Innover – Etat d’esprit, Leadership ?
Préambule
Dans notre premier article, nous avions abordé comment Richard Branson était acteur de transformation et d’innovation et comment ses convictions profondes coloraient-elle son leadership.
Dans la même veine, je vous propose d’étudier aujourd’hui Xavier Niel, un autre leader au parcours atypique, ceci afin de confronter cette logique à son vécu.
Si cette analyse vous intéresse, n’hésitez pas à me suggérer d’autres leaders à étudier.
Rappel de notre parti-pris
L’innovation n’est pas qu’une affaire d’idées mais une affaire d’état d’esprit et de posture de leadership.
Véritable quête du Graal, chacun s’inspire de comportements de fondateurs de start-ups pour définir des règles parcellaires de succès : rêver, être audacieux, avancer avec agilité, avoir le droit à l’erreur…
Selon de nombreuses études, ce ne sont pas tant des grands principes mais du leadership qu’il s’agit. Plus le leadership est fort, plus l’organisation est innovante. Ce dernier impulse une dynamique nouvelle, crée une culture de l’innovation et donne la bonne orientation.
Nous étudierons dans cet article un nouveau leader et ses convictions qui colorent les fondamentaux de son leadership et permettent de développer une véritable culture de l’innovation, plus même, de disruption.
Quel leader-innovateur acteur de transformation ?
" Un entrepreneur avec une bonne idée, du boulot, de la chance, est plus
capable de changer le monde qu'un politique" Xavier Niel
Xavier Niel surprend. C’est un personnage à part. De tous les grands patrons français, principal actionnaire de Free et copropriétaire du journal Le Monde, il est sûrement celui dont l’ascension ces dernières années a été la plus spectaculaire.
De par son parcours, c’est un capitaine d'industrie trublion et hors-norme, à la passion un peu subversive ; celle d’explorer les catacombes. Le truc de Xavier Niel, c'est d'enfiler un bleu pour aller se faufiler dans les excavations du sous-sol parisien et d’aimer partager sa passion et briser les codes avec les leaders qu’ils respecte. "Les virées dans les entrailles de Paris, interdites par la loi, restent imprégnées de cette culture transgressive, gentiment anarchisante", écrit Le Monde dans un portrait du fondateur de Free. "C'est une activité un peu sportive, un peu risquée, explique Niel, que je pratique avec des gens normaux, que je fréquente depuis toujours, et qui me permet de visiter les dessous d'une ville que j'adore, de voir comment elle fonctionne."
De par son parcours professionnel, il fait partie de la génération spontanée d'un nouveau genre de businessman et qui rappelle le parcours des fondateurs des Gafa[1] avec Zuckerberg, Gates, Bezos, Jobs...
Père de la Freebox et du forfait mobile à 2 euros, le fondateur d’Iliad, ce nouvel entrant brise les codes du marché. Patron « Geek », il est maintenant considéré comme l'un des plus puissants magnats de la communication et figure de l’establishment.
Sa conviction
Xavier Niel est persuadé que l’image du patron à l’ancienne ne correspond pas à ce dont les sociétés d’aujourd’hui ont besoin. Il considère qu’un entrepreneur est plus capable de changer le monde qu’un politique.
C’est avec son modèle « Less is More » lancé avec Free qu’il a souhaité changer le monde.
C’est aussi avec cette conviction et ambition claire et affichée qu'avec Ecole 42, il forme, crée et attire des entrepreneurs et start-upers aux profils variés, encourageant la diversité et qu’il a lancé son incubateur géant Station F, poussant la création d’entreprises en France.
En quoi cette conviction colore-t-elle son leadership ?
Sa conviction sur l’entreprenariat fait de Xavier Niel un leader entrepreneurial pragmatique, animé par la conception produit et l’atteinte du résultat et encourageant l’esprit entrepreneurial de ses équipes.
Chez Free, Il a mis en place un modèle d'organisation encourageant l’entreprenariat de chacun et reposant sur l'intéressement systématique des équipes à leur projet. Celles travaillant sur l'activité Free Mobile sont intéressées à hauteur de 5% de la création de valeur.
Il applique son modèle « Less is more » à l’organisation et refuse l’investissement d’actionnaires car il veut tailler dans les couts mais aussi les dividendes. Ce sont les salariés d’Iliad qui détiennent l’entreprise. Démocrate, il n’y a pour lui pas de baronnie, tout est partagé sur le mode « un homme, une voix »
Il voit en toute entreprise innovante avant tout une équipe en laquelle il fait confiance tout en la challengeant au maximum. "Il pose juste les deux ou trois questions qui peuvent faire très mal » partage un des ses proches collaborateurs.
Quoi qu’il arrive, il explique que son optimisme le pousse à effacer mentalement tous ses échecs entrepreneuriaux. Car pour lui, se focaliser sur ses erreurs est, en soi, une erreur : "C'est facile d'avoir des regrets, mais avec, vous ne construisez rien"!
Homme de rupture, son leadership est visionnaire comme ultra-participatif. Visionnaire car il fédère autour d’une vision. Pour beaucoup, c’est le leader idéal, car il donne du sens et montre la voie. Leader participatif, il génère l’innovation à travers son équipe. Par son pragmatisme entrepreneurial, Niel obtient des résultats rapides que le seul participatif, plus consensuel, ne permettrait pas.
En conclusion
Dans un monde VUCA[2] -fait de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté-, les leaders disruptifs de nouvelle génération, apparaissent comme de vrais visionnaires.
Deux autres traits communs se révèlent de manière forte : ils sont plus participatifs et collaboratifs que jamais.
Quel que soit son rôle, chacun peut développer sa propre posture de leader, pour innover et faire autrement dans son organisation en s’inspirant des nouveaux leaders.
Cette posture, pour être habitée, doit partir de convictions fortes et personnelles.
La course à l’innovation à toute épreuve risque, à terme, d’épuiser l’énergie des hommes. C’est pourquoi, la posture de Leader-Coach, centrée sur le soutien et le développement des équipes et collaborateurs, est essentielle, apportant de nouveaux équilibres managériaux pour une culture de l’innovation durable.
[1] GAFA : acronyme désignant les quatre géants américains de l’Internet fixe et mobile que sont Google, Apple, Facebook et Amazon.
[2] VUCA, à l’origine un acronyme inventé par l’armée américaine, est probablement une des meilleures synthèses en 4 lettres pour résumer le monde dans lequel les organisations doivent se réaliser aujourd’hui : Volatility, Uncertaintity, Complexity, Ambiguity.
Facilitatrice, Coach, Formatrice - Leadership & Innovation @ wewow
5 ansSympa! Merci Remi!
working on something new... 🤓
5 anset si on osait Travis Kalanick et Adam Neumann?
Facilitatrice, Coach, Formatrice - Leadership & Innovation @ wewow
6 ansMerci Ali. Excellentes suggestions. Je les intègrerai petit à petit parmi mes publications
Manager BI/AI
6 ansJeff Bezos, Elon Musk et Jack Ma, des personnages hors norme
Facilitatrice, Coach, Formatrice - Leadership & Innovation @ wewow
6 ansMerci à vous pour vos commentaires et vos propositions.. Etonnamment, je pensais à Elon Musk pour mon prochain article.. Mais effectivement Steve Jobs est un incontournable, et un leader controversé de par certains aspects. Cela rend l'éclairage challengeant mais encore plus intéressant. Je n'y manquerai pas. Merci Pierre-Henri, Delphine...