Illusion, Emmanuelle Bousquet

Illusion, Emmanuelle Bousquet

Pour Illusion, troisième série d'Emmanuelle Bousquet, cette image pourrait être la clé d'entrée de ce travail qui rompt avec la problématique du trouble cher à la photographe – développé ici. Ici, que voit-on ? Une pluie d’or poudroie un personnage endormi sur fond noir, occupant horizontalement, jambes repliées et sensuelles, tout le cadre. La référence à Danaé d'emblée s'impose. Dans cette image, ce serait donc le moment où Zeus séduit Danaé, sequestrée dans une tour d’airain par son propre père Acrisios, roi d’Argos. Par une fécondation « subtile », le désir paternel du non-enfantement de sa fille s’évanouit. Comme l'a prédit l'oracle, l’enfant (Persée) né de cette union tuera son géniteur. L’histoire de l’art déborde de représentations de ce thème de la fertilisation céleste, dont la plus connue reste celle de Klimt. Cette lecture mythologique du travail d'Emmanuelle Bousquet offre une narration sensible de cet ensemble : enfermement (fond noir, toujours en intérieur, personnage recroquevillé comme prisonnier du cadre), stratagème céleste (pluie, scène de la baignoire, de l’enlacement ou des ébats solitaires), naissance (assise, jambes écartée et de face), le landau (l’enfant). La lecture d’une œuvre n’étant jamais close, le thème de l’Annonciation enrichirait également cette lecture ; et expliquerait la présence d’un personnage masculin dans l’une des images de la série, tel l’ange annonciateur dans ce travail sur l’autoportrait, entrepris par la photographe depuis ses débuts. Le stratagème technique du flou, caractéristique ou style de l’artiste moult jeux visuels aussi décoratifs que possible, comme requis dans la tradition de la grande peinture. Toutes ces références offrent en fait à la photographe la possibilité de délaisser son histoire pour mieux embrasser l'immensité collective du mythe.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets