Gary Florimont : « Il y a une vraie émulation autour du projet »

À une époque où l’on est de plus en plus pressé d’établir et de réaliser son plan de carrière, il est rafraîchissant de faire la rencontre de personnes qui prennent le temps de profiter de chaque période de leur vie. Petite interview avec le numéro 1 de l’équipe de basket de Paris : Gary Florimont.

Gary, on attaque déjà la 6éme semaine de confinement, comment vis-tu cette période ? 

Le confinement se passe plutôt bien, je pense comme tout le monde ça commence à être un peu long. On aimerait tous un peu sortir, retrouver un peu notre liberté et notre champ d’action que ce soit professionnel ou amical, nos cercles d’amis, tout ça. Toute la planète est confinée. On essaie de trouver des activités, moi j’ai des enfants donc on s’occupe et on fait l’école à la maison.

Comment se font les activités physiques à la maison, pour se maintenir en forme ? 

J’ai la chance d’être dans un club où il y a deux préparateurs physiques. On a reçu un programme d’entrainement en poids de corps à faire à la maison. Bon après c’est compliqué quand même pour des sportifs, on va dire pour des sportifs d’un sport collectif, de passer à deux entrainements par jour, collectivement des séances de muscu etc… à une ou deux séances maison. On peut faire ce qu’on veut mais ça ne remplace pas un entrainement de haut niveau avec la course, les sauts, les contacts etc… L’aspect technique et tactique, on ne peut pas le prendre en compte à la maison. Donc on essaie de se maintenir comme on peut, mais ce serait mentir de dire que ça peut remplacer un entrainement de basketteur de haut niveau.

Qu’est-ce qui te différencie des autres joueurs au poste où tu évolues ?

Moi je suis un joueur d’intérieur. Si j’ai bien compris ta question sur l’aspect basket, ce qui me caractérise, qui me différencie des joueurs ailiers, c’est que les joueurs intérieurs sont les joueurs qui vont plus au contact (rires). On a un jeu plus engagé et rugueux donc c’est vrai qu’on est beaucoup plus grand et plus costaud (rires) que les arrières, que les postes de meneur, ailier etc… et je pense qu’on est des joueurs plus solides physiquement, c’est la différence que je noterai.

Vu que vous êtes les piliers de l’équipe, les séances de musculation sont- t-elles plus intenses pour vous que pour les autres ?

Plus intenses je ne sais pas, mais c’est sûr qu’elles sont beaucoup plus importantes en termes de poids parce que voilà on a un rapport, taille/force qui est supérieur aux autres postes de jeu. C’est vrai qu'on a tendance à plus faire de muscu. Car déjà ça nous permet de nous protéger parce que je ne sais pas si tu connais le basket, mais on met des écrans, on utilise notre corps aussi et puis on subit plus de contacts. Donc on fait beaucoup de musculation pour la prévention pour les blessures, les blessures aux épaules, au coude etc.… y’a pas mal d’endroit qu’on muscle donc c’est vrai que pour nous les joueurs d’intérieurs on est beaucoup plus physique et costaud.

Au niveau de l’alimentation, devez-vous suivre un régime particulier à ce niveau ?

Au niveau de l’alimentation, on n’a pas forcément de régime particulier à suivre, c’est-à-dire dicté par une nutritionniste. Mais on essaie de faire attention. C’est une période où on brûle beaucoup moins de calories car comme je t’ai dit on passe de deux entrainements à un mode très actif à un état « sédentaire", à faire des sessions de home voire quart d’entrainement. Donc c’est sûr qu’on essaie d’adapter l’alimentation de façon à consommer un peu moins de calories pour rester à un poids correct, pour pouvoir faciliter le retour sur le terrain.

Cette année a été une très bonne année pour Paris Basketball. Que retiens-tu de positif de cette saison ? et quels sont les objectifs pour la saison prochaine ?

