Intelligence Artificielle : et si on parlait d'art ?

Intelligence Artificielle : et si on parlait d'art ?

Une fois n’est pas coutume, Cognitive Matchbox va délaisser Cassie, sa solution de Job Matching (seulement le temps d’un article, ne vous en faites pas) pour vous parler d’ART. Alors, bien sûr, étant une startup qui a fait de l’IA son leitmotiv, Cognitive Matchbox s’est intéressée à une forme d’art en lien avec l’IA et la technologie, une forme d’art qui questionne beaucoup notre temps. En effet, nous voulions partager avec vous la visite privée organisée par IBM pour les participants du #WatsonBuild au Grand Palais, de l’exposition Artistes et Robots. Loanne, notre Content Crafter, nous raconte sa visite. Suivez le guide !

La technologie dans l’art, reflet de l’évolution de la technologie dans nos vies

« Tout portrait se situe au confluent d’un rêve et d’une réalité ». C’est au cours de l’exposition Artistes et Robots au Grand Palais que l’on croise cette phrase de George Perec alors que nous sommes plongés dans un univers où créations humaines, technologiques, intelligentes, se confondent et s’imbriquent pour présenter une nouvelle forme d’art. L’exposition redéfinit les contours de l’art, en présentant au visiteur des œuvres en perpétuel mouvement, en interaction avec son environnement, avec le spectateur. Les œuvres semblent se créer et recréer en permanence.

De la Révolution Française incarnée par une Olympe de Gouges faite de postes de télévision des années 60 à l’inquiétant Dismembered Body de Stelarc qui plonge celui qui porte « l’œuvre » (un bras articulé et un casque) dans les yeux de quelqu’un à Londres, et dans les oreilles de quelqu’un à New-York grâce à la réalité virtuelle, l’exposition nous immerge dans une traversée chronologique de la rencontre entre art et technologie, entre art et intelligence artificielle. Ainsi, la sculpture CYSP 1 de Nicolas Schöffer, pionnier de l’art robotique, ouvre l’exposition. Elle « dansait » dès 1956 sur le toit de la Cité Radieuse de Le Corbusier. Son cerveau électronique la fait réagir aux variations de sons et lumière : déjà, la dialectique mouvement et art, interaction et environnement est omniprésente.

Des œuvres qui s’affranchissent de leur créateur

La technologie et la robotique utilisées pour produire ces œuvres permettent à ces dernières d’échapper à l’artiste, de s’émanciper. La programmation confère aux œuvres leur propre autonomie. « Désormais l’artiste ne crée plus une œuvre, il crée la création » ; ces paroles de Nicolas Schöffer introduisent cette ère où l’intelligence artificielle devient un outil de la conception artistique. Ainsi, les Robot Art de Leonel Moura, grâce à un algorithme programmé et basé sur l’observation de colonies de fourmis, sont en élaboration permanente. Chaque semaine, la toile produite par ces robots est différente, et l’artiste elle-même n’a pu décider à quoi elle ressemblerait. Cette œuvre pose la question des algorithmes qui nous échappent, des « boites noires » de l’Intelligence Artificielle. Les données et la programmation inculquées à la machine sont les seuls éléments sur lesquels l’homme a un pouvoir certain. La beauté de l’œuvre réside ainsi dans cette incertitude, dans cette auto-création qui en devient presque vivante.

Les orogénèses de Fontcuberta soulèvent aussi la problématique de la dialectique entre l’artiste et sa production. Les images étant produites par le logiciel Terragen, c’est le software qui prend en charge ce processus de création, l’artiste étant seulement en contrôle des données qu’il insère (ici, tableaux ou photos de maîtres tel de Caspar David Friedich, Derain, Eugène Atchet...).


L’art révélateur du rôle de la technologie

Dans l’œuvre Reflexao de Raquel Kogan, des chiffres virtuels projetés dans toute la salle nous ensevelissent, le visiteur est recouvert de chiffres. Cette indistinction que crée l’œuvre entre corps et écran, entre humain et chiffres, rappelle la manière dont les algorithmes font parties intégrantes de nos vies, la manière dont nous évoluons à travers eux sans même plus nous en rendre compte. Les machines incarnent des logiciels robotiques qui agissent à notre insu.

