Gaston Gérard
L'Éloquence d'un Bâtisseur, l'Âme d'un Terroir
À Dijon, un matin du 30 avril 1878, naquit Gaston Gérard, au sein d'une famille bourgeoise de la ville. Dès son plus jeune âge, il respira l'odeur des vignes et des terres fertiles de la Bourgogne, ce terroir généreux qui marquera son destin d'homme public. Enfant curieux et sensible, il s'éveilla à l'amour des lettres et du droit avec une rigueur qui ne l'abandonna jamais.
C’est d'abord vers le barreau qu’il se tourna. Avocat d’une éloquence rare, il sut, dès ses premières plaidoiries, se faire un nom. Mais Dijon, et la France toute entière, exigeaient plus qu’un simple défenseur du droit. Homme de lettres, amoureux des grands auteurs classiques, il rêvait d'un destin mêlant politique et culture, où il pourrait faire éclore son amour pour son terroir et son pays.
En 1919, après les ravages de la Grande Guerre, Dijon cherchait un guide pour se relever. Gaston Gérard, élu maire de la ville, devint cet homme providentiel. Pendant seize ans, de 1919 à 1935, il insuffla à Dijon une renaissance culturelle, économique et gastronomique. Visionnaire, il comprenait que l'identité d'une ville passait par sa culture, son patrimoine, mais aussi par ses saveurs.
Sous son impulsion, Dijon devint le cœur battant de la Bourgogne, une ville où le passé glorieux s'harmonisait avec les promesses de la modernité. Durant ses mandats, il veilla à la restauration du patrimoine, fit ériger des monuments, embellit les rues, tout en favorisant l’éducation et l’art. Mais c'est aussi à cette époque qu'il introduisit la gastronomie au sein de la politique municipale, avec un plat devenu légendaire : le "poulet à la Gaston Gérard". Né d'une simple maladresse en cuisine, ce plat, mêlant crème, moutarde de Dijon, vin blanc et épices, devint le symbole de son amour pour la bonne chère et la convivialité.
Mais son ambition ne s’arrêtait pas aux frontières de Dijon. Dans les années 1930, il devint député de la Côte-d'Or, où son éloquence à l'Assemblée nationale fit de lui une figure respectée et écoutée. En 1931, il fut nommé premier sous-secrétaire d'État chargé du tourisme, un domaine alors négligé, qu'il éleva au rang d'art. Visionnaire, il comprit avant bien d'autres que le tourisme pourrait devenir un moteur économique majeur pour la France. Il encouragea la mise en valeur des routes des vins, des patrimoines régionaux, et des villes d'art et d'histoire, marquant les prémices d'une politique touristique moderne.
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Ses discours, toujours teintés d’une élégance littéraire, inspiraient le respect. Il parlait de la France comme on déclame une poésie, avec cette fierté de l'homme enraciné dans sa terre. Et pourtant, cet homme d'État restait toujours simple, proche de ses concitoyens, partageant leur quotidien et leurs espoirs.
Gaston Gérard ne cessa jamais d'être un homme de lettres. Tout au long de sa vie, il écrivit, publia des réflexions politiques, des essais, et correspondit avec les grands intellectuels de son temps. Ses écrits reflétaient sa passion pour la France et son engagement envers l’humanisme, tout en portant en filigrane l’âme de la Bourgogne.
Le 5 février 1969, à Dijon, il s'éteignit, laissant derrière lui un héritage durable. La ville qu’il avait façonnée portait encore son empreinte, et chaque plat de "poulet à la Gaston Gérard" servi dans les foyers bourguignons résonnait comme un hommage à celui qui avait su, avec passion et dévouement, célébrer les saveurs et les richesses de son terroir.
Ainsi, Gaston Gérard restera dans l’histoire non seulement comme un maire bâtisseur et un politicien visionnaire, mais aussi comme un homme de cœur, amoureux des lettres et des plaisirs simples de la vie, un homme pour qui le service de la cité était avant tout un art.