Hospitalisation : le choix du patient

Hospitalisation : le choix du patient

Evolution du schéma de soins

Pour choisir un hôpital ou une clinique, les patients bénéficient, aujourd’hui, davantage d’outils pour les guider. Désormais le patient 2.0 sait se renseigner, comparer, critiquer et faire valoir le respect de son choix. Le bouche-à-oreille semble toujours tenir la corde dans la diffusion des informations qualitatives, construisant en grande partie la notoriété d’un établissement. Cependant, la qualité intrinsèque d’une structure de santé peut évoluer et évoluera plus vite que sa réputation. 

Hier encore, le patient devant bénéficier d’une hospitalisation était orienté vers un établissement ou un spécialiste par son médecin de ville. C’est toujours vrai évidemment et c’est un des principaux médias de « recrutements » de patients ; c’est d’ailleurs pour l’améliorer que les spécialistes et les établissements tissent continuellement des liens privilégiés avec les médecins de ville prescripteurs. Mais pour une frange au moins de la population, celle qui est connectée, celle qui ne prête plus forcément une confiance aveugle à son médecin traitant, ce schéma d’orientation vers l’hospitalisation semble avoir vécu et être en voie de révolution.

Aujourd'hui, les patients ne se contentent plus de suivre l'avis de leur généraliste ou de leur spécialiste. Ils veulent connaitre dans le détail les établissements susceptibles de les accueillir. Ils effectuent, eux-mêmes et de plus en plus, des comparaisons afin d’évaluer la qualité des soins prodigués. Et pour les aider dans leur orientation, ils peuvent se servir de nombreux outils.

 

Forums (pseudo)médicaux et automédication 

Outre le réseau amical et professionnel, qui diffuse la notoriété des établissements par bouche-à-oreille, de nombreux forums médicaux se multiplient sur la toile. Ils délivrent, presque sans modération, les avis des patients sur les prises en charge dont ils ont bénéficié. On y trouve pêle-mêle des critiques à l’encontre de personnel malveillant, de temps d’attente trop importants, de locaux au confort jugé inacceptable… Evidemment, les avis négatifs prennent souvent le pas sur les qualités particulières qui pourraient être mises en avant.

Avec les facilités d’informations, les futurs patients peuvent également trouver sur Internet bon nombre de commentaires concernant leur pathologie, la façon de la traiter, les risques encourus… très souvent sans aucun contrôle médical. Si j’avais retenu le quart des commentaires des internautes concernant les recherches de mes propres maux, j’aurais été atteint d’une bonne dizaine de cancers, de quelques maladies orphelines et de pathologies aussi exotiques que disparues ! 

Cet apport conséquent de connaissances offre en tout cas aux patients, un nouveau champ d’interaction dans leur prise en charge. Là où, avant, les patients « subissaient » les pratiques du spécialiste, aujourd’hui ce sont ces derniers qui « subissent » les questions de leurs patients : possibilité d’être opéré en ambulatoire ?, Cœlioscopie vs Laparotomie ?, Anesthésie locorégionale ou générale ?…

 

Scope Santé et les indicateurs HAS de la Qualité

Depuis 2013, la HAS a mis en ligne le site Scope Santé qui reprend sous forme graphique (carte interactive, bulles colorées, échelle de comparaison…) les évaluations de qualité des soins des cliniques et hôpitaux. L’internaute peut rechercher les établissements à proximité de sa zone de résidence et visualiser les notes obtenues pour chaque indicateur remonté. Il peut en outre comparer des structures de soins, entre elles et avec les moyennes nationales.

Les indicateurs de mesure sont issus des déclarations, parfois automatiques, des établissements à leurs tutelles, et des résultats des visites de certification. Et c’est là que se situent les limites de l’outil dans l’évaluation de la Qualité des soins. Les informations affichées reflètent-elles réellement la qualité des soins prodigués ?

Par exemple, le score nommé ICSHA.2 (Indicateur de Consommation de Solutions Hydro-Alcooliques) permet d’évaluer la qualité d’un établissement dans la mise en œuvre de l’hygiène des mains par la mesure de la consommation (achat !) de produits Hydro-Alcooliques. En théorie, les cliniques consommatrices, donc bien classées, luttent efficacement contre la transmission et la prolifération des bactéries, sauf si les flacons sont jetés plutôt qu’utilisés, par dose de 3 ml lors des 12 frictions par jour et par patient, attendus par la HAS en Chirurgie…

Un certain nombre d’indicateurs semblant déconnectés de la réalité en termes de mesure de la qualité des soins, sont pourtant présentés comme faisant foi par Scope Santé.

En tout état de cause, avec Scope Santé, la HAS joue la carte de la transparence dans la transmission des indicateurs, que les établissements sont contraints de mesurer.

 

Classements des hôpitaux et cliniques de la presse écrite 

L’Express, Le Point ou Le Figaro, mais aussi d’autres magazines spécialisés et certains sites internet publient régulièrement des classements des hôpitaux et cliniques. Les établissements sont évalués en fonction de certains critères qui permettent de leur attribuer une note et ainsi les classer, souvent en fonction de leurs spécialités. Les méthodologies, sans doute parfois critiquables, s’appuient souvent sur les volumes d’activités des établissements, associés à certains indicateurs Qualité transmis par les structures de santé via la HAS.

En quoi le volume d’activités est-il un marqueur de la qualité des soins d’un établissement ? On estime que plus un acte est pratiqué au sein d’un hôpital ou d’une clinique, plus les compétences techniques seront au rendez-vous et que les soins seront qualitatifs. Effectivement à l’échelle de l’établissement, ce postulat semble logique mais qu’en est-il du chirurgien qui va pratiquer l’acte ? L’important volume d’une activité est-il le fait d’un nombre conséquent de praticiens participants à l’exercice ou bien de peu de chirurgiens qui la pratiquent beaucoup ? Tout cela ne décrivant pas les aspects non médicaux de la prise en charge du futur patient, pourtant, sans doute, très important dans le choix d’un établissement.

 

Conclusion

Dans un contexte de forte concurrence dans certains bassins sanitaires, le patient a de plus en plus le choix dans l’établissement qui le prendra en charge. Plus regardant que par le passé, et bénéficiant d’une multiplication des sources d’information, les patients n’hésitent plus à évaluer la qualité d’un établissement, parfois en élargissant leur périmètre géographique de recherche, afin de maintenir l’espoir d’obtenir des soins de meilleure qualité.

Mais les patients non-initiés sont-ils capables d’interpréter correctement toutes les informations dont ils disposent ? Comment évaluer la pertinence de données telles que la Durée Moyenne de Séjour ou la Consommation d’antibiotiques d’un établissement, sans l’avis d’un professionnel de Santé, aguerri à la lecture de ces informations ?

 

Et vous, professionnels (de santé ou potentiels clients de la santé), que pensez-vous des classements et des sites d’information destinés aux patients ?


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