HORS-SÉRIE 🌿 Aux armes, etc. | 500 artistes contre l’extrême droite | Résistances écoféministes | « J’emmerde qui ? » | Faf, la rage | Dissoudre...

HORS-SÉRIE 🌿 Aux armes, etc. | 500 artistes contre l’extrême droite | Résistances écoféministes | « J’emmerde qui ? » | Faf, la rage | Dissoudre...

Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!

Il soulignait « le retour du tragique dans l’Histoire », le voici démiurge d’un drame national dont il aimerait rester le héros (maudit). Mais c’est une autre histoire qui s’impose malgré lui.

Celle de la paupérisation des classes moyennes, de la perte de communs, du sentiment de dépossession de son destin, d’une extrême droite aux portes du pouvoir : cynisme répondant au cynisme...

Quelles places pour l’écologie et la culture dans cette crise ? Centrales.

Pour réparer les blessures du néo-libéralisme sur les corps, les esprits, l’environnement. Un autre monde est souhaitable, et attendu. Pour laisser s’exprimer (et décider pour elles/eux-mêmes) celles et ceux qui se sentent méprisé·es, éloigné·es, oublié·es.

Mais vous savez quoi (ne pas) faire dimanche,

Alors bon vote,

Et d’ici là, bonne Pioche!

Jean-Paul Deniaud , avec Lucille Fontaine , Juliette Roques et Baptiste Thomasset .

1. Aux armes, etc.

À l’occasion de la Fête de la Musique, plus de 500 artistes se sont mobilisé·es pour dire non à l’extrême droite, à l’initiative du Syndicat des musiques actuelles (SMA), On Est Prêt, et Pioche!.

À l’issue des élections européennes qui se sont tenues le 9 juin et suite à la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives sous trois semaines, l’ensemble des organisations et des artistes du spectacle vivant et de la culture souhaitent s’exprimer d’une même voix.

Le risque d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir est aujourd’hui une réalité concrète.

Nous appelons toutes les forces politiques opposées au message de haine et de rejet qu’incarne l’extrême droite à tout mettre en œuvre dans les jours qui viennent pour faire obstacle au Rassemblement national et à ses alliés.

Le monde des arts et de la culture est en prise directe avec la société et ses évolutions. Il existe par la rencontre de l’autre, la découverte de ses différences, l’expression de l’intime, dans le respect des identités et de la diversité.

Il participe à la construction collective d’un avenir durable, vivable, désirable, plus juste. Autant de notions incompatibles avec les idées de l’extrême droite.

Pour toutes ces raisons, nous vous appelons à vous mobiliser lors des prochaines élections des 30 juin et 7 juillet pour faire barrage dans les urnes à l’extrême droite et à anticiper dès à présent vos possibles procurations.

Signé : Eddy de Pretto, French 79, Clara Luciani, November Ultra, Acid Arab, Barbara Pravi, Billie Chedid, Blick Bassy, Ditter, Emily Loizeau, Flavia Coelho, Gaël Faye, Gogogreen, Lémofil, Guizmo de Tryo, Jeanne Balibar, Jennifer Cardini, Juliette LEJ, Kid Francescoli, Danakil, Les Ogres de Barback, Lucie Antunes, Miossec, Nour, Thomas de Pourquery, Patrice, Rebeka Warrior, Romane Santarelli, Sandra Nkaké, Shaka Ponk, Structures, Tim Dup, Voyou, Bandit Bandit, Yael Naim, Yelle, Serge Teyssot-Gay, Piers Faccini, Louisadonna, Bagarre…

2. « L’écoféminisme nous apprend qu’il n’y a pas besoin d’espoir pour avoir l’énergie d’agir » – Jeanne Burgart-Goutal

Pendant les législatives, Pioche! donne la parole à des activistes et/ou penseur·euses pour aider à comprendre cette période troublée.

À l’occasion de l’événement La Bascule – qui fête les 20 ans des Éditions L’Attribut à Toulouse ce week-end – cap sur les pensées et luttes écoféministes avec la philosophe Jeanne Burgart-Goutal, autrice de l’essai Être écoféministe (L’Échappée 2020) du roman graphique ReSisters (Tana, 2021) et de Yoga Shalala (Tana, 2024).

Comment avez-vous vécu ces deux dernières semaines, depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale ?

