Intelligence artificielle et humain, quelle cohabitation ?

Intelligence artificielle et humain, quelle cohabitation ?

La nouvelle est tombé il y’a quelque jours, OpenAI vient de réaliser la plus grosse levée de fonds de tous les temps avec 6,6 milliards de dollars provenant de bailleurs de fonds tels que Microsoft, SoftBank et Thrive Capital et se place à la 3ème plus grande Startup du monde avec une valorisation estimée à 157 milliards de dollars.

Ce fait nous rapproche un peu plus d’un monde où l’intelligence artificielle (IA) jouera un rôle prépondérant dans nos vies, non seulement en tant qu’assistants digitaux, mais aussi en tant que forces motrices dans les secteurs économiques, industriels, et même intellectuels. Des tâches jadis exclusivement humaines, comme la gestion des fermes, la construction d'infrastructures, la création de modèles financiers complexes, ou même l'exécution de projets créatifs, seront exécutées par des systèmes intelligents. La question qui émerge, alors que ces capacités se développent, est : Que feront les hommes de ce temps libre offert par l’IA ?

L'essor de l'intelligence artificielle (IA) dans nos sociétés marque un tournant sans précédent, non seulement technologique mais aussi philosophique. En augmentant nos capacités cognitives, en automatisant des tâches complexes, et en prenant des décisions auparavant réservées à l’intelligence humaine, l'IA pose une question existentielle fondamentale : quel avenir pour le cerveau humain, et plus largement, pour notre humanité ? Dans une société où l'IA se substitue à la réflexion humaine, les dangers pour la croissance intellectuelle et pour l'essence même de l’humanité se profilent à l’horizon.

Le premier danger réside dans la délégation systématique de notre effort intellectuel à des machines. Depuis toujours, l’homme s'est distingué par sa capacité à résoudre des problèmes, à créer, à raisonner. Cette quête de sens et d’apprentissage a forgé l’intelligence humaine. Or, l’avènement de l’IA, capable d’analyser des données colossales et de prendre des décisions, pourrait entraîner une atrophie progressive de ces facultés. Pourquoi développer une capacité si une machine peut penser à notre place ?

La neuroplasticité, cette faculté du cerveau à se remodeler en fonction des défis intellectuels qu’il rencontre, pourrait être compromise. À l'image des muscles qui s'atrophient en l'absence d'exercice, l'intelligence pourrait cesser de croître si elle n’est plus sollicitée. Les générations futures, évoluant dans un monde où les algorithmes anticipent leurs besoins et résolvent leurs problèmes avant même qu’ils ne les formulent, risquent de ne plus avoir l'occasion d'exercer cette intelligence. Dans un tel monde, l’homme pourrait s’enfermer dans une passivité intellectuelle, non par choix, mais par nécessité imposée par une machine omniprésente.

L’IA est souvent glorifiée pour son efficacité, sa rapidité, et sa précision, mais cette quête d’efficience technique n’est pas sans danger. En voulant optimiser toutes les dimensions de notre existence, ne risquons-nous pas de sacrifier les moments d’erreurs, de tâtonnements et d’échecs, qui sont pourtant le terreau de l'innovation humaine sur l'autel de la tyrannie de l'efficacité ? L'écrivain français Paul Valéry affirmait que l'inefficacité et l'erreur sont des composantes essentielles de la création humaine. L'intelligence, dans sa beauté et sa profondeur, se développe dans ces interstices imprévisibles où l’échec devient apprentissage.

Or, une société gouvernée par l'IA pourrait ériger l'efficacité en principe absolu, au détriment de l'expérience humaine. Si tout est déjà anticipé et régulé par des machines, où serait la place du doute, de la réflexion et de la remise en question ? L’intelligence humaine, condamnée à n'être qu'un spectateur de décisions algorithmiques, pourrait se réduire à une simple fonction secondaire, ne servant plus qu’à accompagner des processus que l’homme ne comprendrait même plus.

La dépendance à l’IA pourrait aussi transformer nos interactions sociales et culturelles jusqu'à la déshumaniser. Les sociétés humaines sont construites sur des valeurs d’empathie, de communication, et d’échange. Or, l'IA, par sa nature froide et calculatoire, risque d’effriter ces relations humaines. Si nous en venons à nous reposer sur des machines pour des tâches aussi humaines que le dialogue, la gestion des émotions ou la prise de décisions éthiques, alors nous serons confrontés à une société sortie des studios de Hollywood digne de passer sur Syfy.

