Hasard et Necessité
Parole du Consultant - Elie DAVID

Hasard et Necessité

Je rencontre régulièrement en entretien des candidats chez qui je perçois un malaise lorsqu’ils me parlent de leur parcours.

Il provient de ce qu’ils pensent être un manque de cohérence.

Par exemple, parce qu’à un moment de leur carrière ils ont changé de voie par opportunité ou par envie.

Ils ont internalisé l’idée qu’il faudrait que leur parcours soit parfaitement cohérent, que les expériences s’enchaînent les unes aux autres (« cette formation m’a permis d’effectuer ce stage, qui m’a permis d’obtenir ce poste, lequel m’a permis d’évoluer sur cet autre poste dont je rêvais, etc. »).

De sorte qu’à la limite, et pour forcer le trait, on pourrait remonter à ce fameux stage de 3ème qui aurait décidé de tout (« et c’est là que j’ai compris que je voulais faire du marketing »).

Voire plus loin encore, jusqu’à ce matin de septembre où, sous un soleil à peine voilé, ils se sont présentés pour la première fois, tenant fermement la main de leurs parents, devant l’école de ce petit village d’Alsace ou d’ailleurs.


Mon sentiment profond est que cette cohérence-là n’existe pas et ne peut pas être exigée.

Au mieux, elle est plus ou moins habilement reconstruite a posteriori. Trop souvent, elle semble forcée, précisément parce qu’elle est artificielle.

Il me semble préférable d’assumer l’inattendu, ce qui n’a pas été planifié et qui est la vie elle-même : « j’ai rencontré telle personne, qui m’a présenté ce métier que je ne connaissais pas, et voici comment je me suis retrouvé à ce poste ».


Me concernant, c’est par hasard que j’ai déposé ma candidature pour un stage de fin d’étude dans un cabinet de recrutement, à Paris. Je passais alors un semestre en Estonie. Je devais impérativement trouver un stage et un après-midi de décembre, je suis tombé par hasard sur une offre publiée par le cabinet en question.

J’aurais tout à fait pu l’ignorer, n’ayant jamais pensé travailler en cabinet de recrutement, mais il faisait nuit, cet après-midi-là (il fait nuit une grande partie de la journée, en décembre, en Estonie…), et j’avais du temps devant moi.

Etudiant d’école de commerce, je n’étais pas spécialisé en RH. Mon interlocuteur au sein du cabinet, lui-même ex-journaliste, a été sensible à ma formation en sciences humaines (master de philosophie). J’ai passé deux entretiens en visioconférence, et en janvier, j’ai débuté mon stage, au terme duquel j’ai été embauché.

Ma carrière dans le recrutement a ainsi commencé de façon tout à fait contingente (l’hiver estonien, un interlocuteur réceptif).


Mon conseil : assumez une certaine part d’incohérence, de hasard, dans vos parcours professionnels. Ces écarts, ces changements, ne doivent pas être camouflés ni passés à tout prix sous silence. Une rencontre, une proposition de poste inattendue, une envie nouvelle, tout cela participe aussi à la construction d’une carrière.

Inutile donc de remonter à vos années d’écolier dans ce petit village alsacien (ou d’ailleurs 😊) pour expliquer votre intérêt pour le métier que vous exercez actuellement !


Elie DAVID

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