IMPACT CARBONE ET COMMERCE INTERNATIONAL
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IMPACT CARBONE ET COMMERCE INTERNATIONAL

Ces propos n'engagent que moi. Coup de gueule du matin...

J’entends depuis plusieurs mois les thuriféraires du zéro carbone s’en prendre violemment aux règles élémentaires du commerce international. Retour sur une manipulation psychologique globale et concertée.

Pendant des décennies, ma génération et celle de mes parents, ont été bercées par les sirènes de la société de consommation. On nous a expliqué, à grand renfort de publicité et de modèles de réussite sociale, que consommer c’était bien, c’était bon pour nous, notre bien-être et bon pour l’économie.

Ce discours sirupeux et orienté, a fait de nous des machines à dépenser et des vaches à lait bien dociles, dans un système orienté globalement vers le toujours plus, le toujours plus neuf, toujours plus beau, toujours plus merveilleux.

Face à l’essoufflement progressif de cette merveilleuse machine à rêves, les industriels et les commerçants ont commencé à réfléchir à une manière de nous « aider » à consommer toujours autant, mais avec moins de moyens. Les uns ont choisi l’obsolescence programmée, les autres ont orienté leurs approvisionnements vers des pays capables de leur fournir des produits de qualité équivalente ou légèrement inférieure, et surtout, à des coûts beaucoup plus bas. La machine à consommer a fait les belles heures du commerce international et a aidé au développement et à l’émergence de nouvelles puissances économiques étrangères, qui aujourd’hui sont pointées du doigt.

Si cette manœuvre politico-économique ne concernait finalement que les états dits pollueurs, nous pourrions adhérer au principe selon lequel, il est possible de créer de la croissance propre, en respectant quelques principes écologiques économiquement viables et supportables à long terme. Mais aujourd’hui le discours doucereux des bien-pensants de la ligne verte, s’en prend également à nous, pauvres acteurs impuissants d’un spectacle dans lequel, aujourd’hui, on nous accuse de jouer le plus mauvais rôle.

Deux exemples vécus hier (mais vous en avez sûrement beaucoup plus en mémoire). Le premier, sur France Info, à 12h00, j’entends un élu français, parlant du problème de pollution des eaux et des glaciers du Mont Blanc, s’insurger sur le fait, que des camions français transportant des eaux françaises à destination de l’Italie, franchissent le tunnel transalpin, alors qu’au même moment, des camions italiens, chargés eux aussi d’eaux italiennes appréciées par les français, font le voyage inverse. Il s’étonne, se questionne sur la nécessité pour les français, de consommer des eaux italiennes, alors que nous en avons en France….

Deuxième exemple. J’allume la télévision le matin pour prendre mon café face au journal de 6h sur une chaîne d’information fort connue. Là, je découvre qu’à l’occasion de la Saint Valentin, on nous explique, que les belles roses rouges ou roses, que nous allons offrir, viennent de très loin (nous le savions depuis longtemps) et que le coût carbone de ces fleurs est équivalent à 20 km de parcours automobile. Conclusion de ce reportage, consommons des fleurs locales, de saison, et françaises de préférence…

De qui se moque-t-on ? Quel est l’intérêt de nous répéter sans cesse, à grand renfort de publicité ou d’information, que nous sommes les complices d’un monde qui étouffe sous les nimbes grisâtres des volutes carbonées, d’usines ou de producteurs peu ou pas respectueux de l’environnement. Mais de qui sommes-nous les complices ? Quels intérêts avons-nous servi jusqu’à présent, dans le silence éclairé et orienté d’un monde à la dérive ?

On, ce « on » bienveillant et accusateur, on voudrait nous faire croire, que notre planète étouffe à cause de notre comportement irresponsable de consommateur, de conducteur, de propriétaire ou de locataire, de salarié, de bon père de famille et de citoyen. Voilà que nous sommes passés du statut de rouage d’une machine en fin de cycle, à grain de sable d’un système vertueux qui peine à se mettre en place.

Ces assauts répétés, cette mise en accusation récurrente, ce banc d’infamie qu’on nous désigne comme le siège de nos désirs impropres, me soulèvent le cœur et me révoltent.

Ah oui, il est beaucoup plus simple de nous manipuler que de convaincre durablement, ceux dont nous sommes les complices involontaires. Il est beaucoup plus aisé, de pointer du doigt et de frapper au porte-monnaie, ceux dont les choix se limitent à quelques rares libertés très encadrées, que de faire changer le modèle économique de ceux auxquels on a donné toute liberté d’action pendant des décennies. Il est tellement facile, de nous faire culpabiliser, tous les jours, en boucle, face aux images d’un monde, dont les populations sont frappées si violemment par des catastrophes naturelles. De nous dire, nous, vous portez tous un peu la croix de cette planète ravagée par nos excès.

