Haine plus un...
Haine plus un
Jean-Pierre Royol
Docteur en psychologie et psychopathologie clinique.
Psychologue clinicien.
C’est ainsi parfois en institution, le cérémonial quasi religieux de l’évaluation n’est pas sans évoquer la conduite de sujets souffrant d’impulsions obsédantes et dont le diagnostic de névrose obsessionnelle est régulièrement posé alors qu’ils ne font le plus souvent qu’incarner le malaise d’une civilisation. Il s’agit en effet de s’adonner à une multitude de gestes occupationnels sur thème de classement de rangement de fixation de chiffres vénérés dans des cases de manière stéréotypée sur l’écran blanc de leurs nuits blanches. Jours et journées monotones de vaine excitation.
Probablement conscient de l’inutilité de ces colonnes dans le tracé desquelles il excelle et de leurs variations incessantes jusqu’ à l’aigreur le sujet s’évertue sans cesse à défendre le sens de ces « formalités », l’état des statuts, des statues, des statistiques, certain au fond qu’elles ne présentent qu’un paradoxe interne soumis aux variations qui lui échappent en accolant leur survalorisation à leur changement parfois brutal confinant au non-sens.
C’est un peu comme si on habillait un malade de son plus beau costume.
Tout écart chez ces êtres aliénés de poste en poste, isolés de certitude et bouffis de maigres flatteries, pris dans une pyramide démagogique les pétrifie.
Alors ils vont passer de courtes phases de sommeil à rêver de cocher décocher sursauter d’un risque de décalage menaçant leur place. La vie de l’évaluateur ne fait pas un pli risquant de perdre le droit d’être.
Le chiffre brille sous un croissant de camembert dans l’ombre on se cache pour le vénérer à sa modeste façon dont on ignore les tenants.
On répète en dévot, on vise la petite prime, on vérifie inconscient de la dissimulation la balance, le semblant d’équilibre. Alors le visage faussement jovial de haine plus un vient comme une apparition dans l’ombre observant la méticulosité traquant le moindre sacrilège entre deux petits fours.
On est là pour attendre dans une électrique passivité de surface fixé comme une moule à l’unique mission.
On se dit que l’on verra plus tard.
VISUAL STORYTELLER, Sculpteur d'identités visuelles, Design de marques, Traductrice d'image
5 ansJ'ai lu que la moule est dépourvue d'œils cependant elle reste sensible à la lumière. J'ai vu aussi que comme la termite, la moule est une espèce-ingénieur (comme ils disent), leur seule présence et activité modifient significativement à fortement leur environnement.