Indopacifique : la France renforce sa présence aux avant-postes
Le voyage du ministre des Armées aux Emirats Arabes Unis, en Indonésie et en Inde a consolidé la relation avec des pays–clés en Indopacifique, alors que le président de la République veut renforcer la position de la France dans cette zone où nous sommes présents avec nos territoires ultramarins. La France a notamment obtenu le rôle d’observateur dans l’instance qui rassemble les ministres de la Défense de dix pays d’Asie du Sud-Est.
Débuté le 24 novembre par une visite officielle aux Emirats arabes unis (EAU), le périple indopacifique du ministre des Armées s’est poursuivi en Indonésie avant de s’achever en Inde le 28 novembre. A Abou Dabi, Jakarta et New Delhi, Sébastien Lecornu a rencontré ses homologues et de hautes autorités de chacun des pays. Après la participation au Shangri-La Dialogue (1) organisé à Singapour en juin 2022, ce nouveau déplacement souligne toute l’importance de la zone pour la France.
Par ses départements, régions et communautés d’outre-mer, la France est en effet une nation présente en Indopacifique. Elle y compte 1,65 million d’habitants, 93% de sa zone économique exclusive et 7 000 militaires renforcés par des déploiements navals ou aériens réguliers depuis la métropole. A la demande du chef de l’Etat, une stratégie indopacifique française a été définie en 2019 pour dégager les différents objectifs de notre pays dans cet espace. Le déplacement du ministre des Armées a permis de conforter les progrès réalisés en matière de défense.
« Reconnaissance de notre investissement »
Au niveau bilatéral, les partenariats noués par la France sont nombreux et fructueux. Après la commande de 80 Rafale par les EAU en décembre 2021, l’Indonésie a confirmé au ministre son intention d’en acquérir 42 au total. Des échanges prometteurs sont également en cours pour l’achat de deux sous-marins de la classe Scorpène et pour la formation d’officiers et de sous-officiers indonésiens dans des écoles militaires françaises. Même dynamique positive avec l’Inde : de nouvelles coopérations autour du naval, du cyber et du spatial ont été convenues.
Au plan multilatéral, l’avancée est spectaculaire. Candidate depuis 2019, la France vient d’être admise en tant qu’observateur au sein des groupes d'experts de l’Asean (2) defense ministers’ meeting plus (dit ADMM+). Cette instance rassemble les ministres de la Défense de dix pays de l'Asie du Sud-Est. L’admission de la France marque « la reconnaissance de notre investissement en faveur de la sécurité et la stabilité régionales », se réjouit le ministre. Il s’agit en effet d’un « résultat concret de la stratégie indopacifique voulue par le président de la République ».
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Au sein de l’ADMM+ comme avec chacun de ses partenaires, la France dispose désormais de solides atouts pour défendre ses territoires, ses intérêts et ses valeurs dans l’Indopacifique. Menacée par de multiples risques (prolifération nucléaire, criminalité transnationale, terrorisme djihadiste, pêche illicite…) et par la confrontation débridée de stratégies de puissance, cette zone doit rester un espace ouvert où les souverainetés de chacun sont respectées. La France n’en a pas seulement la volonté, elle en construit les moyens chaque jour, sur ses avant-postes, avec les autres pays riverains.
L’admission au sein de l’ADMM+, qui renforce la position de la France dans la zone indopacifique, s’ajoute au choix de Nouméa pour recevoir en 2023 la SPDMM, la réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud, dont la dernière édition s’est tenue aux Tonga les 18 et 19 octobre derniers.
(1) Conférence internationale annuelle sur le thème de la défense et de la sécurité dans la zone Asie-Pacifique.
(2) Association des nations de l’Asie du Sud-Est