Il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément
Ainur Kakhimov / Unsplash

Il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément

Laisser tranquille les particuliers et concentrer les restrictions sur les flottes professionnelles sera à la fois plus efficace et plus juste.

Le groupe FN demandera demain jeudi la suppression des ZFE-m à l’Assemblée nationale, ces “zones à faible émissions” censées diminuer la pollution de l'air. C’est une mauvaise idée. Au Sénat, dans les débats sur cette mesure contestée, Les Républicains se sont fait l’écho de préoccupations croissantes dans la population. Et ce n’est pas du populisme que d’entendre les gens et de faire écho à leurs difficultés. 

Les ZFE sont présentées comme la mesure fondamentale de lutte contre la pollution, mais c’est en fait largement faux. Elles sont à la fois inefficaces, injustes et inapplicables. Dans une étude publiée il y a plus d’un an par Institut Brunoy , j’expliquais déjà les incohérences de cette mesure et proposais des alternatives. En fait, les ZFE sont de mauvaises solutions à un vrai problème.  

Pourtant, il faut, bien évidemment, agir contre la pollution de l’air. Rappelons qu’elle tue plus de 40 000 personnes par an en France. Alors que faire ? Je propose d'apporter deux modifications fondamentales aux ZFE.  

La première consiste à cibler les flottes professionnelles plutôt que les véhicules particuliers : les premières roulent 4 à 5 fois plus que les secondes, parfois 250 kilomètres par jour, pour l’essentiel en centre-ville, pour l’essentiel avec des véhicules diesel, très polluants. C’est vrai du transport de personnes (taxis et VTC par exemple) mais aussi du transport de marchandises qui croît avec l’essor du commerce en ligne. Remplacer un véhicule qui roule beaucoup est plus efficace que remplacer un véhicule qui roule peu ! D’après le Forum économique mondial, électrifier les flottes professionnelles permettrait de diminuer les émissions de CO2 de 70% et la pollution de l’air de 50 % ! 

De plus, la plupart des grands acteurs du secteur sont prêts à agir, certains ont déjà passé le pas (Chronopost livre en zéro émission dans plusieurs villes, UBER s’est engagé sur un plan d'électrification …) : cela permet de massifier l’action. C’est d’autant plus logique que les entreprises amortissent leurs véhicules en 3 ou 4 ans, alors que l'âge moyen d’une voiture particulière est de 10 ans actuellement. 

Et bien sûr, le développement des flottes professionnelles permettrait d’alimenter le marché de l’occasion pour les voitures électriques - qui est minuscule aujourd'hui et rendrait donc ensuite ces véhicules plus abordables pour les particuliers.

La seconde est d’inverser leur logique territoriale. La tendance en France a été d’étendre ces ZFE en espérant accroître leur impact, mais cela les a rendues inapplicables car inacceptables quand elles touchent des zones défavorisées. Il faut à l’inverse les rétrécir aux centres-villes et suivre en cela l’exemple de Madrid. La capitale espagnole réserve ainsi sont centre aux véhicules électriques ou « non polluants ». De cette manière, on touche des populations plus aisées, plus favorables à ces mesures, plus touchées par la pollution aussi. Des populations disposant aussi d’une offre de transports plus développée et utilisant de toute façon beaucoup moins leur voiture (34% des Parisiens possèdent une voiture, contre 85 % en grande couronne). 

Pour lutter réellement contre la pollution de l’air, il ne faut pas supprimer les ZFE mais les modifier profondément. Il faut cesser « d'emmerder les Français ! », comme disait Georges Pompidou. Paradoxalement, c’est la meilleure pour lutter contre la pollution. 

Consulter l'étude complète de Institut Brunoy

#ZFE #pollution #air Laureline Serieys Dominique Mamcarz Nicolas Meilhan

Bertrand BESSAGNET (白禾棠)

Senior Scientist, Atmospheric Scientist - Air Quality Manager

1 ans

Merci Olivier, contribution intéressante. Il y a un vrai sujet sur l'accès au centres urbains pour les ruraux. Ne pas lâcher les ZFE mais faire preuve de pragmatisme aussi.

Florence de Pampelonne

Conseillère régionale d’île de France maire adjointe à Meudon Administratrice d’IDFM

1 ans

Enfin un discours de bon sens sur le sujet! Merci Olivier je suis à 100% d’accord avec ta tribune

Paul Ortais

Sustainable cities planner and high-end control systems architect - I do not invite without telling why

1 ans

Si le problème à résoudre est la pollution due à la circulation en zone urbaine, et qu'on décide que le faire soit prioritaire sur toutes sortes de raisons, commen dire, parasites... on peut le faire maintenant avec le moyen CarLina, développé pour repousser loin de la zone dense la distance à laquelle il rste plus intéressant de prndre une voiture. Privée ou de flotte, passagers ou fret. C'est principalement une prise de décision.

Quel bonheur de lire enfin des choses sensées car il est vrai que les Français sont excédés des mesures contre les voitures dites polluantes peu utilisées souvent le week end ou de petits trajets en province dans des villages ou les commerces ont disparus L absurde à la Française chaque ville d s est inventée ses règles même le poids des véhicules pris en compte traverser la France impossible et à Paris c est parti le prix de l Électricité sur les bornes on augmente … Tiens la dernière blague dans un parking privé de la capitale 140 places les opérateurs expliquaient donner une garantie de 50 kilomètres de charge aux utilisateurs de voiture car impossible de charger en même temps trop de véhicules Laissons le parc des véhicules particuliers vieillir il est contrôle en plus ….

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