: Incubateurs de startups togolaises : Entre défis et bravoures.
Nés aux Etats Unis vers les années 1980, le concept d’incubateur, a bouleversé le monde des affaires. Le terme dans son origine sémantique a été toujours utilisé pour désigner l’action de couvaison, c’est-à-dire par analogie à la médecine, l’appareil qui sert à la couvée des œufs.
Incuber selon le dictionnaire Universel est l’action de couver. Par analogie donc aux entreprises, incuber consiste donc à regrouper en un même lieu un certain nombre de jeunes entreprises à fort potentiel souvent désignées par le terme « startups » et à leur donner accès à des services et des sources de capitaux sous la tutelle d’un manager expérimenté. Il s’agit de les aider à éclore, de les mettre dans des conditions favorables pour permettre leur déploiement, leur épanouissement.
Ce concept, s’est imposé au regard de la fragilité naturelle des nouvelles entreprises face aux concurrents établis. Il est donc, apparu utile de les aider pour rééquilibrer les situations concurrentielles en leur faveur.
Un incubateur d'entreprises est donc : une structure d'accompagnement de projets de création d'entreprises.
Il se distingue, alors de la pépinière qui n’intervient qu’après la création de l’entreprise pour mieux l’orienter sur le marché.
Les incubateurs, sont donc apparus comme des moyens commodes d’accueillir, de conseiller et de permettre la rencontre des jeunes entreprises.
En 30 ans, les incubateurs ont fait leurs preuves et se sont répandus dans le monde entier. Depuis quelques années, ils ont été créés par un nombre croissant d’acteurs économiques (des collectivités locales, des universités aux grandes entreprises). Leurs modèles économiques ont évolué, leurs objectifs se sont diversifiés et, avec l’expérience, un métier spécifique d’accompagnateur - développeur de jeunes entreprises est né.
Aujourd’hui, l’incubation est un métier. Les américains disent « une industrie » qui a ses méthodes, ses outils, ses standards, ses structures professionnelles. C’est encore un métier jeune et en évolution permanente.
En Afrique, le concept a commencé à se répandre dans les années 1998. L’Afrique du Sud, et les pays du Maghreb ont été les premiers à adopter le concept. Les pays anglophones d’Afrique noire et récemment le Sénégal, et la Cote d’ivoire ont suivi le pas.
Au Togo, le concept n’est apparu que récemment. On doit ce premier espace d’innovation à WOELAB.
WOELAB, est un incubateur qui œuvre depuis quelques années à accompagner les jeunes porteurs de projets. En dehors de WOELAB on peut aujourd’hui, enregistrer d’autres incubateurs à l’instar d’ECOHUB et plus récemment, le lancement le 13 avril 2016 de l’incubateur Innov’Up, espace de coworking mis en place par le comité des femmes d’affaires du Togo, pour encourager l’entrepreneuriat féminin.
Cet engouement témoigne de la volonté de rompre avec les stéréotypes qui ont longtemps été emmagasinés dans la bibliothèque de la conscience collective à savoir qu’il fallait attendre que d’aussi belles initiatives viennent de l’étranger.
Toutefois, bien qu’il soit heureux de constater que le concept commence à se répandre, il ne serait pas surabondant de relever les défis auxquelles doivent faire face ces incubateurs. Car entre rupture avec la passivité et renouement avec le pragmatisme, le chemin de l’incubateur n’en est pas moins tortueux.
D’abord le premier défi des incubateurs reste le problème de la connexion à internet. En effet, avec une fracture numérique patente et un débit de connexion agonisante, les efforts des incubateurs ont le plomb dans l’aile. Car les services de base classiques que promeut un incubateur, c’est un accès plus facile à la connexion internet véritable outil de travail des startups.
Ensuite, le second défi est endogène et est lié à la nature et la taille des projets incubés. Dans un contexte numérique souple et très changeant, il s’agit pour ces incubateurs de trouver des startups dynamiques, capables d’être réactifs et proposant des projets innovants qui à long terme, apportent de la valeur ajoutée.
