ICOLD 2023 Göteborg : sûreté des barrages, climat et transition énergétique

Après le congrès de Marseille en 2022 organisé par le Comité Français des Barrages et Réservoirs (CFBR) que j'ai l'honneur de présider, la réunion annuelle CIGB / ICOLD 2023 de Göteborg (Suède) qui s'est tenue du 10 au 15/06/2023 a été une nouvelle fois l'occasion de mettre l'accent sur les enjeux cruciaux liés au rôle des barrages et réservoirs pour la sécurisation en eau et en énergie des presque 100 pays rassemblés. Des barrages "sûrs" face au changement climatique et en pleine transition énergétique de nos sociétés : c'était le cœur du symposium organisé par le comité suédois.

• "sûrs" d'abord dans le sens où la sûreté est à la base de notre "permis d'exploiter" les ouvrages : (1) faire les meilleurs choix techniques à la conception, (2) garantir une exploitation par des opérateurs prêts à gérer des situations complexes et parfois hors normes, et (3) faire vivre une politique et une gouvernance fixant les principes, clarifiant les rôles et les responsabilités, et garante du maintien des compétences sur la durée
• "sûrs" parce que les barrages et réservoirs sont aussi des "fournisseurs de sûreté" pour les populations : (1) sécurité du système électrique grâce à la flexibilité du stockage hydraulique et des STEPS qui permet d'assurer en permanence l'équilibre entre Offre et Demande (l'électricité ne se stocke pas !) ; (2) sécurité de l'approvisionnement en eau aussi : sans les grands réservoirs, l'été 2022 en France aurait été bien plus catastrophique pour les multiples usages bénéficiaires, en premier lieu l'irrigation. Les retours d'expérience partagés depuis ont unanimement reconnu ce rôle de résilience des grands réservoirs.

C'était le sens du message que j'ai délivré au nom d'EDF Hydro en conclusion de la cérémonie d'ouverture du symposium.

Une session spéciale animée par nos collègues du comité Turc a permis de faire le point suite au séisme du 6 Février 2023 qui a durement frappé leur pays. Il a été montré que les barrages se sont dans leur ensemble bien comportés : les dommages localisés observés sur certains ouvrages (pour l'essentiel des barrages en remblais) n'ont pas ajouté aux conséquences dramatiques qu'ont déjà subies les populations affectées par les ruptures de bâtiments et autres infrastructures. Des informations essentielles et rassurantes pour notre profession, dans un contexte qui reste cependant tragique.

Ah, j'oubliais : il faisait chaud, très chaud, sec, très sec à Göteborg, et ce depuis plusieurs semaines. S'il ne faut pas confondre météo et climat, cette situation révèle pour autant une réalité que les scandinaves expérimentent encore plus que d'autres : la dynamique du réchauffement climatique se poursuit rapidement, et ses effets sont encore plus marqués dans les latitudes Nord.