Alors, en bons moutons de Panurge que nous sommes, nous nous précipitons comme un seul homme vers d’autres sirènes, nous changeons de voiture, de chaudière, de fenêtres, de mode de consommation, de mode de déplacement, de mode de vie, de façon de voter, nous nous rachetons une virginité de consommateur. Certains que nous sommes, d’avoir accompli notre devoir de citoyen de la planète, soulagés de ne pas être le vilain petit canard de la basse-cour.

Nous avons tous connu des revirements de vérité dans notre vie, ce qui fut juste un jour, ne l’est plus aujourd’hui, à l’aune de la science ou de nouveaux intérêts qui nous échappent.

Alors, quand vous vous apprêterez à renoncer à votre eau italienne, à acheter des roses du Kenya, d'Éthiopie ou d'Amérique latine, demandez-vous pourquoi, vous vous êtes saignés pour payer à vos enfants des études qui les préparent à un monde globalisé et ouvert, à une probabilité d’emploi dans un pays étranger ou une entreprise étrangère en France.

Interrogez-vous sur la justesse d’un discours manipulateur qui voudrait vous convaincre qu’aujourd’hui, les choix et les vérités d’hier sont obsolètes. Lisez la presse économique, regardez les émissions qui vous présentent les réalités du commerce international et demandez-vous, si l’on ne nous conduit pas tout simplement, vers une sorte de protectionnisme de masse, provoqué par une volonté politique qui ne s’assume pas, et qui pour ne pas ressembler au modèle américain ou asiatique, nous demande de porter tous ensemble, l’étendard d’une conscience écologique incompréhensible, inadaptée et surtout très en retard.

Personnellement, je continuerai à boire de la San Pellegrino et de l’eau de Perrier (Perrier faisait partie du Groupe Perrier Vittel SA et est devenu Nestlé Waters France après le rachat de l'entreprise par Nestlé en 1992. Nestlé est un groupe Suisse, détenu par des capitaux étrangers, qui est aussi propriétaire des marques Vittel, Contrex, Nesquik, Purina, Friskies, Felix, Maggie, Buitoni, ça vous parle ?...)

Je roulerai encore quelques années dans mon vieux Range Rover de 1985 que j’ai restauré de mes propres mains. J’allumerai encore mon poêle à bois, qui me permet encore aujourd’hui de faire de substantielles économies sur ma consommation de gaz. Je maintiendrai encore la température de ma maison à 19°C, car c’est largement suffisant, et je m’endormirai encore quelques années, je l’espère, dans ma chambre, dont les draps ont été tissés en Inde ou au Vietnam, dont les meubles vendus par des enseignes françaises ou suédoise, ont été fabriqués dans les pays de l’Est ou en Asie. Et je ne ferai pas de cauchemars ou je ne m’autoflagellerai pas d’avoir pendant des années, suivi à la lettre les recommandations insistantes d’un système à l’agonie, car je sais que ce n’est pas de ma faute s’il va si mal, je ne suis pas le virus, le microbe, mais bien la victime impuissante.

Est-ce pour autant que nous ne devons pas changer nos comportements ? Certes non, mais de grâce, pas de cette manière-là, pas en nous faisant porter le chapeau, pas en nous culpabilisant, mais en nous rendant acteur et auto-responsable de notre condition de consommateur.

Ah oui, dernière précision. Je recycle, je récupère mes déchets de table pour mes poules, je cultive des fruits et des légumes dans mon jardin, j’ai une citerne de récupération d’eaux de pluie, j’utilise des produits naturels pour désherber, je pousse mes enfants à finir leur assiette ou je la finis quand il reste des aliments, nous achetons au plus juste ce dont nous avons besoin pour vivre, quand je me fais plaisir, je cherche toujours un équivalent français acheté dans des enseignes françaises, mais non pas parce que je me frappe la poitrine en me disant que je suis un mauvais garçon, mais parce que je le fais en conscience, parce que mes parents m’ont éduqué de cette façon-là, parce que je suis raisonnable et proche de ma terre, parce que c’est mon héritage. J’éduque mes enfants selon ce modèle, je les prépare du mieux que je peux à faire face au monde et à ses nouvelles réalités, mais je ne ferai jamais d’elles, des victimes expiatoires !

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