Intense suspens en Autriche à la veille du 3è tour

Autriche -  A un mois des élections présidentielles, les Autrichiens demeurent dans l’expectative et personne ne s’engage réellement sur l’issue d’un scrutin qui s’annonce extrêmement serré. Le 2 octobre les électeurs vont revivre un troisième tour avec les deux mêmes candidats à l’affiche, l’indépendant Alexander Van der Bellen, ex-membre du parti des Verts, et Norbert Hoffer, du parti conservateur FPÖ (Freiheitliche Partei  Österreich) proche des mouvements populistes. Le premier s’affirme pro-européen et le second  avec deux slogans : « L’Autriche a besoin de sécurité » et « Le pouvoir a besoin de contrôles ». On l’aura compris, à l’instar du land de Poméranie où la chancelière Angela Merkel, a été hier désavouée, la crise migratoire est au cœur d’une campagne qui demeure néanmoins digne, c’est-à-dire sans invectives. Les deux candidats sont allés plaider leur cause dans toutes les régions. Van der Bellen s’est fait photographier et filmer en randonneur pour montrer que, malgré son âge avancé, 72 ans, il est encore suffisamment dynamique pour assumer la haute fonction qu’il vise. Pour couper court à certaines méchantes rumeurs qui prétendaient qu’il serait en mauvaise santé, il n’a pas hésité à publier un certificat médical qui prouve que le fumeur invétéré qu’il est, est en pleine forme et qu’aucun cancer n’a été détecté. Le problème pour cet homme attaché à son indépendance provient du fait qu’il n’est lié à aucun parti et ce qui fait sa force est aussi une faiblesse sur le plan financier car il doit faire appel à des dons pour payer sa campagne. Selon la presse autrichienne, il aurait à ce jour récolter 1,2 million d’euros ce qui est nettement moins que l’enveloppe dont dispose son concurrent qui s’élèverait à deux millions d’euros. Les deux rivaux seront quoiqu’il en soit sur le même pied d’égalité quant à l’organisation du scrutin qui sera sous haute surveillance.  Bien que la réforme du code électoral n’ait pu avoir lieu, tout a été mis en place pour que le dépouillement se déroule au dessus de tout soupçon, notamment en ce qui concerne celui des votes par correspondance ou par procuration ; lequel avait fait l’objet de malversations et conduit la Cour Fédérale à annuler les élections du printemps dernier. Le ministère de l’intérieur a, dès l’annonce de jugement, retravaillé les procédures électorales et émis deux conditions formelles à un déroulement objectif du scrutin.  Premièrement, aucun bureau de vote ne sera autorisé à annoncer des résultats partiels avant la fermeture officielle à 17 heures. Deuxièmement, le résultat de l’élection ne pourra être rendu public que quinze minutes après cette même fermeture. Il a été décidé par ailleurs que seuls les électeurs ayant atteint l’âge légal de 16 ans lors de premier tour, le 24 avril, seront autorisés à voter. Le législateur souhaite, avec cette décision, que le troisième tour ait lieu exactement dans les mêmes conditions que les deux premiers. Le nombre d’inscrits demeure par conséquent inchangé et ce sont 6.382.507 Autrichiennes et Autrichiens qui sont à jour appelés à choisir leur futur président de la République. Selon tous les observateurs, le scrutin va être une nouvelle fois serré. Le résultat va être quel que soit le vainqueur analysé avec beaucoup d’attention à l’étranger. On saura le 3 octobre prochain si la République des Alpes devient la première d’Europe à être présidée par un populiste ou si, au contraire, elle renie les thèses de l’extrême-droite. Alexander Van der Bellen peut compter sur le soutien des intellectuels qui ont massivement voté pour lui dans toutes les grandes villes et notamment à Vienne. Il a la caution  inconditionnelle de deux personnalités, Franz Fischler, président du forum européen Alpbach, et de Gerhard Haderer, le plus connu des caricaturistes de langue allemande. Cela suffira-t-il pour sauver la démocratie ? Réponse le octobre à 17 heures 15. Vital-Joseph Philibert

Article publié sur www.pg5i.eu, site en accès libre jusqu'au 15 septembre 2016