Hommes / femmes: de l'égalité à l'équivalence
La journée internationale des droits des femmes où refleurissent partout des revendications féministes traditionnelles ou inédites m’invite à partager cette réflexion qui me taraude déjà depuis un petit temps.
L’affaire Weinstein, les #balancetonporc et #moiaussi, les propos et polémiques qui ont fusé de toute part dans les derniers mois ont eu, pour partie d’entre eux, le don de m’agacer par l’amalgame qu’ils faisaient entre des révoltes ou attentes légitimes et un grand n’importe quoi qui voulait qu’en tout la femme fût l’égale de l’homme.
A titre d’exemple, les deux hashtags mentionnés plus haut ont été utilisés à tort et à travers et à peu près indifféremment, alors qu’ils sont, d’un strict point de vue sémantique, très différents: le #moiaussi exprime le point de vue d’une victime d’un abus, victime qui est en droit d’avoir une écoute et d’être reconnue et accompagnée, je le comprends parfaitement. Mais je ne peux cautionner de la même manière le #balancetonporc qui stigmatise le coupable avant toute preuve et tout jugement, en l’assimilant de plus à un animal, et en utilisant un verbe de dénonciation qui n’est pas sans rappeler quelques tristes heures de délation dans des climats politiques qui font froid dans le dos.
Plus généralement, c’est le principe même de « l’égalité » homme/femme, pourtant exhibé en bannière un peu partout, qui me pose problème. Si la femme était l’égale de l’homme, les équipes de rugby seraient mixtes et les services maternité des hôpitaux devraient respecter la parité entre des patients de sexe masculin et de sexe féminin. Je sais que ce n’est pas ce qu’attendent les féministes les plus convaincus, et c’est pourquoi je propose de substituer au principe d’égalité celui d’EQUIVALENCE.
Equivalence signifie littéralement « de valeur égale ». C’est, me semble-t-il, le seul combat qui soit juste à mener, et incontestable. Exiger que petit à petit, les femmes soient considérées comme ayant la même valeur, quel que soit le contexte, que les hommes. A commencer par un salaire égal pour des fonctions similaires, ce qui est la revendication de base dans une société du travail. Un droit à la prise de parole avec la même liberté que les hommes; mais peut-être pas pour dire les mêmes choses. Un droit aussi, à être différentes des hommes, et non pas égales à eux.
Le féminisme le plus juste est, à mon avis, celui qui reconnaît aux femmes des qualités que les hommes n’ont pas. Les réduire à l’égal de l’homme serait nier ce qu’elles sont vraiment, et méritent d’être.
Frédéric Roels, 8 mars 2018
Sociologue Genre et changement social et politique
6 ansL'exemple des équipes de rugby mixte et des services de maternité non mixtes est certainement le moins approprié qu'il soit : d'abord parce que les premières vont le devenir (en effat, pourquoi ne le seraient-elles pas?), et le fait que les hommes n'accouchent pas encore expliquent que les seconds n'ont pas de patients masculins... Et c'est mal connaître l'histoire du féminisme : il existe un courant féministe, parmi plusieurs, dit "différentialiste" (porté, entre autres, par feue Antoinette Fouque) dont l'idée est basée sur l'idée qu'il existerait des "qualités" féminines exclusives aux femmes. Pourriez-vous m'en citer quelques unes, je suis curieuse.... Des différences génésiques (le fait qu'un hommene puisse pas porter de grossesse) justifient-elles que des équipes de sport ne peuvent pas être mixtes, que certains métiers, vêtements aient longtemps été interdits aux femmes (et inversement : métier de sage-femme par exemple ne s'est ouvert aux hommes que depuis 1982 en France et que je sache, beaucoup d'hommes s'interdisent encore aujourd'hui de porter des jupes ou des robes... quelle différence "naturelle" expliquerait cela? Et comment expliquez-vous qu'à poste égal les salaires ne sont pas égaux? Justifieriez-vous qu'une personne née sans jambes n'ait pas un accès égal à l'espace public au prétexte de ses spécifificités? Ce ne sont pas des "équvalences" que nous demandons mais bien des égalités de traitement... Sur ces questions, laissez donc débattre les profession.nel.le.s. Merci