Incuber ne se résout donc plus à accompagner la jeune pousse, mais à se garantir que celle-ci dispose d’un potentiel et est viable.
Enfin, le plus grand défi des incubateurs reste leur viabilité et leur extension. En effet, l’incubateur pour être viable doit avant tout pouvoir bénéficier des soutiens et appuis de la part des acteurs économiques et politiques notamment les organismes d’appui aux initiatives privées, les collectivités publiques et disposer de partenariat avec les institutions universitaires. Les incubateurs, ont un rôle important à jouer dans l’économie du numérique et les négliger ne serait pas un choix judicieux.
Toutefois, au-delà de ces péripéties, les incubateurs tentent de défier tous les pronostics. Ils posent des actes et actions concrètes qui doivent susciter dans l’opinion de l’admiration et du respect et faire prendre conscience à l’opinion de l’importance de ces nouveaux espaces numériques qui représentent un potentiel très important pour l’économie du numérique dans notre pays.
C’est ainsi que pour les nommer : l’incubateur Woelab, a incubé à ce jour plus de cinq startups parmi lesquels :
Nativ qui est un cabinet est spécialisé en ingénierie numérique, culturelle et pro. Conseil, accompagnement et appui aux structures, la startup Modela, spécialisée en géomatique et Systèmes d’Information Géographique ; la startup Woebots qui est à l’origine de la création de l’imprimante 3d ; la startup Zuloo et bien d’autres encore.
Récemment, l’incubateur ECOHUB a lancé l’incubation de 03 startups lauréates du concours AGRIHACK, un concours d’applications innovantes dédiées à l’agriculture. ECOHUB se veut être selon les termes de ses créateurs : « un espace de créativité et d’innovation qui se donne pour mission de concrétiser le rêve d'autres entrepreneurs, inventeurs et créateurs. C'est un espace de partage qui permet à des projets innovants de voir le jour. »
En effet, ECOHUB, a démarré ces activités il y’a de cela quelques mois, afin d’accompagner les entreprises évoluant dans les secteurs des TIC, des Energies renouvelables, de l’environnement et de l’Agro-business, ainsi que les porteurs de projets, dans leurs phases de création, de développement et de croissance soutenue et pérenne.
En dehors de Woelab, et d’ECOHUB, d’autres incubateurs existent et ne demandent qu’à être accompagnés par les acteurs économiques, pour apporter une valeur ajoutée à l’économie du numérique dans notre pays. Ainsi, les objectifs que servent les incubateurs appartiennent aux catégories telles que la création d’emplois, le développement d’activité économique via la création d’entreprises, le profit, le transfert et la valorisation de technologie, la promotion de certaines filières d’activité etc…
Les incubateurs sur place, offre un accompagnement réel et concret aux « jeunes pousses ». En tant que des structures d’appui à la création d’entreprises, ils réunissent des ressources spécialisées dédiées à l’accompagnement et l’assistance des entreprises avant leur création ou dans les premières années de leur vie. Ils comprennent, en général, un hébergement immobilier souple, des actions de conseil ((juridiques, personnel, relations bancaires, comptabilité) et de mise en relation avec les réseaux d’affaires notamment financiers, mises au point de business-plans, conseil en marketing, conseil financier, propriété industrielle.
En somme, entre les multiples défis auxquels ils doivent faire face, les incubateurs bravent tous les pronostics, et se positionnent désormais comme des niches économiques capables de créer de la valeur ajoutée. Un appel à une implication plus concrète des acteurs politiques et économiques s’impose.
Les incubateurs doivent être promus par un partenariat entre les principaux acteurs publics et privés qui interviennent dans l’économie locale.
Aussi, plus que jamais, un accès plus libre et à un cout très abordable de la connexion internet doit s’imposer et constitué le vecteur de la croissance et du développement des jeunes pousses qui sans doute joueront un rôle non négligeable dans l’économie du numérique.
Entre défis et bravoures, le tableau des incubateurs de startups togolaises est peint aux couleurs du contraste.