Jeanne Burgart-Goutal : La perspective du Rassemblement national au pouvoir me fait craindre pour beaucoup de mes élèves racisé·es. Il faut aussi bien rappeler que l’extrême droite est un danger pour les droits des femmes et pour l'environnement. (…)

Les lycées dans lesquels j’enseigne sont des lieux de diversité idéologique. Il y a des élèves dont les parents ne votent pas, des familles de gauche, des familles de droite… Je refuse d’adopter une posture estimant que la vérité se situe uniquement d’un seul côté, je côtoie et respecte cette pluralité au quotidien. C’est exactement ce que l’on travaille dans les cours de philo : ouvrir des espaces de dialogue. 

J’ai donc du mal à avoir une réaction unifiée et je fais des choses un peu contradictoires. Par exemple, j’ai distribué des tracts pour la première fois cette semaine, mais je ne suis pas très efficace. Parce que ce qui m’intéresse est d’écouter les gens pour essayer de comprendre ce qu’ils/elles vivent. Je m’embarque dans de longues discussions avec des électeur·ices RN ou des abstentionnistes.

J’ai pu constater la dose de souffrance, d’émotions, d’expériences douloureuses, de peur ou de traumatisme qu’il y a derrière chaque choix électoral. Je comprends de plus en plus à quel point les questions politiques se jouent aussi sur des enjeux psychologiques. Certes, il y a des arguments et des rationalisations de nos convictions mais derrière, il y a surtout des histoires et des affects.

Jeanne Burgart-Goutal, à l’intersection des luttes. ©Henri Hetalmi

Comment les pensées et l’histoire des luttes écoféministes peuvent-elles nous aider à comprendre et à agir dans cette période particulière ?

Une chose qui peut nous aider dans ces pensées, c’est la sensation qu’il n’y a pas besoin d’espoir pour avoir l’énergie d’agir. On l’observe beaucoup dans les luttes écoféministes, une détermination qui persiste même lorsqu'on ne se fait pas d’illusion sur la réussite d’un combat. Ça s’explique grâce au travail mené autour du corps, du collectif et du quotidien. (…)

Dans votre roman graphique ReSisters (2021), écrit avec Aurore Chapon , vous vous projetez en 2030, dans un contexte d’aggravation des inégalités et de dérive autoritaire. Comment la fiction peut-elle nous orienter ?

(…) Le livre décrit une communauté de vie en rupture avec la société, les Resisters, qui vivent selon les idéaux écoféministes : autogestion, décroissance, partage... Lorsque le réel est dur, la fiction est un bon moyen d’imaginer autre chose et d’ouvrir de nouveaux chemins pour nos désirs.

Il y a également une contre-armée écoféministe composée de personnes qui sont restées vivre dans le système, et qui, à leurs manières variées, opposent des formes de résistance au fonctionnement de la société devenue irrespirable. C’était une manière de mettre en avant cette posture de résistance, qui est déjà celle de toute personne écolo, féministe ou antiraciste dans le système « patriarcapitaliste » actuel, et pourrait devenir de plus en plus indispensable. 

Lire la suite de l’entretien sur Pioche!. Assister à l’événement La Bascule, à l’occasion des 20 ans des Éditions L’Attribut, jusqu’au 28 juin à Toulouse.

3. « J’emmerde qui ? »

Des Béruriers noirs à Nekfeu, quand les artistes emmerdent le Front national

Depuis la création du Front national, des musicien·nes se sont opposé·es publiquement aux idées et aux responsables du parti, sur scène et dans leurs textes. Alors que l’extrême droite n’a jamais été aussi proche du pouvoir, retour sur ces artistes qui « emmerdent le Front national ».

(…) Depuis les premiers succès électoraux du parti de Jean-Marie Le Pen dans les années 1980, des chanteur·euses ont porté haut et fort le combat contre l’extrême droite. On retrouve les premiers textes explicitement anti-FN du côté des musiques à l’ADN contestataire : punk, rock et rap. Ainsi, en 1995, le troisième album studio de Suprême NTM s’ouvre sur Plus jamais ça, titre inspiré d’un dicton populaire antifasciste largement répandu après la seconde guerre mondiale :

« Quand le borgne sénile

S’amuse à faire un score de 25% dans ma ville

Non, plus jamais ça, stoppons tout ça

Stoppons l’hémorragie, cérébrale est l’embolie

Vous avez compris, vous avez saisi, ressaisissez-vous

La jeunesse se doit d’être à l’heure, au rendez-vous »

À l’approche des années 2000, les prises de position musicales s’étendent à des styles plus grand public. De quoi offrir des hymnes aux manifestations antifascistes et renforcer le « cordon sanitaire » autour de l’extrême droite. Peu subtiles mais efficaces, La bête J M L P (1995) des toulousains de Zebda ou La bête immonde (1995) de Michel Fugain dépeignent Jean-Marie Le Pen en monstre inhumain.

