Guerre des talents et intégration

Guerre des talents et intégration

Le marché de l’emploi, et plus particulièrement celui des cadres, est tendu. Chez les cadres, le taux de chômage est à 3,5%, ce qui fait dire à Thibault Gemignani, directeur général du site d’offres d’emploi Cadremploi, que “le marché n’a jamais été aussi tendu depuis 2000”.

Il est vrai que, d’un point de vue d’économiste, 3,5% de chômage cela correspond à ce qu’on appelle le plein emploi. Oui, oui, vous avez bien lu, le plein emploi. Mais pourquoi parle-t-on de plein emploi à 3,5% de chômage ? Parce qu’il y a toujours des frictions sur le marché du travail (on dit d’ailleurs que c’est un chômage frictionnel) : des personnes qui refusent un poste par manque de qualité de celui-ci, des jeunes diplômés qui mettent 6 mois à trouver un emploi qui leur correspond, des périodes de carence entre deux emplois, etc.

Fin de la parenthèse économie.

Donc, ce fameux taux de chômage des cadres illustre bien l’idée que la guerre des talents est totalement d’actualité sur le marché de l’emploi des cadres. Mais aussi sur d’autres marchés pour des postes très recherchés comme UX designers, développeurs et autres data scientists.

Et pourtant, malgré la difficulté à recruter des cadres doués et talentueux, encore trop d’entreprises ne font pas attention à leur intégration.


Intégrer ses nouveaux collaborateurs

Un salarié sur deux songerait à quitter son poste pendant la période d’essai. 50% ! C’est beaucoup. Beaucoup trop, même. D’autant plus quand il s’agit d’un cadre que l’entreprise a bataillé pour recruter. Parce que c’est une perte nette pour l’entreprise : il faudra lui trouver un remplaçant rapidement et les coûts de remplacement peuvent atteindre des montants allant jusqu’à 3 fois le salaire de l’employé parti.

D’un autre côté, les collaborateurs ayant bénéficié d’un programme d’onboarding structuré ont 58 % de chances d’être encore présents dans l’entreprise trois ans après leur arrivée. C’est donc bien la preuve qu’il ne faut pas négliger l’intégration d’un nouveau salarié dans votre entreprise pour que celui-ci soit convaincu le plus tôt possible qu’il a fait le bon choix en la rejoignant.

En marketing on parle de “l’effet waouh”. Même si le terme est de moins en moins utilisé ces dernières années, l’idée qu’il suggère reste la même. L’effet waouh, c’est quand le client achète un produit ou un service et qu’il y trouve quelque chose de surprenant, d’admirable ou d’épatant. C’est ce qui permet de transformer un client passif en client promoteur.

C’est justement cet effet waouh que le nouvel arrivant dans votre entreprise doit ressentir lors de son processus d’intégration.


Éviter les erreurs de débutant

On dit toujours qu’on n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression. Gardons ça à l’esprit, car le délai de prévenance pour le départ d’un salarié en période d’essai est de maximum 48h. Une mauvaise première impression et votre salarié peut aller voir ailleurs deux jours plus tard. Peut-être même a-t-il encore certains processus de recrutement encore en cours.

Avant toute chose, je dirais qu’il est primordial de ne pas avoir un processus trop confus pour ne pas donner une mauvaise impression à la nouvelle recrue et ne pas non plus la perdre dans un marasme total.