Ce qui a été positif c’est comme tu l’as dit, ça a été une très belle année, on a bouclé notre 2éme saison même si elle a été un tout petit peu avorté à cause des conditions sanitaires. Ce que je retiens de positif c’est que depuis que je suis arrivé l’année dernière lors de la création du club, j’ai pu voir aussi l’engouement autour du projet. J’ai pu voir aussi la salle se remplir donc on sent qu’il y a une vraie émulation autour du projet. Et que les gens commencent à adhérer, donc les objectifs pour la saison prochaine c’est surtout de continuer à promouvoir le basket, le club de Paris basketball auprès du public parisien. Et continuer un peu à accroître cette côte qu’on commence à avoir en ramenant le plus de personnes possibles dans la salle. Et surtout de gagner des matchs (rires).

Et au niveau de l’ambiance, à chaque rencontre sentez-vous des frissons avant d’entrer dans la salle ?

Des frissons c’est un grand mot parce que moi ça va faire ma 14éme saison professionnelle donc j’suis habitué un petit peu à tout ça. Je n’ai plus malheureusement ces frissons, ces boules au ventre qu’on peut ressentir quand on est jeune joueur professionnel avant d’entrer sur un terrain. Aujourd’hui pour moi c’est vraiment ma profession donc, les frissons tu les ressens plus quand à la fin d’un match il y a une communion avec le public. Après, moi j’ai eu de la chance de jouer dans des grandes salles donc c’est vrai que les frissons sont plus là lorsque le public est debout à la fin d’un match, que les personnes ont passé un bon moment et que justement il y a eu cette connexion avec le public, et que le public a vécu le match autant que nous.

Quel est ton meilleur souvenir en club ?

Je n’ai pas forcément un club où je garde un meilleur souvenir. Je pense que dans chaque club il y a des souvenirs uniques, donc je ne pourrais pas les comparer. Après c’est sûr qu’à Poitiers ça a été un club assez particulier pour moi car j’ai rencontré ma femme là-bas, j’ai été champion de France là-bas.. Donc c’est vrai que c’est une ville où j’ai passé deux saisons et ça a été deux saisons vraiment réussies sur le plan sportif. Et même sur le plan personnel, c’est une ville où j’ai beaucoup d’attaches. Mais dans chaque club où j’ai joué, j’ai soit rencontré des personnes avec qui j’ai gardé des liens ou soit vécu des choses assez fortes sportivement.

Avant de finir ta carrière, tu aimerais faire un match avec l’équipe de France ?

J’ai connu les équipes de basket juniors espoirs, j’ai fait des campagnes européennes avec des coupes d’Europe, des championnats d’Europe etc… donc je pense que c’est un peu trop tard pour moi d'intégrer l’équipe de France seniors. Et puis ce n’est pas forcément quelque chose que j’ambitionne ou une envie que j’ai particulièrement donc je dirais non pas particulièrement.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de venir jouer pour le Paris Basketball ? Aimerais-tu terminé ta carrière ici ?

Moi je suis venu à Paris pour jouer au basket, parce que moi je suis guadeloupéen de base, donc j’ai évolué dans plusieurs clubs, neufs comme ça de mémoire, dans toute la France. Je suis venu à Paris pour le projet du Paris Basketball. Sinon je n’ai pas d’attache avec la ville de Paris, je n’ai pas de famille qui vit à Paris ou quoique ce soit. J’arrive au terme de mon contrat en juin prochain donc finir ma carrière à Paris ce n’est pas forcément un souhait mais je pense que l’année prochaine en vue de mon contrat je resterai à Paris ou non, ça fait partie du business de mon industrie.

J'ai lu qu’au début de ta carrière tu préférais les sports de combat. Comment es-tu venu au basketball ?

En fait ma venue dans le basket est assez particulière parce que je faisais des sports de combat. Malheureusement lors d’une altercation avec un camarade de classe -quand j’étais je crois en CM2 un truc comme ça- il voulait s’en prendre un peu à moi physiquement. Du coup vu que j’avais quelque notion de self-défense je me suis protégé et malheureusement lui il est tombé. Il a fait une mauvaise chute et dans sa réception il s’est cassé le bras. Mes parents ont tout de suite pensé que forcément le sport de combat n'était pas pour moi et qu’il fallait que je fasse un sport collectif pour pouvoir me sociabiliser, pour que ce genre d’événement n’arrive plus jamais. Donc voilà ma petite histoire avec le basket….

Propos recueillis par Corentin Lapersonne