complètement épuisés de ne « plus avoir de temps » ? Pourquoi plusieurs personnes ont l’impression d’être surchargées ou dépassées ; overwhelmed ?  

Le temps s’essouffle. Il souffre lui aussi. On ne lui donne plus sa pleine mesure.  D’ailleurs, il se plaint d’être un peu trop « uptempo ». Est-ce possible de danser autrement avec lui ?  Parce que le Quickstep, le Charleston, la Polka et la Gigue à Saint-Dilon en continu, c’est utopique.  

« Mon cher temps, je vous invite à une valse. »

To be slow.


De la musique et des mots 🎶 :

BEYRIES - Du temps - 2024

HARRISON STORM - « Be Slow », 2020 

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