Immergée dans son livre

Immergée dans son livre

Mes yeux se sont encore fermés. Je souffre d’apnées du sommeil, j’ai été piqué par une mouche Tsé-tsé ? Que se passe-t-il ? Le plus ennuyeux c’est que ce phénomène se produit également, dans les trop longs embouteillages, ponctués de coups de freins hasardeux et chaotiques en prime.

L’autre jour, je me suis tout simplement endormi et mon pied n’a plus exercé la pression suffisante sur l’embrayage et en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, mon pare-chocs heurtait la voiture de devant.

Désemparé et réveillé en sursaut, j’ai vu une dame sortir de sa voiture pour constater s’il y avait un dégât. Heureusement, non, je me suis empressé de baisser mon carreau et bafouiller, honteux, que je m’étais assoupi, l’espace de quelques secondes.

Chacun est reparti dans son univers, sa solitude et j’ai pu rentrer en mobilisant du temps de cerveau disponible sur tweeter afin de ne pas retomber dans ma léthargie.

Tout à l’heure, alors que j’étais à la FNAC. J’ai vu une jeune femme recroquevillée dans un coin, au fond d’une pièce, dans l’embrasure d’une porte fermée, directement assise par terre, les talons ramenés sous les fesses, absorbée dans la lecture d’un livre, appuyé sur ses genoux. Elle était tellement immobile que je suis passé plusieurs fois à ses côtés, sans même la remarquer.

Une fois repérée, j’ai pris le temps de la dévisager à loisir car elle ne faisait pas grand cas de ma présence, tant elle était immergée dans son livre. Son expression était concentrée à l’extrême et l’on sentait que l’univers pouvait s’écrouler autour d’elle, rien ne l’empêcherait de poursuivre sa lecture. En mon for intérieur, je me suis dit : « voilà qui vaut la peine de devenir écrivain », et « comme j’aimerais que l’on me lise avec autant de ferveur ».

Une certaine rougeur envahissait ses joues tachetées de rousseur. Je crois qu’elle avait des yeux bleus mais comme ils étaient rivés sur la feuille devant elle, peut-être était-ce le fard de ses paupières aux longs cils et non la couleur de ses yeux. Ses cheveux blonds roux frisés encadraient un visage un peu rond et retombaient en cascade sur ses épaules. Elle portait un chemisier de couleur clair, il me semble, ses bras repliés contre sa poitrine le masquaient et ses mains crispées sur le précieux ouvrage reposaient à mi-cuisse d’un blue-jean délavé presque pervenche.

Une bibliothèque démarrant à l’aplomb de l’embrasure lui assurait un dossier suffisamment large pour y appuyer un dos aux épaules un peu voûtées par la posture de chat enveloppant l’objet de son intérêt, le fameux bouquin dont j’étais maintenant parfaitement jaloux.

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