Ensuite, et avant de regarder d’un peu plus près certaines pratiques qui peuvent être mises en place pour améliorer un processus d’onboarding, regardons d’abord certaines choses qu’il faut absolument éviter :

  • Ne pas définir d’objectifs précis : quand on arrive dans une entreprise, on a envie de bien faire et, si on ne sait pas quels sont nos objectifs, il est extrêmement difficile de savoir si on fait bonne impression ;
  • Ne pas consacrer assez de temps à l’onboarding : évidemment, tout manager veut que ses nouvelles recrues soient opérationnelles le plus vite possible, mais cela les dessert bien souvent. Comme le dit le dicton, “tout vient à point à qui sait attendre”. Vous serez gagnants sur le long terme ;
  • Ne pas avoir de processus défini : l’onboarding est une des clé de la réussite d’une entreprise à long terme (comment réussir si nos employés s’en vont aussitôt arrivés ?) et il doit être structuré avec des étapes clé et des objectifs clairs ;
  • Ne rien faire avant l’arrivée du salarié : toute nouvelle recrue doit avoir un minimum d’interactions avec son employeur avant son arrivée. Envoyez lui des informations sur l’entreprise ou invitez-la à rejoindre votre réseau social interne par exemple.

“Bon Quentin, t’es mignon, tu nous dis ce qu’il ne faut pas faire mais ça ne va pas nous aider à devenir meilleurs.”

Justement, j’y viens. Regardons un peu ce qui se fait de bien du côté de certaines entreprises.


Bien ficeler son processus d’intégration

Il existe une entreprise plutôt connue, que j’aime bien à titre personnel, dont le logo est un petit oiseau bleu et qui a su mettre en place un onboarding efficace. Bien évidemment, vous l’aurez deviné, le petit oiseau bleu c’est Twitter.

En 2016, chez Twitter, l’onboarding d’un nouvel employé commence le jour où celui-ci accepte son offre d’emploi. C’est le début de ce qu’ils appellent le programme “Yes to Desk”.

Ce programme, c’est une myriade d’étapes et d’échanges (75+) entre les fonctions RH, IT et les Office Managers. Cela prend en compte des choses comme s’assurer que la nouvelle recrue a l’adresse e-mail demandée, que son bureau est à proximité de celui des personnes avec lesquelles il va travailler et que celui-ci soit rempli de goodies et autres cadeaux, ainsi que d’une bouteille de vin.

L’entreprise à l’oiseau bleu a également mis quelques rituels en place pour l’intégration des nouveaux le lundi, afin que ce premier jour ne soit pas trop intimidant.

Le premier jour se déroule de la façon suivante : petit-déjeuner avec les autres nouvelles recrues ainsi qu’avec leurs managers (auquel se joint parfois le CEO selon son emploi du temps), puis la matinée est consacrée à l’onboarding RH, IT et logistique.

Pour le déjeuner, des tables sont réservées pour que chaque nouvelle recrue puisse y manger avec son équipe (le but étant d’éviter l’éternelle question “avec qui vais-je bien pouvoir manger ?”) et l’après-midi est consacrée à l’intégration à l’équipe : mise à jour sur les projets en cours, historique de l’entreprise, outils utilisés en interne, mise au point sur les private jokes, etc.

Pour couronner le tout, ce processus est soumis à une amélioration continue. Parce que leur avis est demandé tous les 1 à 3 mois aux nouveaux embauchés sur leur expérience d’intégration.

Belle illustration d’un processus qui fonctionne bien, non ? De façon un peu plus générale, sans forcément avoir besoin de vous inspirer de la méthode de Twitter, j’ai pour vous quelques conseils que vous pourrez facilement appliquer à votre sauce pour assurer une bonne intégration à vos nouveaux collaborateurs :    

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À l’heure où les talents se font de plus en plus rare, et alors que la durée de vie moyenne d’un salarié dans une entreprise n’a jamais été aussi faible (on parle quand même d’une durée de vie moyenne de 1,2 an chez Uber par exemple), il faut savoir prendre soin de ses salariés. Et prendre soin de ses salariés, cela commence par leur fournir une bonne expérience lors de leur intégration à l’entreprise.

C’est vous qui avez toutes les clés en main pour faire de l’arrivée d’une nouvelle recrue dans votre entreprise une véritable réussite.

Axel Tasciyan

Senior Director - Publicis Sapient - AI for Sales & Marketing - Data Marketing - Teacher

5 ans

Tu m'étonnes. Impossible de recruter... En marketing ? La catastrophe

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