Gouvernance et analyse vécue du dirigeant de la banque Lazard : Michel David-Weill.
- Lazard Paris -

Gouvernance et analyse vécue du dirigeant de la banque Lazard : Michel David-Weill.

Le livre du banquier d'affaires Michel David-Weill intitulé : " L'esprit en fête " paru un an avant la crise de 2008 est un régal tant son ouverture d'esprit est au rendez-vous des différents thèmes abordés.

S'agissant de la gouvernance, l'auteur a une opinion tranchée et singulière.

" Aujourd'hui, on nous serine les oreilles avec la gouvernance des entreprises. La vérité, c'est que le bon sens est nécessaire. Pour réussir, il faut de l'inquiétude, de la volonté et du jugement dans les affaires ( c'est-à-dire ce mélange de connaissances et d'instinct que l'on peut appeler aussi de l'intuition, si l'on considère qu'elle est la résultante d'un savoir qui apparaît au final comme une évidence ). En l'occurence, il faut savoir comparer la réalité immédiate avec la mesure que le temps peut donner et être résolu dans l'action. Celui qui a véritablement la volonté de faire ce qu'il veut faire entraînera les autres et convaincra ceux qui sont en opposition avec lui. Si, en plus, il a du recul, c'est encore mieux, surtout à un poste de direction.

" J'ai connu des gens qui avaient deux des trois qualités : inquiétude et volonté mais qui ont cru dur comme fer, par exemple, à la bulle Internet. Or, cela relevait d'un mauvais jugement... Des bulles, j'en ai connu beaucoup : en France, la bulle du pétrole, dans les années cinquante ; celle des conglomérats dans les années soixante. Et j'ai vécu des bulles immobilières dans le courant des années soixante-dix.

La vie économique est faite d'emballements successifs suivis de dépressions profondes. C'est d'ailleurs quelquefois au moment même où tout le monde est découragé qu'il faudrait ne plus l'être et quand chacun s'emballe qu'il faudrait se méfier. .../...

Je me rappelle Antoine Bernheim, un associé de Lazard au jugement très sûr, à qui notre maison de Londres avait envoyé des assureurs pour acheter des immeubles à Paris dans les années soixante-dix. Il avait dit aux gens de Lazard Londres, horrifiés : " N'en faites rien, les prix sont trop chers ". Et il avait raison, le marché s'est effondré trois ans plus tard." (p.151).

Des hommes de l'envergure de Jean-Louis Beffa ( Saint-Gobain ) ou de Raymond Lévy ( Renault ) avaient intégré au plus profond d'eux-mêmes des principes de gouvernance avant que le code AFEP-Medef ne les formalisent. Leurs trajectoires donnent raison à Michel David-Weill quant à la subtile combinaison qui unit inquiétude, volonté et jugement.

De manière plus contemporaine, il faut noter que les questions de gouvernance sont aujourd'hui partie prenante au débat public. Avec une once de morale lorsque des montants s'avèrent choquants voire clairement excessifs pour les "stakeholders" ou pour le grand public : rémunération de Carlos Ghosn ( vilipendée en Assemblée générale des actionnaires avant le chaos actuel ), conditions de départ de Michel Combes ( Alcatel-Lucent ) et plus récemment retraite chapeau de Tom Enders ( Groupe Airbus ).

Ce lien entre le contractuellement dû et la décence voire l'éthique des affaires fait son chemin. Ainsi, il a récemment été indiqué qu'Emmanuel Faber ( Danone ) entendait renoncer à près de 75% des sommes qui lui revenaient de droit.

La gouvernance a érodé les pouvoirs du patron de droit divin et redynamisé les Conseils d'Administration qui demeurent parfois trop composés d'amis d'amis du bloc dirigeant. ( capitalisme barbichette ).

Le droit des affaires est désormais complexe mais non encore exhaustif. Certains ont voulu aller plus loin en modifiant le Code civil pour ce qui concerne l'objet de l'entreprise ( Rapport Notat / Sennard ). Sur cette complexité croissante alliée à une judiciarisation du monde des affaires, laissons - à titre de conclusion fort provisoire - le dernier mot à l'émerillonné Michel David-Weill.

" L'histoire économique apprend que, chaque fois qu'on met une digue artificielle, en cherchant à renflouer et à gagner du temps, elle saute tôt ou tard. Et elle saute en faisant horriblement mal, encore plus mal que si elle n'avait pas existé. " (p.157).

Jérôme LEVY

Responsable des métiers Audit, Risques et Contrôle interne du Groupe 3F

5 ans

Il faut voir aussi une vision de dirigeant  propriétaire à mettre en regard avec les dirigeants / managers qui oublient qu'ils ne sont que salariés tout comme les autres mais qui s'organisent une retraite d'héritiers avec la complicité (active ou passive) d'une gouvernance manipulée ou désinvestie ...

Francis de CARDORELLE

Chef de Division chez ILOGS | Groupe SNPC

5 ans

Éthique et visionnaire !

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