Incandescent : "Le Livre d'image"​ à Vidy-Lausanne
Jean-Luc Godard a imaginé un dispositif inédit pour la projection de son dernier film au Théâtre Vidy-Lausanne (Photo C. Georges)

Incandescent : "Le Livre d'image" à Vidy-Lausanne

« Le Livre d’image » a été récompensé par une Palme d’or spéciale en mai 2018 au Festival de Cannes. Pour la diffusion de ce film hors normes, Jean-Luc Godard a imaginé un dispositif spécial au Théâtre Vidy-Lausanne. Il met quasiment le spectateur dans son salon ou sa salle de montage, prêtant tableaux, miroir et tapis, amplificateur et hauts-parleurs. Nous avons assisté à l’une des premières « représentations » du film vendredi 16 novembre. « Le Livre d’image » est à voir à Vidy jusqu’au 30 de ce mois. Puis il vivra sa vie sur d’autres écrans.

Pas de pluriel.

Image au singulier.

Laisser les films aux faiseurs d’images.

Envisager son film comme un livre.

En 5 chapitres, comme les doigts de la main.

Sans souci d’être à la page.

Peut-on connaître le cinéma sur le bout des doigts ?

On peut.

Au théâtre ce soir : un livre sorti d’un monolithe noir.

La dalle de « 2001 » posée à l’horizontale sur une table.

Mystère du noir originel.

Poser un livre au pied de l’écran.

« Image et parole« , d’Anne-Marie Miéville.

Les civilisations issues des religions du Livre ont sacralisé les textes ?

Sacralisons le texte !

Le fragment de texte.

Comme la Pythie autrefois.

Oracle de Rolle.

Play, pause, play, replay.

DJ Godard.

MC Solaire.

L’image brûle.

Les plans brûlent.

Les blancs hurlent.

Les couleurs explosent.

« La guerre est là… »

Et le cinéma est tout cramé.

Celluloïd qui se détache, poisseux, comme les peaux à Hiroshima.

Perforations et corps perforés.

Visages radieux, aussi.

Oh la vie !

La vie bigger than life des films d’avant la Catastrophe.

Laquelle, du reste ?

Netflix ?

Corps glorieux.

Corps humiliés ou suppliciés.

Le sang versé en vain ?

Les films tournés en vain ?

La Ronde.

Infernale.

L’histoire qui se répète.

Le cinéaste qui répète ses Histoire(s)

Du cinéma.

« Salo » qui semble annoncer Salvini…

Depuis que le cinéma s’est arrêté en gare de La Ciotat, nous sommes embarqués.

Cinégénie du train.

Fascination du train.

Puis les palmes avant la Palme.

L’Arabie heureuse, que Daech n’aura pas réussi à défigurer.

Elle est retrouvée.

Quoi ? L’Eternité.

C’est la mer allée avec le soleil.

Ouvrir le temps du film à l’absence de temps.

Où il n’y a pas lieu d’attendre.

Godard peintre.

Repérages d’un film possible.

Albert Cossery.

Encore le cinéma ?

Encore l’espérance ?

Qu’emporter avec soi quand le monde brûle ?

Cocteau a dit :

« Le feu ! »

Christian Georges

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