(…)

Même démarche pour Skip The Use qui reprend en 2014 les Béruriers Noirs devant 70 000 personnes à Rouen. Ou le DJ Laurent Garnier qui joue Porcherie dans ses sets, rejoignant la lignée des free parties des années 1990. Toutefois, en 2017, ce dernier s’est vu reprocher son choix par des fans sympathisant·es du FN après une performance au Rex Club de Paris, provoquant ce que Libération qualifie de « douche froide » dans « la house nation, édifiée surtout par des musicien·nes noirs et/ou gays ».

Car une partie de la jeunesse n’emmerde plus le Front national et une autre est complètement dépolitisée. Le monde de la musique s’est aussi transformé : la figure des  « chanteur·euses engagé·es » s’est affaiblie et le rap conscient des années 1990 a laissé place à une scène hip-hop plus dynamique, diversifiée et écoutée que jamais, mais moins directement tournée vers la politique.

« Dans les années 1990, on avait le sentiment que globalement tout le monde avait des ennemis communs, comme le racisme et le Front national, qui était l’épouvantail du rap français. Et le rap s’est globalement dépolitisé, à l’image de la nouvelle génération qui a l’air beaucoup plus désenchantée. Ça se ressent dans leur musique qui est plus remplie de spleen et de mélancolie que d’espoir d’un monde meilleur » analyse ainsi le chroniqueur Mehdi Maizi au micro de RFI. (…)

Lire la suite de l’article sur Pioche!.

4. C’est passé chez Pioche!

Une carte de festivals avec les itinéraires pour s’y rendre en train, what else.

Simone. Parce que ce été, on sera certainement heureux·ses de se retrouver, on repartage ici notre carte des festivals qui allient engagements écolos et bonne prog’ musicale avec les itinéraires pour y aller en train.

Pour bien faire, Pioche! s’est alliée à Hourrail!, la plateforme de voyages bas carbone créée par Tolt – alias @globetolteur – pour proposer des itinéraires en train vers plusieurs festivals de France et d’Europe : dont Sziget, Les Nuits Secrètes, Convivencia, Bonne Aventure, Cabaret Vert, La Nuit de l’Erdre, Ecaussysteme, Les Tombées de la Nuit, Little ou We Love Green.

Infos, dates et même réservations de trains, tout est désormais au même endroit. Mieux, Tolt aura l’occasion cet été de tester ces itinéraires en vidéo, depuis Paris jusque devant la scène. En voiture Simone.

À noter, Pioche! s’associe avec Diffuz, la communauté de l’engagement bénévole de la MACIF , pour réaliser « Quoi de neuf Diffuz ? », une lettre d’info mensuelle – qui devrait vous rappeler quelque chose – où retrouver tout le nécessaire pour s’engager près de chez soi : actus engagées, rencontre avec une asso, défis du mois, petites astuces et rendez-vous à ne pas manquer… À suivre.

5. Faf, la rage

Le livre. Ces jours-ci, on relit Dissoudre de Pierre Douillard-Lefèvre sorti le 8 mars, « une histoire des procédures de dissolutions et la manière dont elles incarnent désormais la gouvernementalité contemporaine ».

Le podcast. On écoute le chercheur en sociologie politique Félicien Faury au micro du podcast Présages parler vote FN, racisme et rapports sociaux de classe. Et la compilation En lutte! des 60 artistes du Front pour la musique indépendante (cf. ci-dessus).

Les médias. On suit de près comment les médias indépendants réagissent face à l’extrême droite – où pourrait se glisser notre newsletter spéciale « Mots et réactions d’une jeunesse engagée » parue au lendemain des européennes et de la dissolution.

La vidéo. Et on regarde les émissions spéciales de Mediapart , dont celle-ci faisant dialoguer penseur·ses et militant·es (Juliette Rousseau, Achraf Manar , Lumir Lapray …) et responsables politiques ( Marine Tondelier , Olivier Faure…) autour des espoirs – et les questions en suspens – du Nouveau Front Populaire. Un autre niveau que le 3e débat Attal-Bardella du mois.

6. Communautarisme

🤓 Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle édition spéciale de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) à contact@piochemag.fr.

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Un grand bravo à toustes les artistes signataires de La Tribune !!! ✊👏

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