Mais toutes les œuvres utilisant l’intelligence artificielle ne présentent pas cette confrontation déstabilisante. Au contraire.

Faire oublier le digital : la technologie au service du beau

La structure aérienne d’Elias Crespin, faite de tubes de cuivre suspendus qui se meuvent au dessus de l’escalier, semble échapper au temps, à tout rythme. La technologie s’efface complètement de l’œuvre, se fait oublier. C’est une nouvelle manière d’appréhender le lien entre technologie et art, où l’intelligence artificielle est réellement au service de l’onirisme. Nul algorithme, nul IA n’est distinguable. Faire de l’IA un instrument au service du beau, qui s’efface derrière ce qu’elle programme, est un des objectifs de la plupart des acteurs de l’Intelligence Artificielle aujourd’hui.

De même, les Astana Columns de Michael Hansmeyer, qui s’élèvent dans une salle aux murs de miroirs, nous font voyager dans un monde où décor antique et construction digitale ne font qu’un. Les colonnes sont en effets faites de milliers de feuilles découpées par un laser programmé. Les algorithmes permettent ainsi de repousser les limites du possible, du détail artistique, d’inaugurer de nouvelles perspectives en architecture. Les algorithmes s’inscrivent dans l’Histoire de l’art, y apportant une nouvelle dimension. 

Cependant, la fascination laisse progressivement place à la méfiance, à l’inquiétude, face aux œuvres de Stelarc, aux Portraits of the Fly de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau, où les contours des silhouettes des visiteurs qui s’attardent devant l’œuvre sont recouvertes par des mouches virtuelles, bourdonnantes, symbole de l’éphémère. Cette œuvre est une réflexion sur notre inconstance dans un monde inondé par les images et les selfies. C’est une œuvre interactive où l’artiste délègue une partie de son pouvoir à l’instant, à l’Intelligence Artificielle qui reconnaît les silhouettes et les utilise. 

Nicolas Darrot, dans Injonction I, questionne le deep learning et l’apprentissage brut à tout prix, entre des entités peut être non faites pour apprendre. Il expose une souris qui s’acharne à apprendre à parler à un pharynx, qui échoue : l’œuvre interpelle car elle fait miroir à notre propre confrontation aux machines. La place du vivant est en crise. Ainsi, dans la dernière salle est projeté Sunspring, court-métrage dont le scénario a été entièrement rédigé par une Intelligence Artificielle : l’IA a ici entièrement supplanté l’homme, elle est le créateur, l’auteur. Ce projet interroge car il va au delà d’une simple délégation. La confrontation du champ du vivant et de la robotique présente de nombreux enjeux.

 L’exposition Artistes et Robots amène à modifier notre représentation de nous-mêmes pour ne pas être absorbés par cette chaine techno-scientifique de plus en plus présente.

 « Peux-tu m’expliquer ta façon de penser si tu penses en avoir une » répète en boucle l’Orlanoïde de l’artiste Orlan dans la dernière salle. Cette phrase envahit l’espace, créant un champ où voix artificielle, réflexion, inquiétude se mélange et nous donnent envie d’affirmer notre humanité.


Loanne Guérin


Francois Guerin

Président Directeur Général

6 ans

Très bel article, et belle analyse du lien entre l’homme, l’art et ce nouveau monde qui émerge

Superbe article !!! Merci Marc j'adore ! Je vois que vous avez été inspiré par votre venue à l'expo #ArtistesetRobots supportée par @IBM. J'espère que le voyage de "l'Imagination ART'ificielle à l'Intelligence Artificielle" vous portera change pour le #WatsonBuild Challenge. A très bientot. Sandrine

Pierre CABAUD

Secrétaire Général - Pôle Stratégie Institutionnelle et Régulation

6 ans

J'ai vu l'expo! Extraordinaire! Ca demarre des sculptures de Jean Tinguely jusqu'a des oeuvres d'art interactives!

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