IA et enseignement supérieur : comment puis-je les allier ?
Plus je corrige des exercices et plus je me pose la question.
Comment, désormais, puis-je m'assurer que mes étudiants travaillent réellement par eux-mêmes, dans une optique d'appropriation du savoir ? Les enseignants, s'improvisant philosophes de la technique et psychologues de l'éducation, tentent d'apprendre aux élèves à utiliser intelligemment et avec une certaine éthique les outils « IA », en les intégrant par exemple dans leur démonstration.
La méthode, que j'expérimente depuis l’avènement de l’AI en école de commerce, pose pour principe que l'on n'apprend vraiment que ce dont on a soi-même besoin. Par exemple, je vois que mes enfants ont appris leur langue maternelle sans aucun cours : ils apprennent par tâtonnement, par persévérance et effort, et surtout, par nécessité. C'est ce savoir qui sera réellement approprié pour toute la vie. Dès lors, mon principal rôle est de vérifier que mon étudiant fait, réellement, un effort sur son apprentissage.
Pour cela, on remet en cause à la fois le rôle de l’étudiant et celui du professeur.
Côté étudiant, on évite de le placer dans une position où il serait simplement amené à répéter, comme cela pouvait se faire dans l'enseignement traditionnel, ou de «retrouver» le savoir détenu par le professeur, comme le proposent des méthodes plus actives.
Côté professeur, on évite que celui-ci se pose en «sachant» qu'il faut imiter. L'étudiant est alors évalué non sur ce qu'il produit comme résultat, mais sur l'effort et l'attention qu'il fournit (ce qui les étonne d’ailleurs fortement, la notion de « travailler pour la note » étant mis à l’écart).
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C'est ainsi que j'impose aux étudiants des sujets sur lesquels je me place comme un néophyte. Puis j'impose des discussions régulières avec le groupe. Je relance alors l'effort de l'apprenant par des questions du type : «Qu'est-ce que cela signifie ?», «Que dois-je en retirer?», «Qu'est-ce qui est intéressant pour moi?»
En posant régulièrement ces questions, je peux constater et surveiller qu'un effort est effectué, et qu'il y a une évolution et une structuration de l’analyse. Les étudiants se rendent notamment compte qu’un rapide prompt sur l’IA ne suffit pas pour répondre vraiment à ces questions. Cela me permet de cultiver leur confiance en leur propre capacité. La confiance est le socle sur lequel repose toute relation professionnelle. J’encourage l’ouverture en partageant mes propres défis professionnels et en montrant que l’échec, tant qu’il est constructif, est une étape vers le succès. J’en profite pour valoriser et reconnaître leurs bons résultats. J’insiste sur la reconnaissance des efforts et des réussites.
Je vise à encourager la lecture réelle de sources fiables (livres, articles scientifiques, conclusions d’experts…), et une attitude mature de l'apprenant face au savoir : celui-ci sera placé dans l'obligation de s'approprier réellement la connaissance, en intégrant le cas pratique à la situation concrète professionnelle. Cela constitue un bon complément aux autres méthodes pour lutter, ponctuellement, contre une attitude trop passive des élèves face au savoir. Il faut favoriser l’autonomie. Cela renforce la confiance en leur capacité. Je les encadre en fournissant un soutien et des ressources mais l’objectif est atteint en toute indépendance.
Face au défi que représente ChatGPT, CLAUDE 3, COPILOT et consorts pour l'enseignement, on a coutume de croire que l’IA ce n'est qu'un outil, et qu'il faut apprendre aux étudiants à le maîtriser. Cela est vrai sur le principe, mais encore faut-il se demander comment y parvenir…
Comment faîtes- vous ?