L’un des plus grands dangers serait alors une forme de détachement émotionnel et moral. Comment apprendre la patience, la tolérance ou la complexité du monde si des algorithmes répondent instantanément à toutes nos attentes ? Les générations futures pourraient être coupées de ce processus lent et humain d’apprentissage de l'altérité, car l'IA, dans sa quête d'efficacité, pourrait éliminer ces dimensions nécessaires mais imparfaites de la vie humaine.

Le monde des entreprises n’est pas épargné par ces dangers. l'IA donne des pouvoirs considérables aux multinationales de cannibaliser les petites entreprises car capable d'investir beaucoup plus dans ces robots d'un nouveau genre. Ces acquisitions pourront leurs permettre d’augmenter la productivité et de rationaliser les processus décisionnels, mais à quel prix ? Une trop grande dépendance à l'IA pourrait paralyser la créativité et l'innovation des employés. Si les décisions stratégiques, autrefois fondées sur l'intuition et l’expérience humaine, sont désormais prises par des machines, que restera-t-il de l’esprit entrepreneurial ? Les entreprises pourraient devenir des organismes déshumanisés, gouvernés par le piège des algorithmes incapables de percevoir les subtilités de la créativité humaine .

De plus, la concentration de pouvoir technologique entre les mains de quelques grandes entreprises contrôlant les systèmes d’IA pourrait créer un déséquilibre dangereux. Les populations, les entreprises et les gouvernements pourraient se retrouver otages de ces technologies, incapables de fonctionner sans elles. Une société où l’homme n’est plus au centre, mais relégué à un rôle périphérique, est une société fragilisée, vulnérable aux manipulations technologiques et à la déshumanisation de ses processus décisionnels.

Philosophiquement, l'intelligence artificielle nous renvoie à notre propre quête d’identité. Si l'IA continue de se développer sans un cadre éthique et philosophique rigoureux, elle risque de transformer radicalement la société humaine en un environnement où l’intelligence humaine ne trouvera plus sa place. Quelle est la valeur de l'homme dans une société où tout est optimisé et contrôlé par des machines ? Si nous ne faisons pas attention, l’IA pourrait devenir une entrave à la croissance de l’intelligence humaine, entraînant une société appauvrie, non seulement intellectuellement, mais aussi moralement.

Les générations futures pourraient hériter d’un monde où le confort intellectuel offert par l’IA remplace la richesse de la réflexion humaine. Une telle société, bien que technologiquement avancée, pourrait se révéler spirituellement et intellectuellement appauvrie, prisonnière d'une innovation qu’elle n'aura pas su maîtriser.

Il est donc impératif de réfléchir aujourd’hui aux dangers que représente l’IA pour l’intelligence humaine.

Alors, chers lecteurs, comment concevez-vous cette cohabitation dans notre monde de demain ?


Yann LOHORE

Simeon Secre

Project Finance & Administration Manager

2 mois

" Les générations futures pourraient hériter d’un monde où le confort intellectuel offert par l’IA remplace la richesse de la réflexion humaine. Une telle société, bien que technologiquement avancée, pourrait se révéler spirituellement et intellectuellement appauvrie, prisonnière d'une innovation qu’elle n'aura pas su maîtriser." Malheureusement c'est ce qui arrivera, pour permettre que le monde soit contrôler et manipuler par une poignée de personnes (ceux qui injectent de l'argent aujourd'hui dans le développement de l'IA)...

Azaria CHAOUGANDJI

Designer Graphique| Rédacteur Web| Marketer Digital| Concepteur de projets impactants| Fondateur de Azart Company

2 mois

Bien que l'IA représente aujourd'hui un danger ou une crainte au risque de contribuer à la déshumanisation des entreprises ou du travail humain, il est important de reconnaître qu'elle est plus qu'une aide. L'IA aujourd'hui apparaît comme une aide pour ceux qui savent en faire usage. Le plus important est de ne pas vivre dépendamment de l'IA au risque de ne plus réfléchir. Personnellement, je fais partie de ceux qui autrefois haïssent l'IA. Mais aujourd'hui, l'IA est pour moi une assistance extraordinaire. L'excès en toutes choses nuit, d'où il ne faut pas en abuser...

La paresse intellectuelle commence avec l'usage de l'IA. C'est comme une drogue, une fois l'habitude s'installe, on ne peut plus s'en passer. La réflexion humaine est effectivement en danger au profit de la réflexion avec les algorithmes. Du coup si on considère le cerveau comme un muscle qui a besoin d'être stimulé, nous aurons tout compris. Utilisons l'IA avec modération.

Hadama Ouattara

Senior Manager Project Finance SAP TRM/FI

2 mois

Pourquoi parler de danger quand on peut approfondir plus les opportunités? (Il est donc impératif de réfléchir aujourd’hui aux dangers que représente l’IA pour l’intelligence humaine)

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