Industrie du futur, homme du passé ?
A l’heure où les GAFA semblent engloutir le monde de leurs prodiges digitaux, l’industrie est handicapée par l’image d’Epinal que nous en avons, des aciéries vétustes en grèves aux filets anti-suicides déployés par le principal fournisseur d’Apple dans ses usines fourmilières. Ces usines, ces entreprises et ses hommes sont bien décidés à prendre leur revanche, et à faire rentrer l’industrie dans le futur.
C’est dans les pays les plus industrieux que le changement a démarré en premier. L’Allemagne forte de son industrie exportatrice d’automobiles mais aussi de de machines-outils, s’est lancé dans le plan « Industrie 4.0 » dès 2011, la Chine a emboité le pas en 2015 avec son plan « Made In China 2025 ». Dans les deux cas, les plans mettent à profit une main d’œuvre certes de moins en moins nombreuse (l’Allemagne est en déclin démographique et la Chine le sera bientôt), pour faire monter en compétitivité leurs industries en misant sur la technologie de pointe, la qualité et la flexibilité.
Alors, à quoi ressemble l’usine du futur ?
- Automatisation/robotisation
- Génération et analyse de datas
- Cartographie en temps réel des flux
Deux exemples d'usines du futur, PSA & Stellia Aerospace :
Par ailleurs, on pourrait rajouter la décentralisation de la production. Les grosses usines pourraient avoir tendance à disparaître grâce à des technologies comme la fabrication additive conjuguées à l’atomisation de la production d’énergie (jadis les usines étaient situées dans de grands bassins miniers ou de population, désormais la production énergétique peut se faire sur tout le territoire grâce aux énergies éoliennes et solaires et le besoin d’une main d’œuvre nombreuse et peu qualifiée est effacé par l’automatisation et la technicisation.) le tout dans un contexte de volatilité de la demande et de globalisation.
La fabrication additive en métal, la disparition des usines gigantesques ?
Le point le plus intéressant dans ces projets, est la place de l’homme, de l’opérateur dans ce monde de robots et de données. Premier point crucial : les hommes sont rares dans l’usine du futur. L’opérateur est augmenté de multiples assistances : bras artificiel, boîtes à outils mobiles, écrans de suivis, réalité virtuelle… Ses compétences et ses connaissances sont totalement externalisées dans un répertoire ordonné de tâches à effectuées. Bref, il n’est là que pour servir les machines et non l’inverse.
Une usine du futur pilote :
Ce serait là un tableau social bien sombre, qui plus est dans les pays, comme la France, qui cherchent à occuper des millions de chômeurs tout en faisant face à une croissance démographique.
Comment espérer trouver des emplois alors que la transformation des industries tend à les remplacer par des machines ?
Une chose est certaine : les machines n’aiment pas l’imprévu. Or, l’Homo Sapiens est redoutablement adaptable aux situations, il est même créatif face à l’incertain. C’est là, LA force que nous pouvons exploiter. Il faut donner la capacité aux opérateurs d’analyser et de co-construire leur poste de travail en collaboration avec le management. L’usine du futur n’est plus une division entre cols bleus et cols blancs mais un réseau matriciel des talents.
Pour finir, cette incroyable force productive modulaire et intelligente fournie par les nouvelles technologies industrielles nous permettra d’explorer de nouveaux horizons, les fonds marin et l’espace, pour y trouver les ressources nécessaires à l’éclosion du monde de demain.